Nicolas Koulibale & Naïmé Perrette
Cinéastes
Automne 2025
- Cinéma
- Washington, DC
« Nous chercherons à proposer une plongée poétique, politique et sociale au cœur de la ville de Richmond et à explorer la façon dont le hip-hop y représente un vecteur d’élévation individuelle et collective. »
Notre duo se construit sur nos complémentarités : l’un a un œil de producteur et porte l’intuition que la scène rap de Richmond mérite toute notre attention ; l’autre est réalisatrice et plasticienne, habituée à se rendre attentive aux dynamiques de différents groupes sociaux avec sa caméra. Ensemble, nous écrivons notre premier projet commun : un long-métrage documentaire.
À travers ses différentes pratiques (vidéo, image, sculpture et installation), Naïmé interroge les rapports à nos environnements sociaux et géographiques. Le rôle de l’art et du travail dans la construction de l’identité est un de ses sujets récurrents. Ses films sont des plongées dans l’underground, au sens propre ou figuré : au fond d’une mine russe, à bord d’un chalutier français, dans la scène punk hardcore de Melbourne, et maintenant au coeur de la scène hip-hop de Richmond.
Elle dirige en parallèle des projets curatoriaux, ainsi que des ateliers en milieu social ou en écoles d’art.
Après une première carrière dans le domaine juridique, Nicolas accompagne la production et le développement de films documentaires portant sur des questions sociales, politiques et culturelles. Passionné de hip-hop et de récits au sens large, sa découverte de la richesse de l’écosystème artistique de Richmond l’entraîne vers la réalisation documentaire.
Pour cette première réalisation commune, nous voulons mettre en perspective les trajectoires individuelles de deux artistes ayant 20 ans d’écart, comprendre le contexte socio-politique dont ils héritent, et les transformations auxquelles ils participent.
Diplômée d’un Master en Cinéma d’Animation (ENSAD – Paris), Naïmé Perrette a été résidente à la Rijksakademie (Amsterdam) et récompensée de la bourse Werkbijdrage Jong Talent. Son travail a été présenté au Wiels (Bruxelles), la Biennale d’Art Contemporain d’Oural (Yekaterinburg), HKW (Berlin), Eye Filmmuseum (Amsterdam), la Gaîté Lyrique (Paris) et au Musée d’art moderne (Rio de Janeiro).
Diplomé d’un Master de Production Cinéma & Audiovisuel (Montpellier – Paul Valéry 3), Nicolas Koulibale a accompagné la production et le développement de productions audiovisuelles telles que Machine (meilleure série française 2024, Séries Mania) ou Zahia, un temps d’avance (prix spécial culture 2023, festival de Luchon).
En un demi-siècle d’existence, le hip-hop est devenu un pilier de la culture américaine. Il est même aujourd’hui le genre musical le plus écouté dans le monde. Si le « peace, love & unity » initial s’est inévitablement dilué face aux centaines de millions de dollars que l’industrie génère désormais chaque année, des milliers d’artistes s’attèlent, dans l’ombre, à façonner un rap que l’on pourrait qualifier d’artisanal. Nichée entre New-York et Atlanta, la ville de Richmond, en Virginie, a grandi dans l’ombre de ses deux grandes sœurs. Sans faire de bruit, elle est aujourd’hui devenue un haut-lieu de ce rap s’inscrivant en opposition ou en complément de propositions plus industrielles.
En dessinant sur plusieurs années le portrait intime de Zuri et Nickelus F, deux rappeurs situés à différentes étapes de leurs carrières et de leur développement artistique, nous chercherons à proposer une plongée poétique, politique et sociale au coeur de la ville de Richmond et à explorer la façon dont le hip-hop y représente un vecteur d’élévation individuelle et collective.
Nous voulons proposer une expérience aussi intime et immersive que possible. Mais au-delà des trajectoires individuelles à l’œuvre, nous nous attacherons à dresser le portrait d’une communauté, à saisir le pouls de la ville de Richmond et à retranscrire la façon dont la musique y fait office de véritable ciment social. La constellation que nous cherchons ainsi à composer alimente une réflexion sur la nature de l’expérience noire américaine, dans une ville, symbole des fractures de ce pays, où un écart de plus de 20 années d’espérance de vie séparent les habitants en fonction du quartier dans lequel ils vivent.
Ancienne capitale de la Confédération, située sur la Mason-Dixon line qui démarquait les États abolitionnistes du Nord et les États esclavagistes du Sud, Richmond est un lieu de contrastes. Hébergeant plusieurs entreprises membres du Fortune 500, elle reste une ville gangrénée par la pauvreté et la violence. Lieu de naissance du premier Black Wall Street, Richmond a toujours été marquée par la solidarité de sa communauté Africaine-Américaine. Ces dernières années, la ville s’est distinguée en étant un des hauts lieux du mouvement Black Lives Matter. En 2020, les habitants y ont notamment “repris” Monument Avenue, symbole du passé de la ville où étaient érigées plusieurs statues de figures sudistes de la guerre de sécession.
Au plan musical, à l’image du chanteur D’Angelo, seul artiste local a avoir acquis une renommée internationale qui a quitté sa première tournée mondiale pour disparaître pendant près de 15 ans, Richmond semble destinée à s’épanouir à l’ombre des projecteurs. Pourtant, tous les artistes locaux préssentent que la ville est aujourd’hui à l’aube d’un changement.
Notre résidence nous permettra d’aller à la rencontre de la scène locale et l’exploration que nous mènerons sur place nous permettra de mieux saisir toute l’épaisseur sociale et politique que nous voulons apporter à notre film. Nous investirons notamment deux lieux emblématiques de la dynamique locale, qui apparaissent comme des îlots de bienveillance et de solidarité au milieu d’une société impitoyable.