Halory Goerger
Metteur en scène
Mai-Juin 2023
- Arts de la scène
- Chicago
« Je veux rendre hommage à la musique « dure » (techno, électro, etc.), qui est si indissolublement liée à Chicago et Détroit, et s’inscrit dans un biotope complexe qui associe des producteurs, des musiciens, des managers, des usagers du son… »
Je conçois des spectacles et des installations au lieu de construire des maisons ou de réparer des animaux, parce que c’est mieux comme ça pour tout le monde. Je travaille sur l’histoire des idées, parce que tout était déjà pris quand je suis arrivé. J’écris, je mets en scène et j’interprète des pièces de formats variables avec une envie : étendre et réformer le territoire de l’art. Je pratique une écriture de plateau casse-cou mais méthodique qui met tout sur le même plan, le texte, le jeu, la lumière, le son, le décor, le dispositif.
Après des performances, et des vidéos (Bonjour concert, 2007), j’écris et je mets en scène deux pièces : &&&&& & &&& (2008), et Germinal (2012) avec A. Defoort. En 2015, je conçois Corps Diplomatique, farce sur des cosmonautes dépressifs, puis un spectacle sur les origines du cirque, Il est trop tôt pour un titre (2016).
En 2019, je signe Four For, une pièce autour de Morton Feldman, puis le livret et la mise en scène d’un opéra, Au coeur de l’océan (composition : Frédéric Blondy / Arthur Lavandier / Le Balcon), créé en 2021. Avec Jack (2024), je veux prolonger ce travail sur la musique de création, dont l’ambition est de rendre hommage à la musique « dure » (techno, electro, etc.).
Né en 1978, Halory Goerger vit à Lille au nord de presque tout. Auteur, metteur en scène, interprète, scénographe. Il tente la poésie, devient performer, puis, sur un malentendu, écrit du théâtre : un solo, un duo, un trio, un quatuor, un quintette – (ça va mal finir). Il a cofondé l’Amicale de production, dont il a assuré la codirection artistique de 2008 à 2016. Il quitte la structure en 2016, pour développer ses projets dans Bravo Zoulou. Halory espère quotidiennement qu’on ne lui retirera pas son permis d’artiste, dont tous les points n’ont pas encore sauté. Il ne sait rien faire d’autre.
Je développe un projet de théâtre musical, Jack, qui veut rendre hommage à une certaine approche du son, qu’on pourrait qualifier de musique « dure ».
Techno, house, électro, musique fonctionnelle destinée à faire danser, mais également écoutée en dehors des clubs pour ses qualités intrinsèques. Produit d’un brassage culturel intense notamment entre l’Europe et les USA – spécialement Chicago & Détroit -, cette musique s’inscrit dans un biotope complexe associant producteurs, musiciens, managers, usagers du son…
Le travail de recherche visera à alimenter l’écriture des dialogues de la pièce, en collectant des témoignages de ces acteurs, informés par le paysage socio-économique dans lequel ils s’inscrivent.
Je cherche à identifier des affects touchant ces acteurs, liés à des phénomènes sonores (composition, structure, acoustique des lieux..).
Dans un club abandonné, les interprètes de Jack se réunissent à la manière des alcooliques anonymes, pour échanger autour d’affects liés à des contextes d’écoute, qu’ils aiment ou redoutent. Ils les soupèsent et les analysent. La musique peut encore agir sur les corps, réparer, consoler, saturer nos cerveaux jusqu’à l’oubli. Nos personnages postulent que l’une des formes les plus raffinées de participation à la société repose sur notre capacité à nous abandonner – aux autres, à soi, au cosmos. La montée, le plateau, la descente. Et enfin, si tout va bien, la joie, à nouveau, pour de bon.
Chicago, Détroit : les deux villes incarnent tellement les styles musicaux qui nous préoccupent qu’elles ont donné leur nom à des sous-genres. Un morceau sera plus « Chicago » que « Détroit ». Comment une ville peut-elle à ce point colorer un son ?
La meilleure façon de répondre à la question est sans doute de s’y rendre pour étudier la question. J’ai l’intention de rencontrer des musiciens, qu’on veut confronter à leur production pour identifier les mécanismes à l’œuvre dans leur travail, des responsables de labels, des producteurs pour comprendre les logiques d’ensemble, des ingénieurs du son pour aborder des questions relativement pointues d’orfèvrerie sonore, des usagers des clubs, pour collecter leurs souvenirs, d’une manière générale, tous les acteurs de la grande chaine qui relie une idée musicale à son usage final et enfin des alcooliques anonymes et « narcotics anonymous » dont le protocole de soin correspond au « dispositif » de la pièce, qui est ancré dans la culture nord-américaine.
Mais il s’agira aussi de s’imprégner des lieux, passés et présents, de cette culture, de tenter de comprendre comment ces deux villes ont façonné un son (deux sons) si identifiables. Le produit de ce travail sera ensuite intégré à une réflexion plus vaste sur nos rapports parfois irrationnels à la musique, en élargissant à d’autres scènes, d’autres genre
En partenariat avec
Le Phénix – Scène nationale Pôle européen de création
Inauguré en 1998, le Phénix scène nationale de Valenciennes est un lieu unique qui s’attache à mettre en avant une programmation pluridisciplinaire (théâtre, danse, musique, performances…) où se côtoient artistes confirmés et artistes en émergence. La création contemporaine est mise en avant au sein de deux festivals : le Cabaret de curiosités et le Next festival. En 2016, le Phénix devient également Pôle Européen de Création dont les trois missions principales à l’international sont la diffusion et la production, l’accompagnement d’artistes et d’équipes émergents et enfin, la formation et l’accueil de cultures étrangères
La Pop
Ouverte au public en mars 2016, La Pop est un incubateur artistique et citoyen, un lieu de résidences, de recherches et d’expérimentations. C’est une structure de production et un lieu de créations pluridisciplinaires qui interroge les rôles et fonctions que jouent la musique et les sons pour l’individu, les communautés, la société ou les écosystèmes.