El Hadji Malick Ndiaye
Chercheur et conservateur
2023
- Arts visuels
- Musées
- Atlanta
« Il faut comprendre la façon dont les artistes contemporains réinterrogent le passé pour inventer un autre futur en construisant des contres-récits. Ce projet analyse la manière dont les musées travaillent avec les archives et négocient l’Histoire. »
J’ai fait une formation en Lettres modernes à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. J’ai choisi une spécialisation en Esthétique qui s’est focalisée sur la sémiotique de l’image avec un travail réalisé sur l’œuvre du sculpteur sénégalais Ousmane Sow. À partir de ce travail, j’ai reçu une bourse pour intégrer l’Institut National d’Histoire de l’art à Paris avant de m’inscrire en doctorat d’histoire de l’art à l’université Rennes II. Après avoir soutenu ma thèse intitulée « Arts contemporains africains et enjeux du débat critique postcolonial », j’ai intégré l’Institut National du Patrimoine (INP) d’où je suis sorti en 2011 avec le Diplôme international d’études patrimoniales.
Le lien créé entre ma thèse sur l’art contemporain et le travail réalisé à l’INP m’a conduit tout naturellement à faire partie de la première génération des postdoctorants du Labex Création, Arts et Patrimoine. Suite à tous ces projets, je suis rentré au Sénégal où j’ai été recruté à l’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
L’IFAN, qui possède trois musées, me confie en 2016 la direction du musée Théodore Monod d’art africain où j’ai commencé à expérimenter des projets d’exposition et de recherche qui me conduisent régulièrement entre création contemporaine et patrimoine historique. Ce musée, dont l’histoire est connectée à la colonisation et à l’ethnographie, est devenu un espace expérimental où le renouvellement des savoirs, auquel je consacre une partie de mes travaux, prend diverses formes dans les dispositifs d’exposition, des résidences d’artistes, des rencontres scientifiques, etc. Devenu chef du département des musées de l’IFAN en janvier 2021, je connecte ces projets avec des aménagements plus ambitieux relatifs aux stratégies de relance des trois musées qui sont sous ma direction.
El Hadji Malick Ndiaye est docteur en Histoire de l’art de l’Université Rennes II et diplômé de l’Institut National du Patrimoine (Paris). Ancien boursier de l’Institut National d’Histoire de l’Art et ancien post-doctorant du Laboratoire d’excellence Création, Arts et Patrimoines (Labex CAP), il est actuellement chercheur à l’IFAN/Ch. A. Diop et Conservateur du Musée Théodore Monod d’art africain. Directeur artistique de la 14ème édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar (19 mai-21 juin 2022), il est co-commissaire de l’exposition Picasso à Dakar, 1972-2022 (Musée des civilisations noires, avril-juin 2022). Ses publications portent sur l’art contemporain et les musées africains.
Le projet Transmission étudie les relations entre patrimoine historique et création contemporaine. Chez plusieurs artistes, le souci de revenir sur les traces du passé est un axe majeur de leur démarche. L’artiste explore un fait ou une œuvre, le réinterprète, le travestit, ou le dénature. Il dialogue avec une tradition qu’il retraduit et enchâsse dans un futur. Cette alchimie du travail créateur génère du patrimoine tout en créant de nouvelles archives.
La notion d’objet d’art est réévaluée, suivant un traitement qui se pose en termes de recomposition, remix, sampling, etc. Ce travail, qui nous replace au cœur de la fabrique de l’histoire de l’art, est doublement intéressant quand le musée en soi invite l’artiste à dialoguer avec ses collections. L’artiste et le musée se placent alors, le plus souvent, sur le terrain des idées où il s’agit d’opérer un contre-récit entre l’histoire et la mémoire. Il n’est donc pas étonnant que cette démarche connaisse un renouveau dans le contexte de la restitution du patrimoine africain et du renouvellement des musées du monde entier. La place de l’objet aujourd’hui est au cœur de la crise du modèle muséal et des tentatives qui sont à l’œuvre pour appréhender son changement.
