Roque Rivas
Compositeur
Avril - Mai 2022 / Septembre 2022
- Musique
- Boston
- New York
« J’ai mené une réflexion sur la transposition en musique des principes de la perspective, afin d’enrichir mon écriture musicale et notre perception des sons dans l’espace. »
Compositeur de musique franco-chilien, j’ai fait mes études supérieures en France. Depuis une quinzaine d’années, mon travail de composition s’oriente vers la musique mixte et la volonté d’établir un dialogue fusionnel entre l’écriture instrumentale et l’électroacoustique. Je m’intéresse également aux sciences et aux autres arts – en particulier les arts plastiques et l’architecture – qui représentent de fortes inspirations dans mon processus créatif.
Mes projets réalisés jusqu’à présent témoignent de mon goût pour l’échange et l’interdisciplinarité. En 2007, j’ai écrit la pièce Conical Intersect pour basson et électronique, inspirée de la rencontre – ou plutôt de l’étrange juxtaposition, survenue en 1975, entre les architectes créateurs du Centre Pompidou (Renzo Piano et Richard Rogers) et l’« anarchitecte » américain Gordon Matta-Clark. L’année suivante j’ai collaboré avec le vidéaste Carlos Franklin (Production Ircam/Le Fresnoy – Studio National des Arts Contemporains) sur le projet Mutations of matter pour cinq voix, électronique et vidéo : cette pièce est une étude des textes de Rem Koolhaas et des divers théoriciens en architecture, afin de recréer la mixité, la simultanéité et l’accumulation que l’on trouve dans la ville de New York à travers le visuel.
Ces dernières années, j’ai mené une réflexion sur la transposition en musique des principes de la perspective, afin d’enrichir mon écriture musicale et notre perception des sons dans l’espace. Mon projet pour la Villa Albertine s’inscrit dans le prolongement de cette réflexion influencée par le design architectural en musique.
Né en 1975 à Santiago du Chile, Roque Rivas suit des études de composition électroacoustique et d’informatique musicale au Conservatoire national de musique et de danse (CNSMD) de Lyon puis intègre la classe de perfectionnement en composition d’Emmanuel Nunes au CNSMD de Paris. De 2006 à 2008, il suit le cursus de composition et d’informatique musicale de l’Ircam. En 2011, Roque Rivas participe à l’Atelier Opéra en création au Festival d’Aix-en-Provence. Ses œuvres sont jouées par des ensembles et interprètes de prestige et sont présentées dans des grands festivals internationaux. Ses partitions sont publiées aux éditions Durand Salabert Eschig.
En résidence à la Villa Albertine, je veux explorer des transformations possibles du matériel sonore et le traitement de l’espace en musique, en tenant compte de la notion de « synergie » chez R. Buckminster Fuller, l’un des visionnaires technologiques les plus révolutionnaires du XXème siècle. Architecte, ingénieur, entrepreneur et poète, Fuller était un « self-made man » américain pour qui « l’univers est une synergie de synergies », un ensemble de systèmes qui ne peuvent être prédits par l’observation de leurs parties séparées. Il s’agit ainsi d’un système de pensée holistique pour la résolution de problèmes à partir des structures spatiales complexes. Comment ce concept de synergie peut-il contribuer à la façon dont s’agencent matériau sonore et systèmes de spatialisation audio ?
Pour y répondre, mon séjour américain consistera, dans un premier temps, à la rencontre de théoriciens, architectes et designers qui ont suivi l’influence de Fuller. Je développerai ensuite, avec un artiste/designer ou architecte américaine, une installation sonore qui reprendra le concept de synergie. L’objectif est de créer une structure et une scénographie de spatialisation sonore, suivant les trois principes fondateurs du design synergétique fullerien : légèreté, adaptabilité, et mobilité.
Pour réaliser mon projet, j’irai à New York et Boston : deux villes qui m’offrent la possibilité de rencontrer des chercheurs et des artistes de différentes disciplines – scientifiques, designers, architectes – dans de prestigieuses universités américaines telles que Columbia, Harvard ou le MIT.
L’un des aspects les plus importants de mon séjour consistera en la réalisation de divers « enregistrements de terrain » (ou « field recording ») : il s’agira de capter l’atmosphère sonore d’un milieu urbain et de la nature à New York et Boston. Cette pratique d’écologie sonore sera la base du matériau que j’analyserai et transformerai dans mon projet.
Par ailleurs, je voudrais que l’installation sonore finale soit présentée aux Etats-Unis et ces rencontres me permettront de tisser des premiers liens importants. En effet, le projet est pensé comme un échange culturel entre un compositeur français et un designer américain dans un cadre conceptuel influencé par la pensée de R. Buckminster Fuller.
J’envisage également mon séjour aux Etats-Unis comme un temps de réflexion sur des aspects aussi bien esthétiques que techniques dans mon œuvre. A New York, je me laisserai surprendre par sa richesse culturelle, son architecture contemporaine et son design d’avant-garde.
En partenariat avec
Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique (Ircam)
L’Institut de recherche et coordination acoustique/musique est aujourd’hui l’un des plus grands centres de recherche publique au monde se consacrant à la création musicale et à la recherche scientifique. Lieu unique où convergent la prospective artistique et l’innovation scientifique et technologique, l’institut est dirigé par Frank Madlener et réunit plus de 160 collaborateurs.