“Habiter le désert”- la Villa Albertine sélectionne les cinq artistes et chercheurs lauréats d’une résidence collective à Marfa (Texas)

Suite au succès de la première édition en 2023, la Villa Albertine, en collaboration avec le Centre Pompidou et avec le soutien exclusif du mécénat d’AXA, renouvelle sa résidence collective et pluridisciplinaire à Marfa, Texas. Jean-Baptiste Del Amo, Adèle Humbert, Alice Loumeau, Josefina Paz et Grégoire Schaller ont été sélectionnés pour participer à cette résidence du 2 octobre au 2 novembre 2024. 

Situé à l’extrême ouest du Texas, à 60 miles de la frontière entre les États-Unis et le Mexique, le paysage désertique de Marfa sert de microcosme dans lequel se croisent diverses histoires de migration et dynamiques écologiques en évolution. Dans ce cadre, les artistes et les intellectuels peuvent réfléchir collectivement aux défis écologiques et migratoires liés à la préservation d’un monde habitable et à notre lien avec les environnements qui nous entourent. 

Ce programme est conçu et mis en œuvre avec la collaboration de Mathieu Potte-Bonneville, philosophe et directeur du département Culture et Création du Centre Pompidou, où il conduit depuis 2020 le programme Planétarium, dédié à croiser les regards d’artistes et de chercheurs sur les transformations de notre expérience planétaire. Il accompagnera les cinq lauréats durant une partie de la résidence.  

Cette année, l’appel à candidatures de la résidence de la Villa Albertine à Marfa était ouvert à tout artiste et/ou chercheur résidant en France ou aux Etats-Unis. Les cinq finalistes ont été choisis par un jury franco-américain présidé par Judith Roze, directrice adjointe de la Villa Albertine et composé de :  

Bettina Gardelles, Directrice de la Villa Albertine à Houston ; 

Jim Martinez, Président du Chihuahuan Desert Research Institute ;  

Jeff Matheis, Responsable des programmes et des services pour les visiteurs à la Judd Foundation ;  

Lina Pamart, Coordinatrice générale des résidences de la Villa Albertine ; 

Mathieu Potte-Bonneville, Directeur du département Culture et création au Centre Pompidou. 

Les artistes et chercheurs en résidence 

Jean-Baptiste Del Amo, écrivain

Auteur reconnu, Jean-Baptiste Del Amo a écrit plusieurs romans, dont Une éducation libertine (Prix Goncourt du premier roman) et Animalia (2017 Prix du Livre Inter).  Militant, il a publié des tribunes sur le changement climatique et les droits des animaux, et a mené une œuvre collective en soutien à SOS Méditerranée, organisation luttant pour les droits de l’homme et les missions de sauvetage en Méditerranée. En 2019, il écrit et réalise son premier court-métrage, Tomorrow Will Be Brighter, qui remporte le prix Unifrance à Cannes.

En 2023, avec l’écrivain Jakuta Alikavazovic, il a mené un projet axé sur la préservation de l’espace naturel du marais de Brouage, menacé par la montée des eaux et le changement climatique. Il a également été résident à la Villa Médicis à Rome en 2010 et à la Villa Kujoyama à Kyoto en 2015. A Marfa, Jean-Baptiste Del Amo souhaite explorer, à travers le texte et la photographie, la façon dont un territoire détermine une mémoire collective et individuelle, en particulier lorsque celui-ci héberge une biodiversité menacée. La question de la migration sera aussi au centre de son questionnement. Comment la perception d’un territoire traversé par des flux migratoires évolue-t-elle ? Le texte et l’image peuvent-ils saisir ou présager quelque chose d’un imaginaire en train de se construire ? 

Adèle Humbert, productrice et journaliste

Adèle Humbert est productrice et journaliste d’investigation. Elle a fondé, Insider Podcast, société pionnière dans la production de podcasts narratifs en France. Ses enquêtes et documentaires en podcasts ont été récompensés en France, Allemagne, Italie et aux Etats-Unis. Juriste de formation, elle s’intéresse particulièrement à la notion de frontière et à la question du maintien des droits des migrants en transit. Journaliste au service international du Monde en 2015, elle a rédigé plusieurs articles sur les atteintes au droit humanitaire dans les conflits internationaux. L’année suivante, elle a emménagé à New York où elle a travaillé sur la question du genre associée aux défis de la migration et elle a enquêté sur les failles du système américain dans la prise en charge des femmes et jeunes filles à la frontière mexicaine.

