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Léna Blou

Anthropologue, Danseuse, chorégraphe, pédagogue
Mars-mai 2023

Dominique Desplan

  • Arts de la scène
  • Chicago
  • Houston

« Pendant ma résidence il sera question de vérifier l’hypothèse selon laquelle l’histoire coloniale et esclavagiste a généré une façon de bouger qui relate une approche spécifique du monde. »

Je suis danseuse, chorégraphe, pédagogue et docteure en anthropologie de la danse. Depuis ma rencontre à l’âge de six ans, avec Jacqueline Cachemire, je suis pétrie par la danse et dévolue au Gwoka, danse traditionnelle de Guadeloupe.  

Je découvre le métier de danseuse interprète aux côtés de Jean Nanga et renouvelle l’expérience avec d’autres chorégraphes : Quentin Rouiller, Jean-Jacques Vidal ; des metteurs en scène : Claude Moreau, Gerty Dambury, et des musiciens : Luther François, Jacques Marie-Basse, Charly Chomereau-Lamotte, pour ne citer que ceux-là. Parallèlement aux cours théoriques, je participe à de nombreux stages, toutes techniques confondues, en Europe, aux États-Unis et dans la Caraïbe.  

Dès mes débuts, je côtoie les plus grands dont Bruce Taylor, Carolyn Carlson, Walter Nicks, Alvin Mac Duffy, Anna Czajun, Jacqueline Fynaert, Dominique Bagouet, Alphonse Thiérou, Carlotta Ikéda, Joe Alégado, Frey Faust, Pascale Couillaud, entre autres.  

Tout au long de ma carrière de danseuse et de chorégraphe, je développe de nombreuses collaborations artistiques : Maurice Béjart (Suisse), Germaine Acogny (Sénégal), Haruko Nara (Japon), Gino Sitson (USA), Jacques Schwarzt-Bart (Guadeloupe), Bernadot Montet (France), James Carles (France / Cameroun), Jeanguy Saintus (Haïti), Rui Moreira (Brésil), etc. 

Dans les années 1990, j’entame un long processus d’analyse didactique des danses Gwoka qui se concrétise par l’élaboration d’une nouvelle technique corporelle (Techni’ka) et l’émergence du concept du Bigidi, affirmés dans l’ouvrage Techni’ka, paru aux Editions Jasor en 2005 (édition revue et augmentée en 2021). 

Je reste fortement impliquée dans la transmission de la Techni’ka et de la philosophie du Bigidi. 

 

Lēna Blou est détentrice d’un DEUG Danse et d’un diplôme d’interprétation chorégraphique, ainsi que d’un diplôme d’État en jazz et en contemporain et d’un diplôme d’enseignement de la danse (CA). En 1990, elle crée le CDEC, Centre de danses et d’études chorégraphiques, puis la Compagnie Trilogie en 1995. Elle obtient par la suite un Master II en Arts Caribéens et Promotion culturelle en 2015, puis un doctorat en 2021. En 2017, elle fonde son propre lieu : le Larel Bigidi’Art, alliant la formation, la création et la recherche. Depuis 2020, elle développe ses projets au sein de Lafabri’k, Laboratoire des danses et expressions en mouvement. En 2008 elle obtient la Légion d’honneur et devient Officière de l’ordre national du mérite en 2013. 

Le corps dansant guadeloupéen a une forte propension au déséquilibre permanent. Quel est le sens du chaos corporel observé chez le danseur de Léwòz en particulier et dans les danses caribéennes en général ? Le Gwoka, danse dite « traditionnelle » de Guadeloupe, m’a servi d’archétype référentiel. En l’étudiant de manière scientifique, j’ai pu établir une nomenclature et dégager des concepts adaptés à la corporéité caribéenne. Cette taxinomie enrichit mon écriture chorégraphique, me permet de proposer une nouvelle approche pédagogique et de mener une réflexion autre sur le monde caribéen. 

 

J’ai nommé Bigidi le geste fondateur qui sous-tend la culture musico-chorégraphique caribéenne, terme polysémique qui renvoie au déséquilibre, à l’esquive, à la feinte, à l’imprévisibilité du geste, à une instabilité corporelle, à un état de corps fluctuant et inattendu. _ Le Bigidi nous offre des clés pour lire et comprendre la technicité et l’esthétique des danses caribéennes mais aussi l’aspect heuristique, anthropologique et philosophique de la pensée émanant de la Caraïbe, pensée qui s’exprime dans les corps relevant du chaos, de la rupture et de l’adaptation. 

