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Paul Maheke

Artiste plasticien
Mars - mai 2023

Tina Rowe

  • Arts visuels
  • Chicago
  • Los Angeles

« Il me semble important de prendre conscience de la résonance que le contexte social, politique et culturel de la scène du roller disco peut avoir avec ma propre expérience en tant que jeune aspirant patineur artistique français d’origine africaine. »

Ma pratique fait la part belle aux formes légères.

Si elle s’est pendant un temps concentrée autour de gestes artistiques dans l’espace public, aujourd’hui, elle se développe à travers l’installation, la vidéo et la performance. Cette recherche s’articule autour d’une pensée décoloniale et émancipatoire qui se concentre sur la manière dont l’histoire, la mémoire et l’identité se forment et se constituent. En faisant notamment appel à la danse, mon travail se propose de penser le corps comme une archive à réinventer, un territoire avec sa propre cartographie, utilisant sa matérialité comme un chemin vers l’information et la production de sens.

 

Cela se manifeste plus spécifiquement dans des performances et des vidéos imaginées comme une exploration de différentes formes d’incarnation. Au travers d’approches diverses et souvent collaboratives, j’étudie les façons dont la posture marginale peut éclairer et transformer la production de savoirs. Mes installations sont souvent baignées de lumières colorées et mises en mouvement par de bandes son rythmées. Mes expositions sont donc à penser comme autant d’environnements où le corps fait résistance.

 

Après avoir étudié à l’ENSA Paris-Cergy, à l’École Estienne de Paris et à l’Open School East de Londres, Paul Maheke a présenté ses œuvres et performances à la Tate Modern à Londres, à la Biennale de Venise, à la Renaissance Society de Chicago, au Centre Pompidou, au Palais de Tokyo, à la Bourse de Commerce – Collection Pinault et à Lafayette Anticipations à Paris, au MO. CO à Montpellier, à Triangle France à Marseille, à la Baltic Triennial 13 en Lithuanie, à Manifesta 12 à Palermo, au Cabaret Voltaire à Zurich, à la Chisenhale Gallery et The South London Gallery à Londres (non exhaustif).  Il a été nominé au 21e Prix de la Fondation d’Entreprise Ricard (2019) et au Future Generation Art Prize (2021). 

A Darkling Ring of Unresolved Shadows (Un anneau sombre d’ombres non résolues) est un projet de recherche et d’écriture. Il explore l’héritage culturel et politique du roller disco dans les communautés noires du South Side de Chicago en établissant des parallèles avec la vie de la championne de patinage artistique mondialement connue, Surya Bonaly et la figure du vampire (The Undead). 

 

Enfant, je m’entraînais pour devenir un patineur artistique professionnel. J’ai été initié à ce sport par mon père congolais qui avait une profonde admiration pour Bonaly. Si je me rappelle avoir regardé Surya Bonaly à la télévision, exultant et pleurant avec elle, pour le meilleur et pour le pire, je me souviens aussi de mon père nous expliquant comment le racisme structurel affectait son classement et, par ricochet, notre vie d’enfants à la peau noire.

 

L’histoire du roller disco moderne est également liée au mouvement des droits civiques aux États-Unis. Depuis ses débuts dans les années 1970 jusqu’aux années 2020, en passant par les cultures disco, funk et hip-hop, le roller s’est développé au sein des communautés noires. Il est devenu un moyen d’émancipation et, surtout, une célébration de la « black joy ». Mon projet pour la Villa Albertine s’inscrit dans cette histoire, en approfondissant mon intérêt pour les manières dont la danse, le son et l’identité dialoguent. 

 

En réfléchissant à cette histoire et en me concentrant sur les voix noires qui remettent en question le statu quo, mon projet célèbre ceux-celles qui glissent au lieu de s’échapper ; ceux-celles qui s’affranchissent de la rigidité de la tradition, des contraintes sociales et physiques. C’est une recherche en mouvement portant sur le mouvement. 

Le projet de recherche que j’ai développé pour ma résidence prend ses racines dans un contexte propre aux États-Unis, et plus particulièrement au Midwest post-ségrégationniste. En effet, le roller disco est né dans les communautés homosexuelles noires au début des années 1970, dans le sillage du mouvement des droits civiques. Même si la culture du roller est désormais mondialisée, elle puise ses origines dans la sous-culture afro-américaine. Son poids politique semble toujours aussi important dans des lieux comme Chicago, où les répercussions de l’époque de la ségrégation se font encore sentir.  

 

J’envisage la résidence comme une porte d’entrée dans la communauté intergénérationnelle des patineurs fréquentant les discothèques du South Side de Chicago : elle me permettra d’accéder à un point de vue d’initié.

 

Il me semble important de prendre conscience de la résonance que le contexte social, politique et culturel de la scène du roller disco peut avoir avec ma propre expérience en tant que jeune aspirant patineur artistique français d’origine africaine. Cet aspect parait faire écho à certaines des raisons pour lesquelles Surya Bonaly a quitté la France pour les États-Unis dans les années 1990. Aujourd’hui, elle vit et travaille en tant qu’entraîneuse à Las Vegas. 

En partenariat avec

Galerie Sultana

Inspiré par les grands marchands d’art du XXe siècle, la Galerie Sultana a ouvert à Belleville en 2010 comme laboratoire d’expérimentation pour les artistes. Elle défend l’art contemporain français et international à travers des expositions permettant la promotion de jeunes artistes et la représentation d’artistes plus établis. Pour la pluspart des artistes, la galerie montre la première exposition en France ou en Europe.

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