À Marfa, elle souhaite poursuivre ses recherches sur les défis migratoires liés au genre dans le désert du Chihuahua et veut comprendre les controverses qui pèsent sur l’aide humanitaire des bénévoles et des habitants de Marfa. Depuis l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade par la Cour Suprême, elle s’intéresse aussi particulièrement à l’impact des politiques migratoires sur la protection des Américaines qui cherchent à avorter.

Alice Loumeau, architecte, artiste et cartographe

Alice Loumeau réalise des enquêtes spatiales à travers l’écriture et la cartographie, explorant des territoires en mutation de l’Anthropocène. En 2021, elle a participé au SPEAP (Sciences Po Ecole des Arts Politiques / Sciences Po School of Political Arts) à Sciences Po Paris, puis cofondé le collectif pluridisciplinaire MATTERS.xyz en 2022. Elle a travaillé comme architecte à Rotterdam, Paris et Londres, et a participé à des expositions, des publications et des résidences, notamment à la Villa Médicis à Rome (2022) et à la Biennale d’architecture de Venise (2022). Son projet pour la résidence à Marfa consiste en une investigation cartographique et visuelle visant à représenter les différents habitants et usagers du désert. 

Josefina Paz, artiste et chercheuse

Le travail global de Josefina Paz est principalement axé sur l’exploration et l’expression des tensions et des phénomènes associés aux frontières en tant qu’éléments perturbateurs. Elle utilise divers médias, notamment le son, le langage et le tissu, pour mettre en évidence les expériences et les réalités subjectives, précaires et instables des frontières. Elle cherche à s’affranchir conceptuellement des dynamiques de pouvoir ancrées dans les territoires et à imaginer de nouvelles fictions poétiques et libératrices. Parmi ses œuvres notables, citons Listening to Borders, une installation interactive présentant des frontières internationales dessinées et percées sur des rouleaux de musique, des boîtes à musique et du bois ; et Ocean Breath, un triptyque audio composé d’enregistrements des respirations de plusieurs immigrants, édités et transformés en paysages sonores ressemblant à l’océan.

Intitulé « Soundings of the Chihuahuan Desert », le projet de Josefina Paz pour la résidence collective à Marfa vise à retracer, à travers une approche fondée sur le son et la musique, les parcours migratoires des êtres vivants sur ce territoire. Elle ambitionne de mener une recherche de terrain et de collecter divers éléments, naturels et artificiels, dans le désert et à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, afin de concevoir des objets qui formeront la base d’une installation-performance. 

Grégoire Schaller, plasticien, chorégraphe et chercheur en esthétique

Artiste plasticien, chorégraphe et chercheur en esthétique, Grégoire Schaller, conçoit des projets performatifs transdisciplinaires à la frontière de la danse, de la performance et des arts visuels qui interrogent notre relation à la mort, l’injonction à la normativité́ des corps, la naturalisation des rapports de pouvoir et la construction des récits dominants.

Cofondateur de la compagnie Anna & Grégoire avec la chorégraphe Anna Chirescu, ses œuvres ont été présentées au Musée d’art moderne (Paris), au Centre Pompidou ou encore au Palais de Tokyo. A Marfa, son projet “Voices from the void” combinera un travail de recherche, la collecte de témoignages de terrain et un travail de création chorégraphique sur les populations locales et leur rapport au désert, à la solitude ou encore à l’exploitation de l’environnement. 

La résidence Marfa “Habiter le désert” reçoit le soutien exclusif d’AXA.  En collaboration avec la Chaire « Sous Le Paysage », animée par Fieldwork Marfa, École des Beaux-Arts de Nantes St Nazaire, Atelier de Sèvres, Nantes-Université, et présidée par Fabrice Hyber.