Indiana Wollman

En 2023, nous sommes toujours nombreux à croire aux pouvoirs de la musique pour « faire humanité ensemble ». Au sein des sociétés plurielles occidentales, dans ce monde globalisé, l’élargissement et le renouvellement des publics reste un enjeu crucial de toute institution culturelle.  

De quels moyens les institutions musicales patrimoniales de part et d’autre de l’Atlantique peuvent-elles se doter pour continuer à démocratiser l’accès à la musique, mais également pour opérer une mise en pratique de la démocratie culturelle ? 

En explorant différentes institutions, en rencontrant différents acteurs clefs du monde de la musique, j’aimerais mieux comprendre ce qui se fait pour répondre aux enjeux contemporains de démocratisation et démocratie culturelle. Deux axes en particulier vont guider ma résidence.  

Le premier concerne les politiques éducatives, parfois très ambitieuses, portées par les institutions culturelles. Que produisent les programmes d’éducation à l’art et par l’art ? Quels impacts sur les environnements professionnels et la société en général, et quel impact spécifique dans l’évolution du public des salles de concert de demain ?  

Le second concerne les espaces dans lesquels se déploient les institutions culturelles, et le développement du complexe musical comme lieu de vie. Quelle programmation hors des salles dans les lieux de circulation ? Comment penser l’articulation d’une salle de concert avec d’autres organisations musicales, artistiques, citoyennes (associations, crèches,..) et économiques (restaurants, librairie,..) ? Quel impact sur la découverte de l’institution pour de nouveaux publics ?

Je suis convaincue que ces deux axes doivent être éclairés par une approche scientifique qui apporte une contribution intellectuelle spécifique. Je souhaite ainsi associer des chercheurs des Universités américaines de toute discipline, des sciences humaines au sciences cognitives, ayant porté un regard sur les projets menés par les institutions musicales visitées dans le but de créer des synergies autour de ces réflexions partagées. 

Cette résidence se déroulera principalement à New York et à Los Angeles. Ces deux villes des Etats Unis, dont la vitalité artistique et le foisonnement en matière de projets d’éducation artistique et culturelle pour tous les publics ne sont plus à démontrer, seront un atout précieux pour mettre en perspective tout le travail engagé à la Philharmonie de Paris sur ces sujets dans le cadre des politiques publiques de la culture. En outre, ces deux villes offrent la possibilité de rencontrer des chercheurs de différentes disciplines, rattachés à des Universités de premier plan. 

À New York, plusieurs centres d’art et salles de concert faisant vivre de grandes phalanges portent également des projets éducatifs ambitieux, le Lincoln Center mais également le Carnegie Hall avec le Weill Music Institute par exemple. Je souhaite renforcer les liens entre la Philharmonie de Paris et Columbia University et je me rendrai à Duke University pour poursuivre les échanges stimulants déjà engagés. 

À Los Angeles, les orchestres de jeunes dont ceux du programme YOLA adossé au Los Angeles Philharmonic ont établi des liens très forts avec des instituts de recherche de pointe comme le Brain and Creativity Institute. Ce regard neuroscientifique m’intéresse tout particulièrement. Je souhaite aussi me rendre à San Francisco pour mieux comprendre le partenariat noué entre le San Francisco Symphony et le San Francisco Unified School District. 

Cette résidence sera donc l’occasion de rencontrer de nombreux acteurs clefs du monde de la musique et du monde universitaire pour développer des synergies et des partenariats de recherche sur ces questions partagées.