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Dorothée-Myriam Kellou

Journaliste, réalisatrice et autrice
Automne 2024

  • Non Fiction
  • Chicago
  • New York
  • Washington, DC

« Entre Washington, New York, Chicago, Paris et Alger, je mène une recherche littéraire sur l’islam féminin et soufi pour nourrir un roman où maternité, mémoire et foi explorent la possibilité de libérations face aux violences coloniales, postcoloniales et patriarcales. »

Je suis journaliste, réalisatrice et autrice. Mon parcours s’est construit à la croisée du documentaire, de l’écriture et de l’enquête, avec une même exigence : donner voix aux silenciés. Révéler l’affaire Lafarge en Syrie m’a appris que l’investigation peut interroger les responsabilités morales et politiques. Mon film À Mansourah, tu nous as séparés (2019, Étoile de la SCAM 2021), mon podcast L’Algérie des camps (2020, France culture) mon livre Nancy-Kabylie (Grasset, 2023, Prix littéraire de la Grande Mosquée de Paris) ont prolongé ce geste sur un terrain intime et historique : celui des mémoires coloniales et des transmissions empêchées entre la France et l’Algérie.

Peu à peu, mes recherches m’ont conduite vers une autre forme de fracture : la perte de filiations spirituelles. Colonisation, exil et violence politique ont désarticulé des héritages de foi et de pratique, laissant des vides où s’est enraciné ce que Sayad et Bourdieu appelaient un « traditionalisme du désespoir ».

Aujourd’hui, j’écris un roman qui tisse investigation et imaginaire, archives et poésie. Inspirée par le soufisme de mon grand-père en Algérie, par les voix féministes musulmanes en France et aux États-Unis, et par mon propre corps en transformation, je cherche à réinventer des lignées spirituelles où le féminin et la maternité s’éprouvent librement. Cette écriture hybride me permet de prolonger mon travail d’enquête tout en l’ouvrant à la réparation : celle des mémoires spirituelles oubliées et des savoirs féminins effacés.

 

Dorothée Myriam Kellou est journaliste, réalisatrice et autrice. Lauréate Fulbright, diplômée de Sciences Po Lyon et de Georgetown University, elle explore les mémoires coloniales, l’exil et les transmissions empêchées entre la France et l’Algérie. Son travail, couronné par une Étoile de la SCAM, le Prix Trace et le Prix littéraire de la Grande Mosquée de Paris, mêle rigueur d’enquête et écriture sensible.

Mon projet à la Villa Albertine consiste à entreprendre une recherche littéraire préparatoire à un roman qui explore des approches non patriarcales de l’islam, en tissant mémoire, spiritualité, expérience intime et maternité. Il prolonge mon travail sur l’histoire des camps de regroupement en Algérie et leurs effets sur nos communautés, atomisées et désenchantées par la violence coloniale. Une rencontre avec une chercheuse sur la perte des filiations spirituelles m’a conduite à m’interroger : comment réimaginer des pratiques de foi nourrissantes, justes et inclusives, héritées de nos histoires, où le féminin occupe une place centrale ?

Durant la résidence, j’ai concentré mes recherches sur trois territoires. En Algérie, j’explorerai le soufisme hérité de mon grand-père et de l’ordre Alawiya, pour comprendre comment ses enseignements mystiques et ses pratiques de dhikr peuvent nourrir des formes littéraires contemporaines. En France, j’ai prolongé mes lectures et dialogues avec des penseur·ses et praticien·nes de l’islam au féminin, tels qu’Éric Geoffroy et Kahina Bahloul. Aux États-Unis, j’ai rencontré des universitaires et activistes comme Nassima Neggaz, Amina Wadud et les sœurs Boundaoui, afin de documenter leurs approches intellectuelles, spirituelles et communautaires.

Cette résidence de deux mois m’a permis de concentrer mes rencontres, lectures et observations, de collecter un matériau riche et documenté pour le roman, et de poser les fondations d’un récit où mémoire, féminité, maternité et spiritualité s’entrelacent pour interroger, sous forme poétique et narrative, les voies possibles d’une libération.

J’ai souhaité concentrer ma résidence entre Washington, New York et Chicago, trois villes où l’islam se vit à la fois comme héritage, intellect et pratique communautaire. Ces lieux offrent des univers variés pour documenter les filiations spirituelles et féminines qui nourriront mon roman.

À Washington, j’ai rencontré des universitaires et chercheur·ses en études islamiques et histoire du Moyen-Orient, afin de documenter les approches intellectuelles et historiques qui éclaireront le récit. New York, avec sa diversité et ses initiatives spirituelles et culturelles, m’a permis d’observer et de dialoguer avec des figures influentes de l’islam féministe, et d’enrichir la dimension transnationale et contemporaine du roman. À Chicago, j’ai rencontré des activistes et praticien·nes engagés dans la guérison communautaire et l’islam vécu au quotidien. Leur travail, mêlant spiritualité, mémoire et justice sociale, a offert des perspectives uniques sur la manière dont l’islam peut se vivre comme force de soin et de résistance.

Ces trois villes représentent des points d’ancrage complémentaires : Washington pour l’approche académique et historique, New York pour l’expérience intellectuelle et spirituelle, Chicago pour les pratiques communautaires et incarnées. La résidence m’a permis de concentrer mes rencontres et lectures dans un laps de temps court mais intense, et de poser les fondations d’un roman transnational où mémoire, féminité et maternité s’entrelacent pour interroger la possibilité d’une libération.

En partenariat avec

Fondation Recanati-Kaplan

Créée en 2010 par Thomas S. Kaplan et Daphne Recanati-Kaplan, la Fondation Recanati-Kaplan accompagne le développement d’initiatives d’excellence dans quatre domaines spécifiques : la défense de la biodiversité, la recherche en sciences médicales, l’enseignement de l’histoire et de la philosophie, et la construction de ponts culturels, artistiques et intellectuels entre le monde arabe, la France et les Etats-Unis. 

Institut du monde arabe

L’Institut du monde arabe a été fondé en 1980 par la France et les États de la Ligue arabe pour faire connaître et rayonner la culture arabe sous toutes ses formes. Lieu de rencontre et d’échange, installé dans un bâtiment conçu par Jean Nouvel et Architecturestudio, inauguré en 1987, l’IMA contribue depuis 35 ans au renforcement des liens culturels, politiques, économiques et sociaux entre la France et le monde arabe.

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