 

Je souhaite que ma résidence à la Villa Albertine soit un laboratoire vivant me permettant de réfléchir, d’expérimenter, avec des artistes et des chercheurs, dans l’optique de vérifier l’hypothèse selon laquelle l’histoire coloniale et esclavagiste a généré une façon de bouger le corps qui relate une approche spécifique du monde, relevant précisément de la théorie du Bigidi. Il y a une philosophie du corps en lien avec une philosophie sociale. Il s’agira par la création, la performance tant en danse que dans d’autres disciplines artistiques (théâtre, peinture, etc.) de rendre compte de l’esthétique de l’harmonie du désordre. La praxis sera soutenue par la réflexion avec les chercheurs afin d’approfondir les concepts inhérents au Bigidi, traduit par des séminaires, des panels ou des articles. 

 

La Caraïbe et les États-Unis ont indéniablement une histoire commune, celle de la colonisation. Tout comme la Guadeloupe, Houston, Chicago et Atlanta héritent du phénomène de racialisation (Noir/Blanc). Les Caribéens ont développé des stratégies de vie en marge du système dominant, ce, par la culture. « Nous sommes la création de mondes émigrés de la mer et de la fin du monde, … et l’incendie ne nous a pas éteint », D. Maximin. De par l’histoire esclavagiste, la nature instable de l’espace (ouragan, séisme, volcan, raz-de-marée), de par la permanence des relations socio-économiques basées sur la racialisation, les caribéens ont intégré le chaos comme étant une force de vie. Qu’en-est-il pour les Afro-américains ?  

Houston, Chicago, Atlanta comme Pointe-à-Pitre, sont des lieux de diversalité humaine et sociale, carrefour culturel marqués par une forte immigration européenne, africaine, et caribéenne. L’urbanité offre un contexte intellectuel, artistique, civique, social particulier. L’intérêt pour moi est de rencontrer autant les lieux (DuSable Museum of African American History, Katherine Dunham Center for Arts and Humanities, musée APEX d’Atlanta, Martin Luther King, Jr. National Historic, par exemple), que des artistes, des personnes ressources (particulièrement des afro-américains), confrontés au poids de l’histoire. Il est important pour moi d’échanger avec des chercheurs qui questionnent ces problématiques et tirent des enseignements de la corporalité des afro-descendants tant américains que caribéens, susceptibles d’apporter des réponses à la société du XXIe siècle. Comment habiter le chaos-monde ? La théorie du Bigidi dont le principe fondateur est désordre/adaptation, peut-elle s’appliquer au monde états-unien ?  

 

En partenariat avec

Lafabri’k espaces des arts en mouvement, Les Abymes

LAFABRI’K est née sous la présidence de Madame Marie-Laure Poitout et qui a pour vocation de fabriquer les rêves du CDEC.

LAFABRI’K est un espace chorégraphique et culturel pour former des petits, des néophytes, des amateurs et des professionnels, dans les valeurs d’excellence et d’authenticité pour qu’ensemble ils manipulent l’art du mouvement, pour se métamorphoser en artisans, en artistes, en créateurs de la Danse !

Georgia State University, Atlanta, Géorgie

Georgia State est l’une des principales universités de recherche urbaines du pays et la seule en Géorgie. Elle est reconnue internationalement comme le leader dans l’introduction de technologies avancées, de programmes et d’initiatives qui favorisent la réussite des étudiants. L’université a augmenté son taux d’obtention de diplôme de 62 % depuis 2010. Elle confère des diplômes à plus d’Afro-Américains et de minorités que tout autre établissement du pays et a éliminé l’écart de réussite, prouvant que les étudiants de tous les milieux peuvent exceller aux mêmes niveaux élevés.

 

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RICE University, Houston, Texas

En tant qu’université de recherche de premier plan avec un engagement distinctif envers l’enseignement de premier cycle, l’Université Rice aspire à une recherche novatrice, à un enseignement inégalé et à une contribution à l’amélioration de notre monde. Elle poursuit cette mission en cultivant une communauté diversifiée d’apprentissage et de découverte qui produit des leaders à travers le spectre de l’activité humaine.
Rice est une communauté de penseurs curieux, de rêveurs passionnés et d’acteurs énergiques qui croient que l’amélioration du monde exige plus qu’une pensée audacieuse et une action courageuse. Leur motto est « sagesse inconventionnelle ».

 

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