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Sameer Ahmad

Rappeur, musicien, orateur
16 juin - 16 juillet 2022

Dorian Cusy

Hector De La Vallée

  • Musique
  • Miami

« Je n’oppose pas, je ne fais pas noir ou blanc, je fais des traits d’union, j’assemble.»

Je suis enseignant, je travaille souvent avec des enfants réfugiés et je suis également artiste. Je pratique le rap depuis les années 2000. J’ai découvert cette musique grâce aux vidéos de skate, deux disciplines qui ont beaucoup de similarités, notamment par leur amour de la technique. A tort, on représente souvent le rap comme proche des sports de combats, alors qu’à l’instar du skate, c’est une pratique tout à fait individuelle. Il n’y a pas d’affrontement pur, c’est de la proposition de style. C’est vraiment ce qui m’a accroché dès le départ : ce côté ludique, ce côté performance, pas trop la tendance qui dominait à l’époque et qui s’intéressait moins à l’esthétique qu’à la revendication.

Je suis reconnu pour mon style d’écriture, mais en réalité je n’écris pas vraiment. C’est de l’oralité pure, certainement liée à mon origine irakienne : des phases qui viennent par humeur, comme des flashs blancs qui m’arrivent, que je ressens. Quand ce n’est pas assez naturel je lâche l’affaire. Il faut que ça reste très instinctif, comme le jazz. Mon travail sur la langue française est plus un travail sur les sonorités que sur le fond. Quitte à comparer, je trouve que ça se rapprocherait plus de Tarantino que du mouvement poétique Parnasse. Lorsque je commence un morceau, j’ai en tête les cinq ou six scènes culte autour desquelles tout va se développer, et quand j’ai l’instru, je découvre le décor dans lequel je vais leur donner vie, à l’image de mon dernier titre “Bleu Delta” (réalisé pour la bande originale de la BD “Bayou Bastardise”) qui avait pour décor la Louisiane.

Rappeur Montpelliérain d’origine irakienne, Sameer Ahmad est l’auteur de cinq albums : Justin Herman Plaza, Perdants Magnifiques, Apaches, le diptyque Un Amour Suprême : Jovontae & Ezekiel et Effendi. Enfant, il suit son père en Irak avant de devoir fuir les persécutions politiques, d’abord vers l’Algérie, puis enfin la France en 1985. C’est en rencontrant, à Flers, dans l’Orne, le monde du skateboard qu’il se prend au jeu du rap.

Selon un promoteur miamien, “toute la ville sera sous l’eau” d’ici cent ans. Il est déjà trop tard pour faire marche arrière, alors on se rue pour les dernières miettes de temps qui restent pour profiter sans mauvaise conscience du gigantisme et du luxe. « Time is money » et il n’en reste plus beaucoup. Un nouveau veau d’or. Tout ceci donne un parfum d’urgence, dans une mégapole où tout est éphémère, est important, où les moments précieux sont rares et souvent brefs. C’est en embrassant cette énergie unique, tirée à la source, que je débuterai un travail d’écriture préfigurant une possible production à mon retour en France.

Avec Arnaud Vvolf – gérant du label Bad Cop Bad Cop qui participe à la direction artistique de chacun de mes projets – nous souhaitons multiplier les rencontres locales pour saisir au mieux la réalité de Miami : habitants, musiciens, universitaires, acteurs culturels, partenaires sociaux etc. Nous chercherons à créer, autant que possible, des interactions avec des artistes de la ville. Pour illustrer l’un des titres qui émergera de cette résidence, nous aimerions réaliser une vidéo et/ ou un reportage photo sur place. A notre retour en France, nous souhaitons matérialiser cette expérience par la production d’un vinyl 45 Tours, accompagné d’un live.

Les eaux ne cessent de monter à Miami. Il en va de même pour les prix des logements, en particulier ceux situés au-dessus du niveau de la mer, vers lesquels se dirigent maintenant les plus aisés en provoquant un phénomène inédit de “gentrification climatique.” Des stars de cinéma et des personnalités politiques achètent des îles privatives à prix d’or, tout en sachant pertinemment qu’elles sont destinées à disparaître, alors que les classes populaires sont inexorablement repoussées en périphérie de l’espace urbain. Je souhaite donc tenter de répondre à ces questions : comment vit-on sur un sol voué à disparaître dans un futur proche ? Qu’est-ce que cela implique ? Comment faire face aux eaux usées qui submergent les routes durant des jours ? Egalement, si Miami est une porte d’entrée vers les Etats-Unis pour les diasporas caribéennes et latinas, j’ai été surpris d’apprendre que celles et ceux qui ont fui le socialisme votent très majoritairement pour le Parti Républicain, loin des représentations que l’on pourrait s’en faire depuis l’extérieur. Étant moi-même fils de réfugié politique, cela m’interpelle et je souhaite sonder la rencontre de ces problématiques environnementales, politiques et culturelles.

En partenariat avec

La Place

La Place, lieu d’expression dédié au hip-hop, La Place a pour mission de promouvoir l’ensemble des esthétiques et pratiques artistiques de ce mouvement culturel, ainsi que ses prolongements dans les arts visuels ou le cinéma, à travers des actions de diffusion, de transmission, de soutien à la création et d’accompagnement. Situé au cœur de Paris, sous la canopée des Halles, La Place est équipée d’une salle de concert, d’un studio de diffusion et de création, d’un espace d’exposition, d’un bar et dispose de 8 espaces de création, adaptables à toutes les pratiques (enregistrement, répétition, montage vidéo, arts graphiques, danse…).

 

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