Opening Passages: Photographers Respond to Chicago and Paris
Exposition
Chicago | Plusieurs lieux
4 mai - 25 août, 2024
Du 4 mai au 25 août, découvrez la nouvelle exposition conçue et produite par la Villa Albertine, dans quatre quartiers différents de Chicago, dont certains lieux non conventionnels et communautaires.
Commissaire: Carl Fuldner
Commissaires associés: Pascal Beausse (Cnap) et Clément Postec (Ateliers Médicis)
Opening Passages présente le travail de dix artistes émergents, français et américains qui explorent les dynamiques sociales de Chicago et Paris. Les approches particulières de chacun des photographes mettent en lumière avec nuance et justesse les processus de redéfinition urbaine en cours dans les deux villes.
L’exposition interroge les notions de frontière, d’identité culturelle, l’expérience de l’immigration, le rapport aux espaces publics, et aux environnements bâtis; elle s’intéresse aux marges et met en lumière quelques trajectoires individuelles au cœur de ces deux villes mondiales.
En complément de l’exposition principale présentée au Chicago Cultural Center, trois autres lieux et espaces communautaires – 6018North, BUILD Chicago et Experimental Station– accueillent d’autres versions de celle ci, avec d’autres œuvres, sélectionnées pour leur résonnance particulière avec les quartiers où ces institutions sont situées.
Des projections et conversations seront organisées notamment à l’occasion des vernissages pour favoriser le dialogue entre les artistes et créer les conditions d’un échange fructueux avec le public.
Opening Passages s’inscrit dans le vaste programme Art Design Chicago, initié par la Terra Foundation, qui se déploie à l’échelle de la ville et vise à mettre en lumière le patrimoine artistique de Chicago et ses communautés créatives. L’exposition relève également du programme City/Cité de la Villa Albertine, et plus particulièrement de Clichycago, plateforme de collaboration à l’initiative des Ateliers Médicis et de la Villa Albertine à Chicago, qui a pour ambition d’encourager un dialogue transatlantique multidisciplinaire sur les questions urbaines dans les deux villes. Depuis 2021 Clichycago repose notamment sur des résidences croisées et réunit divers acteurs pour nourrir cette conversation : chercheurs, artistes, architectes, journalistes, urbanistes, militants communautaires, professionnels de la culture et leaders politiques.
Découvrez les photographes français et américains présentés dans l’exposition.
Lauréate en 2023 de la bourse de création Chicagoland Seen grâce au généreux soutien de la Albertine Foundation à Chicago
Return
“ Exprimer le passé en termes historiques ne signifie pas le reconnaître “tel qu’il a réellement été”. Cela revient à s’emparer d’un souvenir tel qu’il apparaît en un éclair à l’instant d’un danger”. Cette réflexion de Walter Benjamin sur le caractère évanescent par lequel l’histoire réapparaît sous forme d’image dans notre mémoire collective a constitué le point de départ de la démarche de l’artiste Marzena Abrahamik, basée à Chicago, pour développer sa série Return. Lorsque l’artiste avait cinq ans, sa mère a fui la Pologne communiste pour les États-Unis en pleine période de crise économique. Marzena y est restée avec son père avant d’obtenir le statut de réfugiée politique en Grèce pendant plusieurs années. Sa mère cherchait alors à obtenir la nationalité américaine afin de pouvoir lancer une procédure de rapprochement familial. Il faudra attendre dix ans avant qu’ils ne soient réunis.
Cette histoire de séparation familiale est banale au sein de la communauté polonaise de Chicago, historiquement installée autour de l’avenue Milwaukee, dans la partie nord-ouest de la ville. Dans Return, Abrahamik fait la chronique de cette migration à l’envers. Ces dernières années, après avoir vécu et travaillé de nombreuses années à Chicago, certains immigrants retournent en Pologne, où ils prennent confortablement leur retraite, profitant d’un meilleur niveau de vie et d’un bon système de santé public.
