Mathilde Billet
Architecte
Janvier - Mars 2023
- Architecture
- San Francisco
« En plus de répondre à la question de la raréfaction des ressources, le réemploi se raisonne dans un territoire urbanisé limité, qui assume d’être fini, et induit des solutions de logistique urbaine en circuit court très intéressantes. »
Diplômée en 2009 de l’école d’Architecture de Paris Val de Seine et habilitée à la maîtrise d’œuvre en 2010 à l’’École nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette, j’ai l’opportunité d’explorer plusieurs facettes du métier d’architecte au sein de l’agence Beckmann N’Thépée pour la Biennale d’architecture de Venise en 2008, d’agences comme Atelier 234 ou encore comme bénévole pour Shelter Associates en Inde et architecture indépendante.
Après 6 ans d’une approche « classique » de l’architecture dans laquelle je ne me projetais pas, je rencontre l’agence Encore Heureux pour laquelle je travaille notamment sur le pavillon de la COP21. Le réemploi des matériaux de construction en architecture devient alors pour moi une évidence.
En 2016, je rejoins l’équipe de Bellastock dans le cadre du deuxième volet d’appel à projet pour la réduction des déchets dans le BTP lancé par l’Agence de la Maîtrise des énergies et de l’environnement (ADEME) : REPAR #2 « Réemploi comme Passerelle entre Architecture et industrialisation » (2014-2018), pour lequel Bellastock est lauréat avec pour partenaire le CSTB. Je me passionne immédiatement pour la recherche empirique et la mise en place de nouvelles pratiques dans le secteur du BTP liées aux ressources humaines et matérielles des territoires. L’association Bellastock devient société coopérative en 2019, pour laquelle j’occupe actuellement le rôle de co-directrice et directrice technique de réemploi des matériaux et territoires circulaires.
Mathilde Billet rejoint Bellastock en 2016. Elle y développe des études et des projets sur les grands enjeux du XXIème siècle autour de l’économie circulaire appliquée au réemploi des matériaux de construction tout en participant à la diffusion de ces pratiques auprès d’un spectre varié d’acteurs : étudiants, professionnels, institutions ou habitants. En 2020, Bellastock reçoit le prix du palmarès des Jeunes Urbanisme et figure dans « 100 qui font la ville » du magazine Trait Urbain. Mathilde est actuellement directrice technique à Bellastock.
Le projet a pour but d’explorer les pratiques en matière de réemploi de matériaux de construction dans le secteur de l’architecture à Portland, notamment dans le cadre de la commande publique (espaces urbains, équipements, logements) et privée (tertiaire, logements, etc.). En tant qu’experte, j’ai pour objectif de créer des liens entre nos pratiques et celles de Portland. Je veux échanger et inspirer des actions pionnières pour continuer à faire émerger ces nouveaux « modes de faire » en France et en Europe à travers mon travail quotidien et par la diffusion de ce projet de résidence.
Par une série d’entretiens et de visites auprès de figures politiques, architectes, vendeurs de matériaux de réemploi, entreprises de déconstruction/construction, maitrise d’ouvrage, etc. identifiés comme des pionniers sur cette thématique, je souhaite comprendre leurs méthodes de travail, leurs motivations. J’aimerais en savoir plus sur leur empreinte carbone, la réduction des déchets, l’impact social, et bien d’autres domaines. Le spectre des sujets étudiés se construira au gré des opportunités et s’étendra des politiques publiques et réglementations en vigueur en passant par les dispositifs encourageant le recours au réemploi, les démarches volontaires créatrices de nouveaux modèles et d’économies nouvelles locales.
Ce temps d’échange est aussi l’occasion d’entendre leur avis de manière plus générale : quels sont les freins et leviers existants sur le territoire, et plus largement aux États-Unis, au déploiement généralisé du réemploi de matériaux dans le secteur de la construction ? Quel rapport la filière du réemploi entretient-elle avec la filière du recyclage ? Y a-t-il, comme en France, l’opportunité de s’inscrire dans une démarche d’insertion sociale par le réemploi ? Comment se saisissent-ils du sujet de la création d’emplois qui en résulte ? Quel futur pour le réemploi dans leurs pratiques ? etc.
La ville de Portland, en Oregon, se distingue comme étant l’une des plus avancée des États-Unis en matière de pratiques de réemploi de matériaux de construction. De nombreux vendeurs de matériaux de réemploi constellent la ville, de nombreux projets architecturaux et urbains intègrent ces matériaux innovants et la déconstruction y est habituelle.
Depuis des décennies, cette ville « extraordinaire » se préoccupe de l’environnement et de l’impact de son existence. Par exemple, dès les années 70, les autorités décident de limiter la croissance de la ville pour ne pas empiéter sur les espaces verts.
Depuis 1995, la ville de Portland réglemente la récupération de matériaux issus de la déconstruction. L’Oregon a établi un objectif de récupération des déchets solides de 45 % pour 2005 et de 50 % pour 2009. Le 6 juillet 2016, le conseil municipal de Portland a adopté une ordonnance exigeant qu’une majorité des projets demandant un permis de démolition soient entièrement déconstruits plutôt que démolis mécaniquement. Avec l’approbation unanime du Conseil de cette ordonnance, Portland est devenue la première ville du pays à garantir que les matériaux de valeur sont récupérés pour être réutilisés au lieu de devenir des déchets.
Au-delà du réemploi des matériaux, cette ville pionnière bénéficie d’une aura créative sur bien des domaines qu’il sera intéressant de constater et de mettre en résonnance avec les acteurs des filières du réemploi, ses habitants et ses figures politiques.
En partenariat avec
Odéys
Odéys est un réseau de construction et d’aménagement durables en Nouvelle-Aquitaine. Nous connectons les acteurs de la construction, nous les orientons vers les enjeux de durabilité, participons à leur montée en compétence, favorisons l’innovation et accompagnons les projets ambitieux.