Lorenzo Bianchi Hoesch
Musicien
Octobre-Décembre 2023
- Musique
- New York
« La relation avec la musique Maqam découle de rencontres faites dans la vie et d’un intérêt particulier pour la microtonalité. Grâce à l’électronique, fluide par nature et organisée autour des fréquences plutôt que des demi-tons, il est réellement possible d’entrer en relation avec des mondes musicaux si différents du système musical occidental. »
Je compose de la musique électronique. Immergé dans la musique électronique expérimentale et de recherche, je construis mon langage et mon univers sonore à partir des codes de la musique électronique dans sa globalité et sa complexité.
Par nature hostile à toute forme de purisme, mettant sur le même plan théorique et pratique des éléments provenant de cultures très éloignées, je crois qu’écrire de la musique consiste plus à relier des éléments épars dans le monde contemporain qu’à s’attaquer à une feuille blanche, en revanche, j’invente mes propres logiciels et je crée mes propres sons.
Il en résulte un langage où la synthèse pure et cristalline cohabite avec des univers acoustiques très différents. La relation est la clé de mon projet.
C’est pourquoi l’espace est un paramètre fondamental pour moi. Une musique pleine de lieux différents, de grands environnements précaires, éphémères et dynamiques.
La relation avec la musique Maqam découle de rencontres faites dans la vie et d’un intérêt particulier pour la microtonalité. Grâce à l’électronique, fluide par nature et organisée autour des fréquences plutôt que des demi-tons, il est réellement possible d’entrer en relation avec des mondes musicaux si différents du système musical occidental.
De façon générale, cela est le but de mon projet. Il n’y a donc pas d’opposition, mais une collaboration et un partage entre moi et les musiciens Maqam avec qui je vais travailler.
Lorenzo Bianchi Hoesch est compositeur et artiste sonore. Ses centres d’intérêt vont de l’électronique pure aux compositions pour le théâtre et la danse, aux installations interactives. A travers des projets, comme ceux avec Ballaké Sissoko ou Amir Elsaffar, la création d’installations sonores immersives comme Square pour l’Ircam – Centre Pompidou, Atolls pour le Musée du Quai Branly à Paris, ou Open Land pour la Fondazione Haydn, ou encore des collaborations avec des chorégraphes, des musiciens et des artistes, il cherche à créer des liens entre des éléments distants. Il a reçu des commandes de diverses institutions : Ircam-Centre Pompidou, Groupe de recherche musicale (GRM), Biennale de Venise, Opéra de Göteborg, Musée du Quai Branly, Opéra de Sarrebruck, Ballet national de Marseille, RhurTriennale, Fondation Royaumont, Fondation Haydn, FaceFoundation, et bien d’autres, et s’est produit dans le monde entier.
Le projet se base sur la relation artistique que j’entretiens avec Amir ElSaffar, un musicien irako-américain qui vit à New York, avec lequel j’ai déjà réalisé plusieurs projets, et avec lequel la recherche est loin d’être terminée, puisqu’elle a généré un profond désir de poursuivre le chemin que nous avons entamé en l’étendant à d’autres musiciens.
L’idée est d’entrer en contact avec des musiciens de la communauté arabe du Moyen-Orient basée à New York, de les inviter à des sessions d’improvisation, d’approfondir les gammes du Maqam, de m’immerger dans leurs systèmes de composition et de les mettre en relation avec ma propre approche compositionnelle basée sur l’électronique en temps réel.
L’organisation d’Amir mène un projet appelé The Maqam Project grâce auquel il peut soutenir ma résidence et son organisation d’une manière très pratique. Beaucoup de musiciens qui ont le profil parfait pour commencer la recherche sont rassemblés autour de ce projet, ce qui est passionnant et facilite les choses, du moins au début.
La rencontre entre des instruments anciens et ancestraux comme le oud, le buzuq, le santur, le joza… et une électronique complexe qui élargit les possibilités de l’instrument acoustique, comme la mienne, est au cœur de ce projet.
En immergeant des instruments traditionnels dans des univers sonores contemporains, le mélange des cultures prend une forme concrète. La recherche ne vise pas à produire un « projet de musique du monde » en décontextualisant les sons des instruments traditionnels, mais plutôt à activer des collaborations pour construire un discours commun dans lequel les sonorités sont complémentaires et indissociables.
Il n’y a pas d’opposition entre deux mondes, acoustique et électronique, traditionnel et contemporain, moyen-oriental et occidental, mais plutôt une acceptation, une collaboration et une prise de risque.
Une grande communauté de musiciens du profil qui m’intéresse est concentrée dans ce lieu. Les musiciens que j’ai rencontrés lors de mes précédents voyages à New York ont deux cultures qui coexistent en eux. D’une part, celle traditionnelle de leurs origines, Palestine, Irak, Iran, Syrie, Égypte… et d’autre part, celle de leur pays d’accueil, l’Amérique.
Dans mes projets précédents, j’ai constaté que les musiciens ayant des antécédents culturels traditionnels profonds, mais qui veulent se connecter à d’autres cultures, telles que les cultures occidentales, ont l’esprit ouvert, les oreilles curieuses et les compétences techniques et artistiques nécessaires pour construire un discours commun avec moi.
En ce sens, je trouve que l’esprit d’ouverture qui les caractérise est grand et sans précédent par rapport à la sphère dans laquelle je travaille en Europe, et c’est très fertile pour créer un son partagé qui non seulement respecte la profondeur historique de leurs traditions, mais qui résonne aussi avec mes sensibilités et mes technologies.
En partenariat avec
GMEM — Centre national de création musicale
Dirigé depuis 2011 par Christian Sebille, le GMEM accompagne des équipes artistiques, notamment lors de résidences, produit des spectacles dans le domaine de la création musicale, conduit de nombreuses actions pédagogiques, d’enseignement, de formation. Il partage toutes ces activités lors de présentations régulières aux publics (concerts, installations, rencontres, sorties de résidences…).
Fondation Camargo
Amir Elsaffar LLD, New York
Pioneer Works, New York