Isabelle Olivier
Harpiste, compositrice et directrice artistique
Avril 2023
- Musique
- Washington, DC
« Voyager artistiquement et humainement grâce à une harpe me permet d’élargir mon horizon de musicienne à toutes les disciplines et à tous les territoires. »
Harpiste de jazz, compositrice et directrice artistique, j’ai tracé tout au long de ma carrière un parcours atypique, en tissant des liens transdisciplinaires entre les arts et en m’ouvrant à différents styles musicaux. Voyager artistiquement et humainement grâce à une harpe m’a permis d’élargir mon horizon de musicienne à toutes les disciplines et à tous les territoires. Travailler au confluent des cultures dans différentes formes d’art peut révéler un espace humain et artistique sans limites.
La musique est un art connectant les gens, quels que soient leurs idéaux, leurs âges, leurs identités de genre et leurs origines culturelles. C’est un maillon d’une force extraordinaire pour offrir une accessibilité créative à tou.te.s.
Ayant eu la chance d’enregistrer 11 albums avec mes compositions, j’ai voyagé dans 25 pays pour y présenter des projets collaboratifs et interactifs. Je fête en 2022 mes 30 ans de scène.
En novembre 2021, pendant le confinement, j’ai composé un ciné-concert autour des femmes pionnières dans le cinéma. Je souhaite aujourd’hui approfondir mes recherches en privilégiant les femmes issues des minorités. Au vu du contexte politique américain, présenter les différentes visions culturelles de ces cinéastes est essentielle pour explorer les enjeux contemporains.
Ayant collaboré avec des personnalités artistiques exceptionnelles tels qu’Agnès Varda, Peter Erskine, ou Norma Winstone, Isabelle Olivier est reconnaissable dès les premières notes de son instrument rare et fascinant : la harpe. Explorant tout autant l’acoustique que l’électronique, elle compose un jazz ouvert à toutes les influences.
Première compositrice lauréate de la Villa Le Nôtre à Versailles, elle est sollicitée par l’Art Institute de Chicago pour composer et jouer une réponse artistique à « Gauguin, l’alchimiste ». Soutenue par la FACE Foundation pour son projet « OASIS » avec Rez Abbasi, elle se passionne pour les croisements interculturels et intergénérationnels.
Après m’être inspirée de l’article du Monde, « Et si Méliès était une femme ? » en août 2019 à propos d’Alice Guy-Blaché, j’ai voulu commencer une recherche sur les femmes pionnières dans le cinéma et j’ai composé un ciné-concert en 2021.
Dans les premières décennies du cinéma, les cinéastes les plus innovants et les plus célèbres d’Amérique étaient des femmes. Alice Guy-Blaché a établi les bases du langage cinématographique, tandis que d’autres ont audacieusement poursuivi son développement : Mabel Normand (qui a enseigné à Charlie Chaplin le métier de réalisateur), la star d’action Grace Cunard et l’icône LGBTQIA+ Alla Nazimova.
Ne craignant pas la controverse, des cinéastes telles que Lois Weber et Dorothy Davenport Reid ont abordé des questions explosives et controversées comme le contrôle des naissances, l’avortement et la prostitution. Elles étaient des cinéastes créatives, libres et intrépides.
Ces femmes étaient de véritables artistes, des visionnaires incroyables et des militantes. Comment une œuvre aussi importante a-t-elle pu être oubliée ?
Au cours de ma résidence à la Villa Albertine, je souhaite poursuivre ce travail de redécouverte des pionnières du cinéma en mettant en lumière l’œuvre de femmes issues des minorités. Alors que la Cour Suprême des Etats-Unis vient de révoquer l’arrêt Roe vs Wade qui garantissait depuis 1973 le droit des Américaines à avorter et que la ségrégation entre communautés ne cesse d’augmenter, ces recherches m’apparaissent essentielles.
Je souhaite notamment travailler sur l’œuvre de Maya Deren, cinéaste expérimentale américaine d’origine ukrainienne et importante promotrice de l’avant-garde dans les années 1940 et 1950, de Maria P. Williams, la première productrice de films et militante noire, et Joanelle Romero, cinéaste amérindienne d’origine Cheyenne, Dine et Apache.
Je souhaite par ailleurs interviewer des cinéastes actuelles issues des minorités afin d’approfondir leurs regards croisés avec les pionnières du cinéma. Plus globalement, des échanges approfondis avec des personnalités de tous horizons me permettront d’élargir la problématique et d’envisager une réflexion globale ouverte à la création musicale.
Washington DC étant la première ville en termes de musées, je souhaite y consulter les archives, interviewer les spécialistes et collecter des témoignages actuels de cinéastes féminines issues de ces minorités. Les priorités sont le National Museum of American History and Culture, National Museum of the American Indian ainsi que le National Museum of Women in the Arts.
Puis, prendre le temps d’échanger avec différentes communautés d’artistes, de philosophes et d’intellectuels, de scientifiques et de sociologues me permettra de m’immerger dans les problématiques contemporaines, d’amplifier la voix de ces communautés et d’initier la notion de communauté universelle.
Enfin, je prévois de prendre un temps pour réfléchir à un nouveau processus musical. Combiner les sons acoustiques et électroniques a été mon cheminement artistique ces trente dernières années. Explorer l’harmonie, les percussions et la mélodie à la harpe est mon processus premier.
De plus, trouver des textures inspirées par l’immersion dans un nouveau monde signifie ouvrir un chapitre inconnu sur la composition de pièces inédites.
En partenariat avec
La Ferme de Bel-Ébat
La Ferme de Bel-Ébat est une salle de spectacle aménagée dans un ancien corps de ferme monumental. Théâtre de proximité, il propose une programmation riche et variée pour tous les âges. Toutes les disciplines du spectacle vivant y sont représentées. Elle programme chaque saison entre 40 et 50 spectacles, organise entre 110 et 140 représentations.