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What’s Next? : Diliana Alexander – Fondatrice et directrice de FilmGate Miami

Interview

Par

What’s Next?: Entretien avec Diliana Alexander, co-fondatrice de FilmGate Miami
What’s Next est une série d’entretiens qui explore le future de l’innovation à travers le regard des professionnels américains.

Diliana Alexander est la co-fondatrice et la directrice exécutive de FilmGate Miami, une organisation qui valorise la convergence de l’art, de la science et de la technologie. Diliana accompagne l’émergence de projets dans les domaines du cinéma et de la création numérique et organise chaque année le festival FilmGate Miami. Depuis sa création en 2012, le festival fait la part belle aux expériences françaises de réalité virtuelle et d’applications interactives. En 2020, le film interactif publique de Cinétévé a reçu le prix du meilleur projet.  

Dans les années 2010, Miami n’était pas particulièrement connue pour être particulière active sur les nouveaux médias. Comment est née l’idée de créer un festival dédié aux écritures numériques ?

FilmGate Miami a toujours été en avance sur son temps. Nous avons envie d’ouvrir la voie, et c’est ce que nous faisons le mieux, même si ce n’est pas facile. Il se trouve que FilmGate était mon premier projet autour des écritures interactives. En tant que productrice, au sens traditionnel du terme, j’ai trouvé cela vraiment passionnant. L’idée que le public fasse partie de l’histoire est à la fois stimulante et épanouissante. Je suis indépendante. J’adore donc ce genre de défis. Je savais aussi que l’on participait à quelque chose de nouveau, comme ces pionniers du cinéma qui ont d’abord réalisé des films amateurs, coûteux, expérimentaux, mais avec l’intuition qu’ils ouvraient vers un avenir incroyable. J’ai dû ensuite convaincre mon équipe, mon cofondateur, la Knight Foundation, et tous ceux qui voulaient bien entendre que ces projets, c’était l’avenir, que Miami devait se positionner en première ligne, et vite.

FilmGate Miami, ce sont des films, des hackathons, des séances de réalité virtuelle et des jeux vidéo. Comment définiriez-vous son identité ?    

Notre ADN est dans notre nom, FilmGate. Nous ne sommes pas une société de production traditionnelle, avec un attachement inconditionnel à l’argentique (que nous adorons par ailleurs), mais plutôt une porte vers de nouvelles manières de créer, un portail pour les créateurs de médias émergents, une fenêtre sur une région unique : l’Amérique du Sud et l’Amérique centrale, les Caraïbes, le Sud des États-Unis. A FilmGate, nous aimons et soutenons les nouvelles idées, nous les accompagnons grâce à des séances de mentorat et du soutien technique pour qu’elles se concrétisent. Toutes nos initiatives (laboratoires XR,  hackathons, festivals, ateliers, excursions créatives, productions maison) contribuent à soutenir des processus de création.

Chaque année, durant le festival FilmGate, vous présentez de nombreuses œuvres françaises. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la production hexagonale ? 

Les créateurs français de XR continuent d’être leaders dans ce domaine. Nous montrons bien entendu les œuvres d’autres pays, mais il est inévitable que les projets français soient très représentés, dans la mesure où ils comptent parmi les meilleurs. De plus, le soutien de l’Ambassade de France aux Etats-Unis sont inestimables. Ils nous ont permis de découvrir de jeunes studios dont nous avons suivi le développement, d’organiser des rencontres avec les principaux acteurs du secteur, et ils ont veillé à ce que les créateurs sélectionnés soient présents à Miami. Cela fait toute la différence. Vous devez savoir que depuis la création du festival, en 2013, notre jury international a systématiquement distingué un projet français. Le studio Innerspace et le réalisateur Simon Bouisson ont gagné à deux reprises. Jusqu’à présent, la France est donc la gagnante incontestée de FilmGate Interactive.

Vous êtes l’une des fondatrices du Downtown Media Center. Pouvez-vous nous parler de votre engagement auprès des créateurs locaux ? 

Nous avons ouvert le Downtown Media Center en 2019. C’est un espace de 650 m2, situé en plein cœur de Miami. Il est facilement accessible, même en transports en commun, ce qui est plutôt rare ici. Il dispose d’un atelier, d’une salle de 50 places, d’un studio pour la production numérique, et de quelques bureaux à louer. Nous avons enfin pu regrouper tous nos programmes sous un même toit. Notre partenaire, Heiga Studios, au cinquième étage, assure la prise de son, la création de son immersif, la postproduction sonore et la gestion de droits musicaux. Ensemble, nous travaillons sur une idée et la développons jusqu’à sa présentation dans un festival. Nous sommes le seul studio à but non lucratif de ce type en Floride. Nous accompagnons nos membres tout au long du processus de production et les aidons à améliorer leurs compétences. Le fait d’être au cœur de Miami est idéal : il y a une énergie folle, une lumière exceptionnelle, des restaurants, cafés et hôtels accessibles à pied, de nombreux artistes. Nous sommes proches des quartiers pauvres d’Overtown et de Lemon City (Little Haiti), de Brickell (le centre financier de la ville), et de Wynwood et South Beach, qui représentent les deux extrêmes économiques de Miami. Et nous sommes au service de ces deux facettes, comme une sorte de médiateur.  Ce rôle est essentiel.

Comment envisagez-vous l’avenir des médias interactifs après la pandémie ? Quels sont leurs principaux atouts et les défis qui les attendent ?  

Ce n’est un secret pour personne : la XR s’est très bien portée pendant la pandémie. Les ventes de casques VR Oculus ont explosé, nous avons mené des essais d’expériences à distance, découvert comment travailler, collaborer, créer, réseauter et faire la fête ensemble, virtuellement. Je suis aussi heureuse de pouvoir participer à nouveau en personne aux festivals. J’aime le mariage de l’analogique et du numérique, la magie de la technologie pour augmenter la réalité, même si je ne veux pas perdre de vue le réel. Plus nous nous rapprochons d’expériences numériques indiscernables de la réalité, plus il va falloir aborder ces sujets. Pour l’instant, la technologie n’est pas encore au point : le casque est encore relativement lourd et nous utilisons des manettes. J’ai hâte de n’utiliser que mes mains ! Je sais que Magic Leap et Oculus en sont déjà à ce stade, et qu’il ne reste que quelques petits défauts à corriger. La XR est un domaine passionnant, très solidaire, très inclusif, mais il soulève aussi des problèmes éthiques qu’il faut prendre en compte, tels que la confidentialité, la manipulation, la prise de contrôle par les grandes fortunes, comme ce qui s’est passé pour Internet. Espérons que l’avenir ne soit pas dystopique, il peut en être autrement.

Propos recueillis par Kimberley Gaultier, chargée de mission culturelle, Antenne de Miami des Services culturels de l’Ambassade de de France aux Etats-Unis, Consulat Général de France à Miami.

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Diliana Alexander est une productrice et réalisatrice primée de narrations traditionnelles et interactives. En 2012, elle a cofondé FilmGate Miami, une société de production à but non lucratif qui soutient les nouvelles formes de narration indépendantes. Elle est aussi la directrice exécutive de FilmGate Interactive, le premier festival consacré aux narrations interactives et immersives aux États-Unis, et aux technologies qui les alimentent. En 2017, elle a cofondé le Downtown Media Center, un espace de coworking pour les entreprises liées au secteur des médias à Miami, où elle dirige et produit son premier projet VR, Stiltsville VR.

Traduction: Fast ForWord

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