Le déracinement et l’installation dans un nouveau pays constituent une expérience transformatrice, qui donne naissance à une nouvelle identité totalement distincte, même si des groupes d’immigrants établissent des communautés et cherchent à préserver les traditions liées à leur pays d’origine. Plutôt que de se réapproprier son ancien moi, ce cheminement inversé entraîne un nouveau changement d’identité. Pour accéder à ces processus complexes de traduction culturelle, les images d’Abrahamik s’appuient sur une grammaire de symboles et d’icônes liés à la vie et aux traditions polonaises. Un champ de coquelicots rouges, un couple de cygnes ou un portrait encadré du pape Jean-Paul II sur une cheminée en bois deviennent des signifiants flottants de l’identité polonaise, dont la signification est à la fois figée et mouvante. – Carl Fuldner
Lauréat en 2023 de la bourse de création Chicagoland Seen grâce au généreux soutien de la Albertine Foundation à Chicago
Immigrant Owned
Selon les données récentes du recensement américain, une personne sur cinq résidant actuellement à Chicago est née en dehors des États-Unis. Dans l’histoire de Chicago, les immigrants du monde entier ont joué un rôle central dans paysage social, culturel et économique de la ville. Depuis 2017, Jonathan Michael Castillo parcourt Chicago et sa banlieue pour photographier l’intérieur des boutiques tenues par des immigrés et fait leur portrait.
Son approche n’est pas systématique et résiste à l’impulsion du sociologue ou de l’ethnographe de classer ses sujets de manière exhaustive. Au lieu de cela, la série présente un panorama unique des divers quartiers de Chicago, à travers ce mélange éclectique de petites entreprises. Qu’il s’agisse du portrait d’une femme se reposant au milieu de boîtes pour plats à emporter et de biscuits chinois dans un magasin de nouilles de Chinatown, de détails des postures de mannequins parés de robes de mariée indiennes sur Devon Street, ou d’une table qui attend, avec du café et des condiments dans un restaurant éthiopien de Uptown, chaque image se distingue par un ensemble de symboles, d’icônes et même de palettes de couleurs culturellement distinctes. Pourtant, chacun d’entre eux dépeint également un univers commun de travail et de débrouillardise dans un contexte de précarité économique et d’aspiration sincère à un rêve américain qui bat de l’aile.
Ces dernières années, le statut de Chicago comme ville sanctuaire – qui inscrit la protection des populations immigrées sans papiers dans sa législation municipale – en a fait une cible d’attaques politiques sur la scène nationale. Les images sensibles de Castillo vont à l’encontre de ces récits anti-immigration, en présentant une vision digne et multidimensionnelle de leur travail à Chicago. – Carl Fuldner
Lauréate en 2023 de la bourse de création Chicagoland Seen grâce au généreux soutien de la Albertine Foundation à Chicago
in the open you are here
Une vue panoramique du lac Michigan depuis le rivage de Chicago peut ne pas sembler relever d’une œuvre socialement radicale, mais c’est précisément par ce type d’interventions tranquilles dans l’art paysager, que zakkiyyah najeebah dumas-o’neal inscrit son travail. L’artiste combine des images fixes et animées de plans d’eau avec des images d’archives provenant de sa propre famille et d’autres collections constituées par la communauté du South Side de Chicago. Par ces juxtapositions visuelles, dumas-o’neal fabrique un monde nouveau, mettant en avant une vision esthétique qui renvoie au concept de « Black aliveness » du philosophe Kevin Quashie. Cette approche vise à abandonner le cadre omniprésent, bien que souvent implicite, de l’anti-noirité qui façonne une grande partie du discours contemporain sur la race. En tant que méditations artistiques tournées vers la réalisation de soi et la liberté personnelle, ses œuvres n’ignorent pas la prévalence culturelle du racisme anti-noir ; au contraire, elles remettent en question l’anti-noirité en tant que position par défaut qui imprègne notre culture. Pour citer Quashie, « un monde anti-noir attend des Noirs qu’ils soient noirs ; dans un monde noir, ce que nous attendons et obtenons des Noirs, c’est d’être ».
À travers la grammaire visuelle du geste et du paysage, ces œuvres soulignent le poids de l’histoire tout en cherchant à aller au-delà. Selon les termes de l’artiste, l’œuvre « met en évidence les façons dont l’énergie et l’intime des populations noires se manifestent à travers une observation poétique vivante de ma relation à la terre, au temps et au sublime – mon être et mon regard ne sont pas intrinsèquement liés au traumatisme, à la marginalité ou à la colonisation, mais ils les dépassent parfois ». C’est ainsi que dumas-o’neal investit avant tout la question de l’être. – Carl Fuldner
Lauréate 2023 de la commande photographique nationale Regards du Grand Paris, pilotée par les Ateliers Médicis en collaboration avec le Centre national des arts plastiques (Cnap).
