Sara Ouhaddou
Artiste plasticienne
2023
- Arts visuels
- Houston
- Los Angeles
« De Houston à Los Angeles je ferai une étude comparative des usages sociaux et politiques du symbole de l’étoile dans le monde Arabe et en Amérique du Nord. »
Mes projets artistiques sont basés sur la collaboration avec des communautés artisanales à travers le Maroc. Depuis 2013 je mets en place des workshops dans différentes régions du pays. Je m’intéresse aux contextes qui sont les plus touchés par l’appauvrissement de la culture locale : la céramique de la vallée de l’Ourika, le tissage des montagnes du haut Atlas, la broderie de Tétouan, le marbre du Sahara ou encore l’art du verre des médina du pays. Chaque atelier est une étude sociale, politique, économique, géographique, religieuse. Avec les communautés locales je mets en place des espaces d’expérimentation où les œuvres que nous créons ensemble sont des outils d’émancipation. J’imagine des protocoles créatifs, qui vont durer des années avec la même communauté artisanale.
Les artisans vont privilégier des produits d’importation onéreux et de mauvaise qualité à leur propre production. Une mécanique qui prend racine pendant la période coloniale, lorsque les savoir-faire locaux sont devenus des biens décoratifs dépouillés de leurs fonctions d’usage. Ce fait appuyé par la globalisation moderne rend le développement des savoir-faire locaux difficile voire impossible. C’est pourquoi chaque atelier est un espace de déconstruction ou nous superposons : histoire, archéologie, anthropologie, économie etc… Et ce dans le but de retrouver le mouvement indispensable au développement, à la création d’autonomie au sein de ces communautés marginalisées.
Sara Ouhaddou est née en 1986 et vit et travaille entre la France et le Maroc. Elle aborde les différents défis auxquels sont confrontées les communautés d’artisans et étudie comment l’art peut être utilisé comme un instrument de changement économique, social et culturel. La langue arabe est un thème important dans son travail. Elle dissèque les lettres arabes en symboles abstraits, les transformant en une langue à part entière. Son travail a été exposé au Mucem (Marseille), au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía (Madrid), au Z33 (Hasselt), au Centre Pompidou, au Palais de Tokyo, à l’Institut des Cultures d’Islam, au Bauhaus de Dessau et à la Cité internationale des arts de Paris, entre autres.
La complexité de la construction des symboles par nos sociétés est au cœur de mes recherches. L’étoile est l’un des symboles les plus utilisés par les hommes depuis la préhistoire. Mon étude de ce symbole a commencé au Maroc pour s’étendre à l’ensemble des pays du monde Arabe, et finalement m’amener aux États-Unis. L’Étoile fait partie de la construction des mythes contemporains comme elle a fait partie des histoires anciennes. De sa symbolique à sa réalité scientifique, elle agit de la même manière aux États-Unis et dans le monde Arabe.
Dans une société américaine de plus en plus polarisée, comme dans une société arabe où les écarts idéologiques se creusent, je souhaite dénouer les opinions complexes liées au nationalisme et à la peur du pluralisme dans un effort de transcender les divisions locales et mondiales. Pour ce faire, je vais documenter le symbole de l’étoile et ses multiples rôles dans la société américaine. J’irai à la rencontre des populations de plusieurs villes au Texas et à Los Angeles. À travers la documentation de celui-ci : photographie, film, interview, collecte d’objets… Je dresserai un tableau de la politique contemporaine et conflictuelle de ces deux régions du monde, sous un nouveau prisme. J’envisage ce voyage comme un miroir où ces deux territoires du monde se croisent à des endroits insoupçonnés, l’étoile pour preuve.
J’ai choisi de passer du temps dans plusieurs villes du Texas et à Los Angeles. En effet, du conservatisme extrême au néo-libéralisme, des églises à Hollywood : le symbole est omniprésent.
Le Texas : The Lone Star State, est l’état incontournable pour étudier le symbole de l’étoile. J’aimerais explorer ses sites préhistoriques, rencontrer ses communautés natives américaines, ses communautés de confédérés, sa culture du football, des armes, son observatoire scientifique ou encore sa scène artistique contemporaine. Dans cet état, tous se définissent par l’étoile. J’y vois un terrain de jeu fascinant où j’espère pouvoir rendre compte de sa complexité historique, sociale, politique et géographique. Je souhaite aller à la rencontre des gens afin de comprendre pourquoi toutes ces identités si différentes ont choisi de se définir par l’étoile.
Los Angeles est pour moi l’endroit où le mythe contemporain de la personne célèbre définie comme une star est né. Depuis, toute l’industrie du spectacle s’est employée à créer des personnages célèbres réels et fictifs qui font rêver jusqu’au fin fond du Maroc.
En partenariat avec
Galerie Polaris
Bernard Utudjian dirige la galerie Polaris depuis 1990, rue Saint-Claude à Paris pour ensuite déménager dans l’actuel espace au 15 rue des Arquebusiers. Dès les premières années et encore aujourd’hui, la galerie s’est toujours attachée à présenter des artistes émergents. Réel tremplin et révélateur de talent, c’est ainsi que la galerie Polaris a réalisé les premières expositions d’artistes de renommée aujourd’hui internationale comme Yto Barrada, Sara Ouhaddou, Speedy Graphito ou encore Marcos Carrasquer…Avec pour leitmotiv le partage et la rencontre, Bernard Utudjian accueille au sein de sa galerie des artistes multi disciplinaires que la notion d’engagement pour la création fédère. La galerie Polaris incarne ainsi une expérience de plus de 30 ans en perpétuelle évolution, qui épouse au mieux l’évolution de l’art contemporain.