Myriam Mihindou
Artiste pluridisciplinaire
Janvier-Février 2023
- Arts visuels
- New York
« Quels traumatismes produisent les systèmes coloniaux ou répressifs sur nos corps et nos imaginaires ? Mon travail plastique propose des écluses, comme des sas de décompression, pour que les corps se restaurent, se réveillent et se soignent. »
Dans ma pratique artistique j’utilise la sculpture, le dessin, l’image fixe ou en mouvement ainsi que la performance. Tout au long de mon parcours, j’ai résidé dans de nombreux pays en Afrique et autour de l’océan Indien. L’expérience de ces territoires a enrichi ma réflexion, où le langage, l’Histoire, la spiritualité, la représentation, et l’environnement ont une place centrale. Ce qui m’intéresse plus particulièrement, ce sont les conséquences des traumatismes que produisent des systèmes coloniaux ou répressifs sur nos corps et nos imaginaires. Les troubles psychiques et les états vulnérables, le vacillement des corps cause de grandes souffrances dans nos sociétés. Ces états me sont familiers car j’ai été élevée dans un milieu médical. Avec mon travail plastique et visuel, je propose des écluses comme des sas de décompression pour que les corps se restaurent, se réveillent et se soignent. Je déploie une pratique performative pour élaborer de nouveaux récits qui, je le crois, peuvent nous faire esquisser un sourire de bonheur.
Myriam Mihindou est née en 1964 à Libreville d’une double culture franco-gabonaise.Artiste pluridisciplinaire, elle s’intéresse aux « bleus de l’âme » et à l’imprégnation de nos territoires de vie. Son engagement pour des causes environnementales et féministes amène une dimension politique indéniable dans son travail actuel. Lauréate du prix Aware Nouveau regard 2022, Myriam MIhindou est représentée par la Galerie Maia Muller, Paris. Son travail a été́ présenté́ dans plusieurs expositions personnelles en France et à̀ l’étranger et́ à de nombreuses expositions collectives, parmi lesquelles le Smithsonian National Museum of African Art, Washington (2014), le MAC/VAL, Vitry-sur-Seine, le CAPC de Bordeaux ( 2021)… Ses performances les plus récentes ont été́ montrées à la Biennale de Venise, Palazzo Rossini ( 2017), au Centre Pompidou (2019), au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg (2019), au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne (2019), pour « La vie Bonne » (CNAP / AWARE, 2020) et au CAPC Bordeaux (2021).
Dans le cadre de cette résidence – essentiellement photographique – je souhaite enquêter,et faire des rencontres autour de la question du libre arbitre, ou « Free will ». Mon projet de recherche poursuit l’approche initiée en 2007 au « Woman building », un des plus grands Centre d’accueil pour femmes à San Francisco.. En effet, je souhaiterais travailler sur la notion de « corps orienté », de corps dont on détermine le statut au travers d’ambitions politiques, économiques ou scientifiques.
La transmission, c’est faire corps avec le monde dans la chair des émotions et des réalités. Seules les femmes sont capables de gérer leur santé reproductive. Mais l’économie ne cesse d’inventer des technologies pour contrôler leur ventre et les traiter comme du bétail, oubliant qu’elles ont une âme, des responsabilités professionnelles, une sensibilité connectée à l’univers et qu’elles incluent leur famille dans leur lutte.
1844 mesures liées à la contraception et à l’avortement ont été introduites dans 45 états entre le 1er janvier et le 15 mars 2022.
Je souhaite donc rencontrer des militantes, des juristes et des femmes impliquées dans l’opposition aux nouvelles lois anti-IVG. Ces restrictions et ce contrôle du corps féminin est une situation d’urgence au sein d’un nouvel ordre économique mondial …
Mes recherches se dérouleront à New York et ses proches banlieues. Il s’agira dans un premier temps de relever des sources d’archives, de prendre des notes (texte dessins photographies, enregistrements sonores) dans la perspective d’un projet photographique et performatif ultérieur.
Je souhaite entrer en relation avec un laboratoire de don de sperme et m’intéresser au processus de recherche qui permettrait de faire naître « l’enfant rêvé », celui qui possédera des caractéristiques déterminées à l’avance et choisies par les parents. Ces recherches pourront également se développer dans des structures comme les « Sanctuary state » qui défendent le droit d’accès à l’IVG.
Mes recherches à New-York pourront m’ouvrir à des rencontres avec des chercheurs spécialistes de la conception in vitro, d’associations de soutien aux femmes en détresse, de juristes militantes, de sociologues, d’activistes du mouvement anti-avortement, etc.
L’ensemble des recherches et rencontres effectuées poseront les bases de travail pour la réalisation de pièces plastiques ultérieures : série photographique, conceptions sonores, actions performatives, dessins ou installation.
En partenariat avec
A.I.R. Gallery
La galerie A.I.R. (Artists in Residence, Inc) est une galerie coopérative féministe, à but non lucratif, gérée par des artistes et destinée aux femmes et aux artistes non binaires. Fondée en 1972 par un groupe de vingt femmes artistes, A.I.R. offre un espace alternatif où des artistes qui se trouvent en marge du monde de l’art contemporain et du canon de l’histoire de l’art peuvent prendre des risques.
AWARE
AWARE: Archives of Women Artists, Research and Exhibitions est une association loi 1901 à but non lucratif co-fondée en 2014 par Camille Morineau, conservatrice du patrimoine et historienne de l’art spécialiste des artistes femmes. Devant la sous représentation féminine dans le monde de l’art, AWARE a pour ambition de rééquilibrer la présence des artistes femmes et de leur donner une meilleure visibilité, par la diffusion de ressources en libre accès. Ainsi, son site web bilingue français /anglais propose plus de 900 notices biographiques d’artistes femmes des XIXe et XXe siècles ainsi que des articles et entretiens élaborés par des chercheur·euse·s et commissaires du monde entier.