Belonging
Lorsque les Ateliers Médicis ont invité l’artiste et activiste Tonika Lewis Johnson en résidence à Clichy-sous-Bois, elle a saisi l’opportunité de prolonger sa série Belonging dans un dialogue transatlantique sur les divisions raciales dans le paysage urbain. En 2018, Johnson a posé une question simple à un groupe d’adolescents de couleur vivant dans le South Side de Chicago : « Où avez-vous eu le sentiment de ne pas être à votre place ? » Elle a ensuite réalisé des portraits de ceux-ci dans les lieux qu’ils décrivaient. Elles les a complétés par des enregistrements audios de leurs histoires. Les incidents – qui comprennent un interrogatoire suspect dans un supermarché coréen, une interpellation pour une infraction banale au code de la route et voir une femme blanche serrer son sac à main en passant sur un trottoir – reflètent des expériences partagées d’exclusion et de profilage racial.
Clichy-sous-Bois, une commune à majorité non blanche située aux portes de Paris, fait écho au South Side de Chicago en termes de dynamique raciale. Les affinités culturelles entre les deux localités se sont révélées profondes, ainsi, les nombreux jeunes gens rencontrés connaissaient bien la musique drill, originaire du South Side de Chicago. Comme elle s’y attendait, ses interlocuteurs à Clichy étaient nombreux à pouvoir raconter facilement des expériences similaires de sentiment d’exclusion dans les espaces publics. Toutefois, ces jeunes français semblent beaucoup moins enclins que leurs homologues américains à attribuer ces situations au racisme mais plutôt à d’autres facteurs sociaux. Une tendance qu’elle attribue à un désir culturel de préserver l’unité de l’identité française. Malgré ces nuances, les récits traduise une expérience fondamentalement commune. – Carl Fuldner
Bénéficiaire en 2022 et 2023 d’une résidence créative en immersion créative aux Ateliers Médicis.
UNTITLED AND YET TO BE DETERMINED
Au commencement de sa résidence à Clichy-sous-Bois en 2023, Sasha Phyars-Burgess a installé une petite chambre noire au Centre Social Intercommunal de la Dhuys (CSID), une structure de proximité qui propose des activités et une assistance sociale aux résidents à faible revenu. Pendant deux mois, elle s’en est servie de camp de base pour le développement de ses négatifs grand format en noir et blanc. Parallèlement à sa démarche artistique, elle a animé des ateliers, formant des adolescents et d’autres résidents à la prise de vue, au développement et à l’impression de tirages argentiques. Certains de ses disciples sont également devenus ses sujets.
Ce mélange de recherche créative et de collaboration communautaire fait partie intégrante de la pratique artistique de Phyars-Burgess. Dès 2018, elle a commencé une série se déployant sur plusieurs années pour documenter la vie dans le quartier de South Austin, à l’extrême ouest de Chicago. Elle a alors mené un atelier de production vidéo à READI Chicago, une association à but non lucratif destinée à l’insertion professionnelle des jeunes exposés à la violence armée. Les membre de ce groupe sont devenus les sujets de son travail photographique mais également ses collaborateurs pour la mise en œuvre de ses projets audiovisuels, et notamment son film Hail Mary, qui inclut des séquences filmées de DJ Looney Givenchy (Steve Walker), l’un des participants au programme READI, et d’autres séquences saisies dans les environs d’Austin.
Ces deux projets – l’un à Chicago, l’autre à Paris – sont conceptuellement et thématiquement reliés; il est tentant de les envisager comme des documents bruts témoignant du long processus de déshérence sociale et économique vécue par les communautés urbaines marginalisées. South Austin et Clichy-sous-Bois sont toutes deux confrontées à un taux de chômage élevé et à un fort désinvestissement social. Cependant, malgré ces tensions profondes, le plus frappant dans ces deux séries qui se font écho, c’est la façon dont elles vibrent avec grâce. Remarquablement cohérentes, ces images récompensent le visiteur attentif qui prend le temps d’observer. Il s’agit finalement moins de scènes documentaires destinées à montrer la force dans l’adversité (même si c’est bien sûr le cas) que de photographies – au meilleur sens du terme – de personnes et de choses regardées avec attention. – Carl Fuldner
Vit et travaille dans l’agglomération parisienne, en France
Lauréat 2018 de la commande photographique nationale Regards du Grand Paris, portée par les Ateliers Médicis en coopération avec le Centre national des arts plastiques (Cnap), avec le soutien du ministère de la Culture.
