Frédéric Chartier & Pascale Dalix
Architectes
Automne 2023
- Architecture
- Chicago
« Réparer et stimuler – plutôt que détruire et reconstruire – est une piste concrète d’économie énergétique et de sobriété, une réserve de matériaux de réemploi, et une formidable opportunité pour découvrir de nouveaux usages liés à la reconversion. »
Nous fondons l’agence d’architecture ChartierDalix en 2008. Offrir de l’espace, du plaisir à habiter quelle que soit la destination du bâtiment, constitue notre objectif principal car l’architecture est avant tout liée au sensible, à l’humain et à la nature, elle accompagne la société et participe à son évolution. À travers un travail collectif et de nombreuses collaborations nous cherchons à insuffler une utilité et une expressivité singulière à chacun de nos projets. Nous sommes convaincus qu’il est important de renforcer le commun, comme dans un écosystème où tout le monde a sa place : il reste toujours quelque chose à faire pour celui qui vient.
Alors nous imaginons des bâtiments disponibles au sein desquels l’architecture redonne à l’utilisateur la liberté d’adapter l’espace à son mode de vie. Dans cette démarche il y a un rapport au temps (faire et observer), à l’expérience (essayer et pratiquer), et à l’humilité (se tromper et recommencer).
Comme au jardin, rien n’est définitif et l’évolution modèle l’espace.
Nous avons initié depuis plusieurs années un travail sur l’intégration du vivant et de la biodiversité dans l’architecture rassemblé dans un ouvrage intitulé Accueillir le Vivant : l’architecture comme écosystème (Ed. Parkbooks, 2019). Ce rapprochement nous intéresse particulièrement car la ville résiliente est celle qui saura amener l’homme à renouer avec son milieu sans opposer ville et nature. Mais aussi parce que c’est l’occasion pour nous de questionner la conception du projet architectural à travers la matière, la forme et les usages.
Depuis sa création, l’agence ChartierDalix a livré plus d’une vingtaine de bâtiments, et une douzaine de projets sont actuellement en chantier. Elle reçoit le prix « le Soufaché » en 2017, remis par l’Académie d’Architecture pour l’ensemble de son travail et son travail est reconnu lors de nombreux concours internationaux. En 2016 l’agence a été lauréate du concours Ré-Inventer Paris Ternes, et en 2017 du concours pour la restructuration de la Tour Montparnasse avec le collectif Nouvelle AOM (ChartierDalix, Hardel & Le Bihan Architectes et Franklin Azzi Architecture). En 2019, Frédéric Chartier et Pascale Dalix ont été nommés Chevaliers des Arts et des Lettres.
De l’objet isolé au quartier de tours, il existe un patrimoine construit qui cristallise les doutes d’une société en pleine mutation. Consommation énergétique effrénée, sensation de déconnexion urbaine…Généralement conçues comme des totems isolés et manquant bien souvent d’ancrage local et d’accessibilité, les tours construites dans la deuxième moitié du XXème siècle illustrent un modèle obsolète sous de nombreux aspects. En France notamment, les immeubles de grande hauteur sont devenus les symboles d’une économie organisée en grandes entreprises hiérarchisées et étanches.
Le secteur du bâtiment étant responsable de plus de 30 % des émissions de gaz à effet de serre – depuis la construction jusqu’aux besoins énergétiques nécessaires au fonctionnement des édifices – il est urgent d’inventer de nouveaux modèles de résilience. Réparer et stimuler – plutôt que détruire et reconstruire – est une piste concrète d’économie énergétique et de sobriété, une réserve de matériaux de réemploi, et une formidable opportunité pour découvrir de nouveaux usages liés à la reconversion.
Dans le cadre de cette résidence, et dans la continuité de notre pratique, nous cherchons à poursuivre nos réflexions sur la réhabilitation des quartiers de tours de manière plus sobre et mixte en imaginant des opérations collectives et coordonnées.
Cette étude est pour nous l’occasion de nous demander si l’enseignement des particularités américaines peut enrichir notre approche de la réhabilitation des immeubles de grande hauteur en France et plus largement en Europe ?
Enfin, s’il existe une manière collective d’envisager ces réhabilitations, quelle serait la place du paysage et de la nature dans ces tours repensées ?
A Chicago, ville “sans sol”, les rues s’érigent sur un réseau d’infrastructures souterraines qui obéissent à une grille orthogonale omniprésente. Reconnu pour la particularité de son paysage urbain, son centre-ville accueille des bâtiments iconiques de grande hauteur qui ont incarné – à deux reprise dans l’histoire de l’architecture – « l’École de Chicago ».
Avec plus de 280 tours, la capitale économique de Chicago fait aujourd’hui partie des cinq métropoles possédant le plus de tours – parmi Hong-Kong, New York, Tokyo et Singapour. Cette résidence à Chicago sera l’occasion d’étudier un site urbain dense où l’histoire de cet archétype est très ancré et dont la vocation programmatique est à l’origine plus mixte.
Cette résidence ouvrira un nouveau chapitre de notre réflexion sur les quartiers de tours du XXème siècle, au travers des critères d’hybridité, densité, mutualisation mais aussi de paysage… Si on questionne la capacité de mutation de ce patrimoine, chaque principe constructif pourrait offrir de nombreuses perspectives pour une nouvelle colonisation par le vivant et sa propagation. La forme du paysage et son intensité étant directement liées à la capacité portante de la structure, un paysage urbain – une nature hors sol – se dessinerait selon les caractéristiques de ces supports.
Nous rencontrerons des personnalités de l’architecture, de l’urbanisme et de l’immobilier, et aussi des habitants, en écho avec le contexte français que nous connaissons. Il s’agira de recueillir des récits particuliers pour les intégrer à nos réflexions. Nos visites seront documentées selon des méthodes propres à notre pratique (croquis, photographie, film etc.)
En partenariat avec
Cité de l’architecture et du patrimoine
La Cité de l’architecture et du patrimoine est un établissement public national à caractère industriel et commercial, créé en 2004 et ouvert au public en 2007. Il réunit, en une même institution, un musée, un centre d’architecture, une école, une bibliothèque spécialisée et un centre d’archives. Le projet de la Cité est fondé sur la transmission. Il se déploie autour des notions d’héritage et d’éducation, en nouant de multiples dialogues : entre patrimoine et création, mémoire et projet, éducation et diffusion.