Hanako Murakami
Artiste
Avril-Juin 2026
- IA
- New York
« Le regard peut-il être une force créatrice ? »
Je suis artiste visuelle et chercheure, issue d’un parcours en philosophie et en arts et nouveaux médias. Mon travail se développe à la croisée de l’image, de l’attention et de la mémoire des techniques. Depuis plusieurs années, je mène une recherche au long cours sur les origines de la photographie, que je considère non comme un fait révolu, mais comme un champ encore actif, traversé par des enjeux visuels, chimiques, politiques et métaphysiques.
Je m’intéresse aux gestes d’invention, aux formes d’intuition et aux régimes de visibilité qui ont façonné notre rapport au réel. Cela m’a conduit à explorer les archives des multiples inventeurs de la photographie — Niépce, Talbot, Daguerre — ainsi que les correspondances sensibles entre lumière, regard et pensée. Mes œuvres prennent la forme d’installations, d’objets, de textes ou d’images altérées, et mobilisent parfois des technologies contemporaines comme l’intelligence artificielle ou le suivi oculaire.
Le projet que je souhaite mener à New York propose une relecture de l’histoire photographique à travers la notion de « regard incandescent » — un regard qui ne se contente pas de voir, mais qui agit, brûle, façonne. Cette approche s’inspire notamment de Platon, pour qui la vision naît de l’interaction entre une lumière intérieure de l’âme et la lumière extérieure du monde, et de Marcel Duchamp, qui affirmait que « c’est le regardeur qui fait le tableau ». Je cherche ainsi à penser la vision non comme une simple réception, mais comme une force active, capable de générer, altérer ou faire disparaître l’image elle-même.
Artiste et chercheure, Hanako Murakami développe une œuvre à la croisée de l’image, de la pensée et des technologies. Lauréate de la commande nationale Image 3.0 du CNAP, elle a également reçu le soutien de l’ADAGP. Parmi ses expositions majeures figurent Nineteenth-Century Photography Now, Getty Museum (2024), From Here to There, Japan Society, New York (2020); La Photographie à l’épreuve de l’abstraction, FRAC Normandie (2020) ; Conception, Rencontres d’Arles (2019). Elle vit et travaille à Paris.
Mon projet pour la Villa Albertine propose une relecture de l’invention de la photographie à travers les technologies contemporaines d’intelligence artificielle et de suivi oculaire (eye- tracking). Ancré dans une réflexion philosophique sur la vision, ce travail explore l’acte de voir non comme une réception passive, mais comme une force active, créatrice, capable d’agir sur le réel.
Inspiré par la théorie de la vision chez Platon — qui décrit la vue comme une interaction entre la lumière intérieure et la lumière extérieure — et par Marcel Duchamp, qui affirmait que « c’est le regardeur qui fait le tableau », ce projet interroge les définitions conventionnelles de l’image et du regard. En associant IA et technologies d’eye-tracking, je cherche à transformer le regard en outil génératif, qui ne se contente plus de contempler une image mais en devient le moteur.
Ce projet est né de ma recherche au long cours sur les origines de la photographie et sur les théories de la perception. Au XIXe siècle, des figures comme Niépce ou Daguerre tentaient de fixer l’éphémère. Aujourd’hui, l’intelligence artificielle introduit un nouveau paradigme : celui d’images dynamiques, sensibles, façonnées par la présence même du regard. Une tentative de faire du regard non plus un simple témoin, mais un geste qui crée.
Durant ma résidence à New York, je mènerai des recherches à la croisée de l’histoire de la photographie et des sciences contemporaines de la vision, en collaboration avec des institutions comme Columbia University, Cornell Tech ou le Rochester Institute of Technology. Mon objectif est de produire une série d’expérimentations et d’installations dans lesquelles les images naissent, se transforment ou disparaissent en fonction du regard. Une tentative de faire du regard non plus un simple témoin, mais un geste qui crée.
New York se situe au croisement de l’innovation technologique et de la recherche artistique, ce qui en fait un terrain particulièrement fertile pour mon projet. La ville réunit de institutions de pointe développant des recherches avancées en intelligence artificielle, vision par ordinateur et interaction homme-machine — autant de domaines que je mobilise pour reconfigurer la relation entre image et regard. La résidence me permettrait d’accéder à des laboratoires spécialisés tout en évoluant dans un écosystème interdisciplinaire stimulant, où dialoguent ingénierie, arts visuels et pensée critique.
En parallèle, je souhaite approfondir une recherche engagée depuis plusieurs années sur les procédés photographiques anciens, en renouant notamment avec le George Eastman Museum à Rochester, où j’ai été en résidence en 2018. Ce lien entre les origines de la photographie et ses reconfigurations contemporaines est au cœur de ma démarche : comprendre comment les technologies émergentes prolongent, déplacent ou rejouent les gestes fondateurs de l’image.
Je m’intéresse également aux approches philosophiques et cognitives de la perception visuelle, et j’espère rencontrer des chercheur·e·s en sciences humaines et en neurosciences pour enrichir la réflexion qui sous-tend mon travail. Enfin, les grandes institutions culturelles de New York — musées, centres photographiques, partenaires internationaux — offrent un cadre idéal pour inscrire ce projet dans un dialogue vivant entre histoire, technologie et création.
En partenariat avec
Maison Européenne de la Photographie
Fidji Simo
Née à Sète, Fidji Simo est présidente directrice générale d’Instacart, le leader nord-américain des courses en ligne. Elle est également membre du conseil d’administration d’OpenAI et de Shopify, et ancienne Directrice de Facebook chez Meta, où elle a passé dix ans. Avec plus de 15 ans d’expérience à la tête d’entreprises parmi les plus innovantes, Fidji Simo apporte à ce programme de résidences sa compréhension spécifique du rôle que la technologie peut jouer dans l’évolution des usages à l’échelle mondiale. Artiste elle-même, elle nourrit également une passion pour le croisement de l’art et de la technologie. Son mécénat permettra de donner vie à cette opportunité unique pour huit résidents au cours des deux prochaines années.