Territoire-Travail
La chorégraphie du travail dans les images du photographe colombien pourrait donner une vision enchantée des travaux ouvriers. Mais ces mouvements figés en pleine action sont l’image de ce que Gilberto Güiza- Rojas appelle, dans une autre série consacrée aux travailleurs de la régie de quartier de la Maladrerie, des « gestes d’insertion » – avec un double sens. Territoire-Travail comporte cinq montages photographiques : sur un fond urbain ou dans un décor intérieur, une seconde image est « insérée », collée et ajustée pour que les lignes des bâtiments ou du paysage se superposent et se prolongent d’un cadre à l’autre. Dans cet assemblage, le corps du travailleur (masculin uniquement) est parfois tronqué pour se concentrer sur un geste technique particulier. Toutes ces mises en scène ont été réalisées aux alentours et dans les centres de formation de l’Afpa, Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes, situés dans des endroits reculés et souvent difficilement accessibles en Île-de-France. C’est là que Gilberto Güiza-Rojas a réalisé ces ateliers performatifs avec des exilés en reconversion ; étape nécessaire à leur intégration, au prix souvent d’un déclassement social au regard de leur formation d’origine, ces formations répondent aux besoins de main-d’œuvre constants de l’expansion urbaine. L’un redevient le jardinier qu’il était, avec un balai et des disques de polissage en guise de bêche et pelouse, un autre rejoue son métier d’électricien avec un abat-jour porté au ciel devant un chantier de construction. Dans la vidéo qui accompagne les photographies, Afpa, garde du corps, un technicien de surface se répète, en français et dans sa langue natale, des formules qu’il utilisait dans son ancienne activité de garde du corps, créant un décalage entre le métier acquis, le pays quitté et la situation présente. Les multiples strates temporelles de la vie des individus sont matérialisées par les montages photographiques, la superposition des cadres et la dissonance entre leurs gestes, le lieu dans lequel ils les exécutent et la légende des images. Cette inadéquation est magnifiée par le contraste des couleurs et par la pose qui rappelle les photos-tableaux de Jeff Wall, tout en témoignant d’une véritable complicité entre le photographe et ses modèles. Magali Nachtergael
Lauréat 2017 de la commande photographique nationale Regards du Grand Paris, portée par les Ateliers Médicis en coopération avec le Centre national des arts plastiques (Cnap), avec le soutien du ministère de la Culture.
Ligne Dée
Formé aux Beaux-Arts d’Avignon et de Grenoble ainsi qu’à l’école de photographie de Vevey, Karim Kal entrelace des questions picturales avec une réflexion critique sur les territoires laissés pour compte par les grands projets urbanistiques et politiques passés. Loin de la superbe des toiles minimalistes en contexte muséal, l’abstraction de ses images oblige à porter une attention plus intense sur les traces et indices visibles. Photographe de nuit, Karim Kal ne s’intéresse pas à l’activité nocturne : ses clichés en noir et blanc, éclairés au flash courte portée, montrent des lieux déserts. Attentif aux zones déclassées des communes populaires, il s’attache à des espaces aux marges du regard médiatique, dans un moment lui-même délaissé. Au fil de cinq images, Karim Kal suit un parcours inspiré par la ligne D du RER, entre Grigny et Corbeil-Essonnes, d’où est originaire le groupe PNL dont la musique accompagne ses repérages. À la sortie d’une station d’Évry, il adopte le point de vue du voyageur familier de cet environnement trop bien connu. Le cadre qui mène hors de la gare débouche sur la nuit, mais l’éclairage inverse la centralité photographique : les détails sont à chercher autour du trou noir. On remarque alors qu’une caméra de surveillance nous regarde, qu’un écran suspendu nous tourne le dos. Sur le côté, une boîte aux lettres monte la garde. Les sentiers qui frayent dans l’obscurité conduisent au bord de la route, où des mauvaises herbes occupent le premier plan, tandis qu’à l’arrière-plan la structure en métal d’un hangar surgit dans le gris. Inquiétante et étrange, la progression dans cet espace urbain désert se heurte à un pan de mur, pour se terminer devant une façade obstruée par de grandes plaques. On comprend au second regard qu’il s’agit d’une médiathèque qui a été incendiée, dans le quartier des Tarterêts à Corbeil-Essonnes. Malgré le vide apparent des images, les formes qui surgissent révèlent les accidents de l’environnement – un mur délabré, des graffitis, des herbes folles, autant d’indices des tensions socioéconomiques mais aussi de la vie qui strient ce paysage en négatif. – Magali Nachtergael
Lauréate 2021 de la commande photographique nationale Regards du Grand Paris, portée par les Ateliers Médicis en coopération avec le Centre national des arts plastiques (Cnap), avec le soutien du ministère de la Culture.