En partant de l’expérience du musée Théodore Monod, il s’agit d’explorer l’intersection entre patrimoine historique et création contemporaine, confrontation qui repositionne le rôle de l’artiste et du conservateur. Il s’agit d’interroger les différentes démarches des artistes face aux collections ainsi que la motivation des musées de même que les stratégies qui les animent.
La notion de transmission pose des questions sur la stratégie curatoriale, la fabrique de l’histoire, la politique des publics et la nouvelle médiation. Il s’agit d’articuler une double pensée. D’abord, il faut comprendre la façon dont les artistes contemporains réinterrogent le passé pour inventer un autre futur en construisant des contres-récits.
Ensuite, ce projet analyse la manière dont les musées travaillent avec les archives et négocient l’Histoire. Le musée comme le lieu d’une autre élaboration du récit historique est exploré dans sa relation avec les artistes contemporains et dans sa capacité à connecter les temporalités. Ce projet se déploie depuis la ville d’Atlanta (High Museum…) et éventuellement à New York (MoMA, Met, Brooklyn Museum…), y compris toute institution muséale dont le profil sera nécessaire pour éclairer le sujet. Il a donc besoin de se nourrir des contacts avec les responsables de musées. Car il consiste à analyser les stratégies et motivations qui les animent dans l’invitation faite aux artistes contemporains pour dialoguer avec le patrimoine historique. Il s’agit de comprendre le travail fait dans ces musées pour interroger l’âme de la ville de même que son histoire.
Ce sujet peut trouver des résonnances profondes dans la manière dont l’histoire noire américaine d’Atlanta est muséifiée et la façon dont les musées se tournent vers le passé à travers le regard des artistes. Il sera nécessaire de rencontrer quelques artistes qui travaillent sur des évènements historiques, les archives du passé ou la problématique de la mémoire.
En partenariat avec
Ford Foundation
La Fondation Ford est un organisme indépendant qui combat les inégalités afin de construire un avenir plus juste. Depuis plus de 85 ans, elle soutient des artistes visionnaires, à la pointe des changements sociétaux dans le monde entier, et s’efforce de renforcer les valeurs démocratiques, réduire la pauvreté et l’injustice, promouvoir la coopération internationale et contribuer aux progrès de l’humanité. Forte d’une dotation de 16 Md$, la fondation siège aujourd’hui à New York et possède une dizaine d’antennes régionales en Afrique, en Asie, en Amérique latine et au Moyen-Orient.
Musée Théodore Monod d’Art africain
Le musée Théodore Monod d’Art africain se situe au plateau, au cœur de Dakar. Il comprend deux principaux édifices de style néo-soudanien et colonial, des ateliers et des studios. La mission première du musée Théodore Monod d’ Art africain de l’IFAN Cheikh Anta Diop est de préserver et de valoriser l’héritage culturel du Sénégal et de l’Afrique toute entière. En tant que gardien de la mémoire collective des cultures du Sénégal et de l’Afrique, le Musée Théodore Monod d’Art africain se veut un espace de souvenir, de dialogue et de rapprochement des peuples. Il célèbre la différence et la diversité culturelle pour stimuler la compréhension entre les peuples.
ADAMA
ADAMA (African Diaspora Art Museum of Atlanta) est un musée innovant présentant l’art contemporain et la culture de la diaspora africaine. ADAMA amplifie les diverses voix de notre famille mondiale en créant des expériences immersives, en cultivant l’apprentissage partagé et en facilitant des points de connexion significatifs.
AUC Art Collective
Housed within the Department of Art & Visual Culture at Spelman College, the Atlanta University Center Art History + Curatorial Studies Collective is an innovative program dedicated to future curators, art historians, museum professionals and artists. It aims to position the Atlanta University Center as the leading incubator of African American professionals in these fields.