Olivia Voisin
Directrice de musée et conservatrice du patrimoine
Printemps et Automne 2022
- Musées
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- Washington, DC
« Rendre les collections au public, du point de vue tant de l’accessibilité physique qu’intellectuelle, en travaillant à leur égale appréhension par tous. »
Conservatrice du patrimoine et historienne de l’art spécialiste du XIXe siècle et des relations entre les arts, je suis depuis 2015 directrice des musées d’Orléans et conservatrice des collections contemporaines du musée des Beaux-Arts d’Orléans. Tout au long de mon parcours, j’ai fondé mon action sur la nécessité de rendre les collections au public, du point de vue tant de l’accessibilité physique qu’intellectuelle, en travaillant à leur égale appréhension par tous.
J’ai ainsi mis les modalités de présentation et l’accompagnement du visiteur au cœur des différents projets de redéploiement des collections des musées d’Orléans, et en particulier dans la refonte du parcours du musée des Beaux-Arts, menés depuis 2016. La réflexion sur le cheminement narratif, le renouvellement de la médiation écrite livrant des clés de lecture historiques, artistiques et socio-économiques des œuvres, le choix d’une muséographie évoquant le goût de chaque période ou la mise en avant des personnes qui ont fait le musée sont autant d’éléments qui structurent la déambulation du visiteur pour en faire une expérience immersive dans les collections. Le traitement du contenu des réserves constitue également l’une des sources de ma réflexion, à partir d’œuvres hors des courants en vogue, nécessitant d’importantes restaurations ou remisées pour diverses raisons, et qui sont mises en lien avec le public, invité à participer et découvrir ce patrimoine caché lors de chantiers de collection ou la tenue de grandes opérations de restauration.
En 2019, l’exposition « Et in Arcadia… Fragments de collection » entraînait par exemple le public dans la réalité des réserves de sculptures avec ses problématiques d’altérations liées au contexte historique (guerres) ou aux aléas du goût (désintérêt pour le plâtre au XXe siècle), en posant les questions des choix de restauration et d’exposition. J’ai ainsi construit les nouveaux parcours du musée des Beaux-Arts hors de la stricte notion de choix du conservateur, en faisant prévaloir les solutions scénographiques pour donner sa place à chaque œuvre. Respectueuse du principe selon lequel les collections des musées sont publiques, je conçois le musée comme un lieu où l’accès de toutes et tous à toutes les œuvres est assuré, dans des conditions optimales et favorables à l’appréciation personnelle de chaque visiteur.
Cette résidence a ainsi pour objectif de croiser les approches autour de la notion de « transparence » que les musées doivent adopter à l’égard des visiteurs, notamment en permettant l’accès aux collections publiques, en les partageant, les rendant visibles et compréhensibles par tous les visiteurs. Cette réflexion est menée dans le cadre de la rédaction du nouveau Projet Scientifique et Culture des musées d’Orléans qui accompagne le redéploiement des collections du musée des Beaux-Arts et prochainement de l’Hôtel Cabu – musée d’Histoire et d’Archéologie d’Orléans.
Partir à la rencontre des acteurs clés – directeurs de musée, conservateurs et responsables de collection, équipes de médiation – engagés dans ces réflexions dans les musées américains permettra d’offrir un panorama des diverses solutions proposées, en lien avec l’histoire propre de ces institutions et les enjeux territoriaux qui sont les leurs. Présenter les collections hors des critères de choix personnels, dans une mise en lecture respectueuse de l’œuvre mais aussi du visiteur, permettant une remise en perspective actualisée des collections, doit être le point de départ de la réflexion menée sur la refonte des parcours et la présentation renouvelée des collections. Suivre les initiatives entreprises, questionner les approches et les intentions, comprendre les succès ou les difficultés, permettra de confronter, enrichir et renforcer la pratique que je porte au cœur du projet des musées d’Orléans.
Les questions liées au rapport de transparence sur les collections de la part des musées à l’égard du public sont portées de manières différentes en fonction des institutions, de leur statut et des territoires dans lesquelles elles sont implantées, ce qui rend les échanges franco-américains enrichissants du fait de la pluralité des dynamiques locales et des objectifs de chaque musée dans son travail avec les communautés et associations pour tendre vers une libre appropriation des collections.
Une telle réflexion suggère de se rapprocher de musées de Beaux-Arts ou d’histoire engagés dans des projets de renouvellement muséographique ou de restructuration profonde. La résidence se déroulera en deux temps, en débutant par un premier séjour sur la côte Est, entre Washington et New York, autour de musées tels que la National Gallery of Art de Washington, l’Hispanic Society ou la Frick collection à New York, le Virginia Museum of Art de Richmond ou le Clark Institute, qui tous développent une réflexion nouvelle sur leurs parcours. Un second temps, cette fois en Californie, permettra de découvrir un territoire et d’autres réalités, en allant par exemple à la rencontre des équipes du LACMA de Los Angeles, au moment où se dessine un projet apportant des réponses diverses sur le rapport des collections au public.
D’autres interlocuteurs, de musées relevant de domaines différents, émergeront au fil de ce parcours qui se veut ouvert à des réalités diverses. Avec l’objectif affiché que ces rencontres et que les discussions qui en découleront permettront d’irriguer l’approche défendue par les musées d’Orléans, celle d’un musée ouvert répondant aux exigences de restitution au public de collections que l’institution a le devoir moral de transmettre au plus grand nombre.
En partenariat avec
Musées d’Orléans
Nées en 1825 d’un appel aux dons, les collections des musées d’Orléans sont aujourd’hui réparties entre le musée des Beaux-Arts, l’Hôtel Cabu – musée d’Histoire et d’Archéologie et le musée pour la Biodiversité et l’Environnement. Le Musée des Beaux-Arts conserve l’un des principaux ensembles français d’art européen du XVe au XXe siècle, dont l’histoire, fruit d’une philanthropie qui se perpétue, articule le récent redéploiement de 1100 oeuvres dans une muséographie narrative.