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Missla Libsekal

Programmatrice indépendante
September 2022

  • Arts visuels
  • Musées
  • New York
  • Washington, DC

“The call to decolonize knowledge is an invitation to look at and see reality from multiple worlds.”

Je suis une programmatrice, scénariste/romancière et productrice d’événements culturels indépendante. Je vis à Vancouver, au Canada. Je me suis spécialisée dans la recherche interdisciplinaire et les pratiques artistiques panafricaines.

S’il y a un tournant décisif dans mon attirance pour l’art, c’est la visite de la maison de mes ancêtres à Asmara, en Érythrée, en 2004. L’architecture moderniste de certaines rues et avenues de la capitale m’a subjuguée. J’étais très curieuse de ce que j’observais, et je ne cessais de me dire que l’histoire et la connaissance de ce patrimoine architectural se limitait globalement à quelques cercles et lieux en Érythrée et en Italie, et que la diffusion, l’étude et la connaissance de son histoire était circonscrite géographiquement. Les questionnements nés de cette expérience ont façonné mon travail autour de la diffusion et de la transmission des savoirs, la manière dont j’envisage les archives (qu’elles soient visibles ou invisibles, matérielles ou immatérielles) et les bibliothèques. 

Creating Art Archives (2021) et Beyond What We See: Once Upon a Time, Once Upon a Future (2021), pour Les Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse, sont deux de mes projets les plus récents. Je suis par ailleurs la fondatrice d’Another Africa (2010-2016), une plateforme numérique dédiée à l’écriture de contenus sur les expériences et imaginaires africains et des diasporas africaines. Mes écrits sur les lexiques existant and émergents en matière de pratiques visuelles contemporaines ont également été publiées dans The Africa Report, The Guardian, Art Africa et le magazine d’art SAVVY, notamment.               

 

J’étudie la manière dont certains récits s’inspirent des apprentissages historiquement marginalisés, et comment les communautés noires, issues des diasporas africaines et indigènes s’en servent pour se réapproprier et raconter leur propre histoire. Quand vous n’êtes pas censé survivre, le fait de se réinventer en reprenant possession de l’avenir est un acte radical. Dans le contexte canadien où je me situe, les communautés noires, issues des diasporas africaines et indigènes ont toujours dû lutter pour se faire entendre et faire reconnaître leurs droits. Ces forces d’opposition font écho à notre société de consommation, fondée sur un impératif de compétition impitoyable, celui de croître ou de disparaître. L’appel à décoloniser le savoir nous propose d’observer le réel depuis différents points de vue. Quelle connaissance de la planète, et de notre place sur Terre aurait-on si nous pouvions puiser dans la myriade d’archives des savoirs traditionnelles, botaniques, édaphiques et ancestraux pour appréhender la réalité ?

Ce qui m’intéresse, c’est la manière dont les œuvres contemporaines et les pratiques liées à la création d’expositions ouvrent la voie à ce genre d’approches productives, et à une réflexion sur la manière dont les communautés noires, issues des diasporas africaines et indigènes se sont organisées au cours des siècles pour survivre à l’exil et la spoliation. Cela peut-il nous aider à imaginer un monde fondé sur l’interdépendance plutôt que l’extraction ? Quels sont les approches d’occupation de l’espace qui peuvent nous aider à améliorer notre relation aux lieux dans lesquels nous vivons ? Quels sont les approches subversives qui nous aident à trouver de nouvelles manières d’envisager la notion de liberté ?

Outre quelques séjours occasionnels à New York, je passerai la plus grande partie de mon temps de résidence à Washington, siège de grandes institutions culturelles comme les musées nationaux du Smithsonian, qui opèrent au croisement de la diffusion des connaissances et d’une approche interdisciplinaire des expériences américaines. Je m’intéresserai plus particulièrement au National Museum of African American History & Culture, au National Museum of African Art, au National Museum of the American Indian, au National Museum of Natural History et à l’Anacostia Community Museum.

Je souhaite y rencontrer des personnes qui travaillent dans la culture, visiter les principales archives et institutions dédiées à l’histoire des communautés noires, issues des diasporas africaines et indigènes, et me documenter sur les stratégies adoptées par ces musées pour créer des espaces de narration, de même que sur les protocoles et pratiques mis en œuvre pour la recherche muséologique, les expositions et la programmation d’archives orales ou familiales, et de récits personnels.

J’espère ainsi mieux cerner la manière dont les institutions revalorisent et travaillent avec différents savoirs, notamment traditionnels, botaniques, édaphiques et ancestraux, celui des aînés et des guérisseurs, dont on ne tenait généralement pas compte, voire qu’on ostracisait. Je souhaite par ailleurs étudier la manière dont les connaissances interdisciplinaires de domaines non-artistiques comme l’ethnobotanie ou les sciences indigènes peuvent contribuer à la création de nouvelles approches.

Pour cela, j’examinerai la manière dont les institutions collaborent avec les universitaires, et notamment les spécialistes de chacune de ces communautés, sur ces nouvelles approches, et comment les musées travaillent avec les gardiens des savoirs traditionnels pour proposer des récits qui établissent des connexions entre les objets, humanisent et réfutent les représentations statiques des peuples noirs et indigènes. J’analyserai aussi les stratégies mises en place dans l’art contemporain pour que les communautés marginalisées puissent raconter les histoires qui leur tiennent à cœur.

 

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