Justine Emard
Artiste Visuelle
Automne 2025
- Création numérique
- Boston
« Une phantasie immersive : explorer les réalités neurologiques à l’aide de l’IA, de la conscience aux rêves. »
Depuis plusieurs années, j’explore toute l’étendue de la plasticité des cerveaux humains et non humains. Je me suis intéressée au monde des interactions neuronales, des réseaux de neurones artificiels, des enregistrements du sommeil et des expériences dans l’espace. Plongés au cœur de l’expérience, les visiteurs sont devenus les passagers de mes installations (Neurosynchronia, Live Dream). Ma pratique est à la croisée de différents stades, du conscient à l’inconscient, de l’accessible à l’inaccessible. Sur la base d’encéphalogrammes de mon sommeil, j’ai conçu le protocole des Dreamprints, des sculptures imprimées à partir de mes rêves.
En 2021, lors d’une résidence au Centre national d’études spatiales (CNES), je me suis inspirée des enregistrements du sommeil des astronautes d’une mission spatiale. À partir de données enregistrées pendant plusieurs nuits dans l’ISS, j’ai créé une série de vingt-trois sculptures rêvées dans l’espace. Le vertige des profondeurs de ces encéphalogrammes réalisés à 400 km au-dessus de nos têtes m’a amenée à travailler sur les affichages en immersion.
Après ces expériences de création, j’aimerais désormais explorer une couche plus profonde du cerveau en abordant des méthodes scientifiques impliquant l’électroencéphalographie, les IRM et l’apprentissage automatisé. L’idée est de développer un projet en relation avec les interfaces cérébrales qui pourrait impliquer des réactions à des objets physiques et des images génératives.
J’imagine ma résidence à la Villa Albertine comme un catalyseur de mes recherches sur l’imagerie cérébrale profonde. Les expériences qui ponctueront mon séjour me permettront d’examiner différents types d’images mentales et d’approfondir mon exploration des tréfonds du cerveau.
Justine Emard, artiste plasticienne, vit et travaille à Paris. Ses œuvres explorent les nouvelles relations qui se créent entre nos existences et la technologie. En associant les différents médiums de l’image – de la photographie à la vidéo en passant par la réalité virtuelle –, elle situe son travail au croisement des neurosciences, des objets, de la vie organique et de l’intelligence artificielle. Ses œuvres font partie de plusieurs collections nationales et internationales. En 2021-2022 et en 2023-2024, elle a été artiste-professeure invitée au Fresnoy, Studio national des arts contemporains. Elle est également directrice artistique de l’exposition permanente du Pavillon de la France pour la prochaine exposition universelle à Osaka en 2025.
★ Cerveau : l’immersion ultime : images et objets neurogénérateurs ★
À la croisée des neurosciences, des systèmes d’IA générative et des affichages immersifs, le projet Phainomenon: Immersive Phantasia étudie les possibilités de neurogénérer des images à partir des signaux du cerveau et de développer un environnement immersif interagissant avec des objets concrets.
Notre cerveau reproduit chaque jour des images, en réorganisant les souvenirs et les imaginaires au cœur de nos rêves. Serait-il possible de créer un environnement immersif total, comme celui des rêves, à partir des données de notre cerveau ? Que se passerait-il sous nos yeux si nous étions capables de générer des images concrètes par la pensée ?
Ma démarche consiste avant tout à établir des passerelles entre les objets réels, la force de l’imagination et sa représentation mentale. Ces connexions permettront d’enraciner les matériaux qui serviront à la création de nouvelles œuvres d’art.
L’objectif de ce projet est d’étudier l’activation et le contrôle d’objets concrets par la concentration ou l’imagination des spectateurs et d’amener le public à expérimenter une vision totale au royaume de l’imaginaire.
J’ai conçu ce projet dans le but de créer une expérience collective où les cerveaux feront l’interface entre le public et les œuvres d’art.
* Le mot phainomenon évoque, par ses racines latines, la lumière (phỗs en grec) et le fait d’éclairer, d’exposer ce qui était caché (phaino). L’origine du mot phénomène renvoie à l’idée d’être ici, en pleine lumière.
★ Rêves, souvenirs et imagination en tant que dimensions cognitives ★
Les rêves sont le reflet inversé de notre quotidien. Ils créent des mécanismes émotionnels à partir de nos réflexions individuelles ou collectives, génèrent pendant la nuit des émotions et des situations simulées au plus profond de notre subconscient, comme une réalité virtuelle. Je suis convaincue qu’en rejouant et en déjouant la réalité, les profondeurs de notre imaginaire nous donnent accès à une autre manière d’appréhender ce que nous sommes et le monde qui nous entoure.
Pourquoi les États-Unis ? Parce que de nombreux laboratoires américains sont à la pointe de la recherche en matière d’apprentissage automatisé, d’intelligence artificielle et d’informatique quantique. Les laboratoires ont beaucoup d’expérience en matière de calcul lié aux neurosciences. Pour ce projet, j’aimerais visiter les grands pôles technologiques et scientifiques universitaires afin d’établir des passerelles entre les différents aspects de ma recherche.
Le Massachusetts Institute of Technology (MIT), à Boston, est l’un des leaders mondiaux dans le domaine des neurosciences, avec des projets autour de l’imagerie cérébrale et de l’intelligence artificielle. Le concept de « phantasie artificielle » est la prochaine frontière de la création humaine, et j’ai hâte d’étudier les découvertes récentes en la matière pour approfondir cette pratique.
Le MIT a une grande expérience des interfaces cérébrales avec les esprits endormis et éveillés. Leurs systèmes sont à la pointe des nouvelles avancées. Dans différents laboratoires et directions de recherche, chacun peut se connecter à des machines ou d’autres dimensions de la conscience, pendant le sommeil, par exemple, et influer sur le contenu de leurs rêves.