2021 Triennale au New Museum
Exposition
La triennale 2021 du New Museum, “Soft Water Hard Stone”, rassemble des œuvres de quarante artistes et collectifs dont les membres vivent et travaillent dans vingt-trois pays. Présentée du 28 octobre 2021 au 23 janvier 2022, cette exposition, qui en est à sa cinquième édition, est assurée par le commissariat de Margot Norton, Allen et Lola Goldring, conservatrice au New Museum, et Jamillah James, conservatrice principale à l’Institute of Contemporary Art de Los Angeles (ICA LA). Elle présente des œuvres nouvelles et récentes d’artistes qui, pour la plupart, exposent pour la première fois dans un musée américain.
Le titre de la triennale 2021, Soft Water Hard Stone, est tiré d’un proverbe brésilien : Água mole em pedra dura, tanto bate até que fura (L’eau douce sur la pierre dure frappe jusqu’à ce qu’elle fasse un trou). Ce proverbe a deux significations : si l’on persiste suffisamment longtemps, on finit par obtenir l’effet désiré ; et le temps peut détruire même les matériaux les plus visiblement solides. Le titre évoque les idées de résilience et de persévérance, ainsi que l’impact qu’un geste insistant mais discret peut avoir au fil du temps. Il constitue également une métaphore de la résistance, car l’eau – un matériau constamment fluide et transitoire – est capable de dissoudre la pierre – une substance associée à la permanence, mais également composée de minuscules particules qui peuvent s’effondrer sous la pression. En cette période de profonds changements, où des structures autrefois considérées comme stables se désintègrent ou sont sur le point de s’effondrer, la Triennale 2021 rend hommage aux artistes qui repensent les modèles, matériaux et techniques traditionnels au-delà des paradigmes établis. Leurs œuvres exaltent les états de transformation, attirant l’attention sur la malléabilité des structures, les surfaces poreuses et instables, et les qualités fluides et adaptables des médiums technologiques et organiques. Tout au long de l’exposition, les artistes abordent les capacités de régénération du monde naturel et notre relation inséparable avec lui, et s’attaquent aux héritages bien ancrés du colonialisme, des déplacements et de la violence. Leurs œuvres se penchent sur des histoires et des traditions artistiques oubliées, tout en se tournant vers le potentiel créatif qui pourrait donner une nouvelle vie à des vestiges dysfonctionnels ou mis au rebut. C’est à travers leurs reconfigurations et réimaginations que l’on nous rappelle non seulement notre temporalité mais aussi notre capacité d’adaptation – des caractéristiques fondamentales que nous partageons et qui font de nous des êtres humains.
Alex Ayed
L’artiste franco-tunisien Alex Ayed présentera un nouvel ensemble d’œuvres sculpturales réalisées spécifiquement pour la Triennale du Nouveau Musée 2021. Inspiré par le titre et le thème de l’exposition, Ayed présentera des œuvres qui répondent à l’architecture du New Museum, et expérimentera les capacités des matériaux alors que leur forme change tout au long de la durée de l’exposition. Les matériaux qu’Ayed utilise couramment, qu’il s’agisse d’objets trouvés au cours de ses voyages, de sable ou de savon à l’huile d’olive tunisienne, ont chacun une histoire riche, mais ne sont pas couramment utilisés dans un contexte artistique traditionnel, et laissent entrevoir des possibilités au-delà de celles que l’on trouve habituellement dans les murs de l’institution. Alors que les frontières ont été fermées et que les voyages ont été limités en raison de la pandémie mondiale cette année, Ayed a consacré une grande partie de son attention à la recherche sur les modes de transport maritime. Les œuvres qu’il présentera à la Triennale 2021 s’inspireront de ces recherches et des vents qui rendent les voyages nautiques imprévisibles, mais qui poussent les bateaux à se déplacer plus rapidement pour atteindre leur destination. Pour Ayed, cette métaphore du vent évoque notre moment d’instabilité, qui peut provoquer le chaos mais nous pousse à réaliser les changements nécessaires.
Gaëlle Choisne
L’œuvre de l’artiste franco-haïtienne Gaëlle Choisne aborde de nombreux troubles qui gangrènent notre société : de la crise climatique à l’exploitation des ressources naturelles, en passant par les vestiges structurels du colonialisme. Pour la Triennale du New Museum 2021, Choisne développera une nouvelle installation vidéo et sculpturale répondant au titre et au thème de l’exposition. Comme elle s’inspire souvent de sources littéraires caribéennes et européennes, sa nouvelle œuvre s’inspire du texte de Roland Barthes de 1977, Fragments d’un discours amoureux , ainsi que de ses recherches en cours sur le racisme systémique, la violence et la surveillance. L’installation intègre des objets trouvés, dont certains ont été rassemblés par l’artiste depuis de nombreuses années, ainsi que des matériaux tels que des plaques de plexiglas souvent utilisées à des fins d’hygiène ou de sécurité, et des objets métalliques fabriqués par l’artiste dans une usine de fabrication d’armes dans le sud de la France. Le projet de Choisne intègre également des éléments architecturaux utilisant le mycélium et établit des liens entre une bactérie ressemblant à un champignon qui peut se développer dans l’estomac des chiens et provoquer un comportement violent chez l’animal, et la propagation de la brutalité policière. Dans cette œuvre, Choisne élargit la citation de Roland Barthes “Je suis celui qui attend”, pour ajouter : “Je suis celui qui attend, pour une nouvelle vie, égale pour tous.”
A propos du New Museum
Le New Museum est le seul musée de la ville de New York exclusivement consacré à l’art contemporain. Fondé en 1977, le New Museum est un centre d’expositions, d’information et de documentation sur les artistes vivants du monde entier. Depuis ses débuts dans un bureau d’une seule pièce sur Hudson Street jusqu’à l’inauguration de son premier bâtiment indépendant sur le Bowery, conçu par SANAA en 2007, le New Museum continue d’être un lieu d’expérimentation et une plaque tournante du nouvel art et des nouvelles idées.