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Telluride 2021 : le cinéma indépendant fait sa rentrée

Cinéma & Séries

Après une 47e édition annulée à cause de la pandémie de COVID-19, le Festival de Telluride s’est cette année déroulé entre le 2 et le 6 septembre, et fut un véritable succès. Dédiée à la Bertrand Tavernier, qui nous a quitté le 25 mars dernier, cette édition était une belle occasion pour réaffirmer l’importance des festivals pour la vie et la circulation des films, et redonner espoir aux exploitants et aux cinéphiles privés pendant de longs mois du plaisir de fréquenter les salles.

Né en 1974, lors de l’essoufflement de la grande vague de la contre-culture américaine, le festival de Telluride se caractérise par son aspect intimiste : chaque année, une petite quarantaine de films y sont sélectionnés, et seulement une cinquantaine d’accréditations presse sont distribuées. Il constitue cependant une étape essentielle de la course annuelle aux Oscars – notamment depuis que Slumdog Millionaire (Danny Boyle, 2008) y a été présenté en première mondiale avant de remporter ensuite l’Oscar du meilleur film.

Chaque année, cinéphiles, critiques, talents et professionnels arpentent les rues de cet ancien camp minier situé sur les bords de la rivière San Miguel et dans les montagnes de l’ouest de San Juan, pour découvrir en avant-première les films qui feront parler d’eux à l’automne et dans les grands festivals qui suivent (Venise, Toronto, New York).

 

Après une édition 2020 annulée à cause de la pandémie, Julie Huntsinger, la co-directrice du festival, était cette année très heureuse de pouvoir à nouveau accueillir en personne les festivaliers à l’occasion d’une édition allongée (cette année Telluride a duré 5 jours au lieu de 4), dans le respect des gestes barrières et d’une jauge de remplissage des salles fixée à 75%.

Dans un contexte où la fréquentation des salles et la circulation des films sont très lourdement affectés par la pandémie, un festival comme Telluride se manifeste désormais comme un événement nécessaire pour valoriser la création cinématographique contemporaine auprès de l’industrie et susciter la curiosité du public.

 

Cette année, la sélection générale du festival comprenait trente-six films, auxquels s’ajoutaient la projection surprise du dernier film de Wes Anderson, The French Dispatch, et la sélection personnelle de six œuvres par le réalisateur Barry Jenkins. Dans cette sélection, plusieurs films se sont particulièrement fait remarquer, comme C’mon C’mon (réalisé par Mike Mills, avec Joaquin Phoenix), Belfast (Kenneth Branagh), The Power of the Dog (Jane Campion), The Lost Daughter (Maggie Gyllenhaal), Red Rocket (Sean S. Baker) et Cyrano, le drame musical américano-britannique de Joe Wright.

La sélection 2021 comprenait également quatre productions ou co-productions françaises, alors présentées pour la première fois sur un écran américain : Bergman Island (Mia Hansen-Løve), Flee (Jonas Poher Rasmussen), Un héros (Asghar Farhadi) et Petite Maman (Céline Sciamma). Jonas Poher Rasmussen et Asghar Fahradi ont d’ailleurs fait le déplacement pour accompagner leur film.

La sélection parallèle de Barry Jenkins comprenait également deux films français sur la colonisation : West Indies – Les Nègres marrons de la liberté (Med Hondo, 1979) et Chocolat (Claire Denis, 1988). La sélection de court-métrages « Filmmakers of Tomorrow » comprenait quant à elle cinq œuvres françaises : Sidéral (Carlos Segundo), Noir-soleil (Marie Larrivé), My Own Landscapes (Antoine Chapon), I Am Afraid to Forget Your Face (Sameh Alaa) et Easter Eggs (Nicolas Keppens).

 

Enfin, cette 48e édition du Festival de Telluride était l’occasion d’annoncer l’acquisition du Nugget Building, en partenariat avec la National Film Preserve LTD, une société à but non lucratif basée dans le Colorado. Situé dans le centre-ville de Telluride, ce bâtiment emblématique de l’histoire du Far West constituera un centre permanent pour le festival, avec une salle de projection entièrement rénovée et un espace de rencontre. Le reste de l’année, ce centre culturel consacré au cinéma et aux cinéastes proposera une programmation éducative et communautaire, et un espace de résidence pour cinéastes.

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