Johanna & Esther Mirabel

Notre projet Paysages invisibles vise à cartographier les flux humains, culturels et mémoriels à travers l’étude des pratiques rituelles et festives dans la ville de Miami. Inspirées par la méthode des loci, la dérive psychogéographique et la scénographie urbaine, nous souhaitons composer une série de cartes sensibles nourries de nos observations et de nos rencontres sur le terrain.

Nous interrogerons les liens entre spiritualité, mémoire collective et morphologie urbaine à travers des manifestations locales comme le Carnaval de Miami, le Mardi Gras de Coconut Grove, Calle Ocho, ou encore les fêtes diasporiques haïtiennes et cubaines. Ces événements sont envisagés comme des “nœuds mémoriels”, des lieux de convergence où s’inscrivent dans l’espace les récits individuels et collectifs.

Pendant la résidence, nous réaliserons des relevés, des entretiens et des captations sensibles – sonores, graphiques, cartographiques – dans différents quartiers multiculturels de Miami. Ces matériaux seront intégrés dans la conception d’un atlas visuel et d’installations sculpturales conçues pour des expositions futures. Ce corpus articulera formes architecturales modulables, peinture murale anamorphique, récits oraux et fragments mémoriels.

Ce projet explore la manière dont les traditions se transforment et s’inscrivent dans la ville à travers les corps en mouvement. Nous souhaitons ainsi créer une œuvre à la fois plastique et sociologique, capable de rendre visibles les couches de mémoire enfouies dans le tissu urbain.

Nous avons choisi Miami comme terrain de recherche pour sa richesse culturelle, sa diversité diasporique et son identité urbaine hybride. Ville‑palimpseste où coexistent influences caribéennes, sud‑américaines et nord‑américaines, elle constitue un territoire d’expérimentation idéal pour notre étude des « paysages invisibles ».

À travers ses carnavals, parades et célébrations communautaires, Miami est le théâtre de pratiques culturelles vivantes et réinventées dans le contexte migratoire. Nous observerons comment les habitants de quartiers comme Little Havana, Little Haiti ou Liberty City investissent et transforment l’espace public, dessinant temporairement une mémoire active de la ville.

Nous projetons de rencontrer Germane Barnes — architecte, designer et professeur à l’Université de Miami, dont le travail interroge l’identité urbaine et la mémoire architecturale — pour échanger sur les liens entre architecture, identité et rituels urbains. Nous visiterons également des institutions de référence telles que le Pérez Art Museum, le Norton Museum et le Rubell Museum, afin de nourrir notre réflexion plastique, sociologique et urbanistique.

Ces rendez-vous et visites visent à approfondir notre compréhension des dynamiques culturelles, sociales et politiques qui façonnent Miami. Architectes, artistes, chercheurs, chorégraphes ou responsables associatifs sont autant d’interlocuteurs susceptibles d’enrichir notre travail. Nous explorerons la dimension performative du carnaval de Coconut Grove, celle de Calle Ocho, et les manifestations haïtiennes et cubaines.

Notre démarche est de capter comment ces pratiques festives et rituelles modèlent l’espace et nourrissent l’imaginaire collectif. Ce lien entre art, architecture, mémoire et société ancre notre projet dans les réalités culturelles américaines, en convoquant les corps, les récits et l’architecture comme vecteurs de mémoire vivante.