Résidence de Bintou Dembélé à Chicago

En tant que pionnière de la danse hip hop, qu’elle a contribuée à importer depuis les Etats-Unis, elle a traversé toutes les phases en France du déploiement de cette culture de la marge. Grâce au travail de la chorégraphe, et d’autres avec elle, la danse hip hop a progressivement intégré le monde de la danse, pour acquérir un véritable espace d’expression et une identité propre, affranchie du modèle américain initial.

Depuis 2010, elle travaille sur le fait (dé)colonial, la construction du regard occidental, et le marronnage. Ce terme qui désigne la fuite des esclaves africains hors des plantations, dans le but de recréer des sociétés nouvelles et libres, exprime bien détournement de la contrainte par le mouvement, qui permet de reconquérir un espace de liberté.

Avec sa participation à l’adaptation des Indes galantes en 2019, sur une mise en scène de Clément Cogitore, elle marque une nouvelle étape de ce processus de légitimation en faisant entrer le Hip Hop à l’Opéra de Paris. Sa manière de revisiter le livret de l’Opéra de Jean-Philippe Rameau à la gloire des comptoirs coloniaux, donne à voir sur scène le récit des vaincus, et lui permet de réinventer une façon de dialoguer entre ces deux mondes.

La présence de Bintou Dembélé dans une ville multiculturelle telle que Chicago prend donc tout son sens au regard de son histoire personnelle et de sa trajectoire artistique. Elle a passé 3 mois dans le quartier de Hyde Park au sud de la ville, déjouant une fois encore les injonctions et assignations pour s’orienter vers un travail de recherche et d’écriture. Nourrie de son expérience ces trente dernières années, elle est partie à la rencontre d’initiatives innovantes, individuelles ou collectives, institutionnelles ou plus informelles, dans cette ville imprégnée de luttes sociales et raciales, berceau de figures politiques et artistiques emblématiques.

Dans ce court film, elle nous présente sous forme de Kaléidoscope ses rencontres et les sources d’inspiration qui alimentent son travail d’écriture. Comme une réponse à la nécessité pour elle d’investir le champ de la parole, pour être l’autrice de son propre récit.