RER B-ANLIEUES
Journaliste et artiste, Assia Labbas commence à développer une pratique plastique en 2020 et poursuit depuis un travail d’installation documentaire, mêlant images fixes, images mobiles et sons. Elle lie prise de vue et recueil de témoignages mis en scène dans des dispositifs visuels, audio et spatiaux. Pour RER B-anlieues, Assia Labbas s’est intéressée à la partie nord de la ligne B du Réseau express régional. La-Courneuve- Aubervilliers, Drancy, Le-Blanc-Mesnil, Aulnay-sous-Bois, Villepinte : ces noms de stations sont aussi des noms de villes, où vivent des populations mobiles qui se déplacent parfois sur de longs trajets en Île-de-France pour leur loisir, pour leur travail ou pour se retrouver entre amis ou en famille. L’iconique ligne B est aussi un axe majeur qui reflète à l’échelle de la région des disparités socioéconomiques parfois saisissantes. Les images en couleur, qui défilent dans un diaporama de dix-neuf minutes à la manière d’un album de voyage sur un vieux carrousel Kodak, sont accompagnées des voix de témoins qui racontent leur perception de cette traversée et leur propre représentation de leurs lieux de vie, bien loin des clichés véhiculés par les médias. Les photographies donnent à voir les endroits évoqués par les témoins ou ceux choisis par l’artiste en Seine-Saint-Denis. En parallèle de ce film, trente-huit « fausses » diapositives rétro Kodachrome reconstituées sont présentées dans deux structures en bois rétroéclairées évoquant la forme de trains dont chaque fenêtre montrerait un bout de paysage. Mais il faut se pencher et regarder de près pour en voir les détails, comme une manière de s’intéresser plus activement à ces endroits. La bande-son fait résonner des bruits d’ambiance de gare – portes qui sonnent avant de se refermer et éclats de voix des usagers. À travers les micro-récits de passagers, l’installation donne à entendre leur propre vision de leurs trajets, des paysages et des visages qu’ils rencontrent et racontent, recréant une psychogéographie visuelle et narrative du Grand Paris. – Magali Nachtergael
Lauréate 2021 de la commande photographique nationale Regards du Grand Paris, portée par les Ateliers Médicis en coopération avec le Centre national des arts plastiques (Cnap), avec le soutien du ministère de la Culture.
On est là
Marion Poussier est portraitiste. Durant les confinements liés au Covid, assignée comme tout le monde dans un rayon d’un kilomètre autour de son domicile, elle a exploré les abords du canal Saint-Denis, axe fluvial qui relie plusieurs espaces urbains entre le 19e arrondissement de Paris et la jonction avec la Seine à Saint-Denis. C’est le long de ce lieu de fluctuation dans un environnement urbain en pleine reconstruction, sur la commune d’Aubervilliers – l’une des plus pauvres de France –, qu’elle a photographié les personnes et les traces de présence croisées. Devant un mur de tags, ces inscriptions urbaines que l’on retrouve sur quasiment toutes les photos, deux policiers avec leurs gilets pare-balles supervisent les berges désertes de leur regard masqué par des lunettes de soleil. Dans leur dos, pourrait-on croire, une vie se déploie et reprend le slogan « on est là », dont le sens implicite est que l’on doit compter avec elle. Un couple, Joy et Harry, est assis sous un pont. Des hommes sont installés pour pêcher devant le centre commercial Le Millénaire. Simona, une jeune femme, nettoie un tapis pieds nus avec l’eau du canal, tandis que plus loin de jeunes hommes, Tarek, Bogow et D2, patientent autour d’une voiture. Ces personnes, dont on ne voit pas toujours le visage, occupent le canal comme un lieu familier. Et si elles paraissent avoir été croisées par hasard, elles sont toutes identifiées par un prénom. Même si l’on devine les destins, on ne sait pourquoi Sissé, manifestement épuisé, dort sur une borne, ni dans quelles circonstances exactes Ali s’est retrouvé à vivre dans une tente de fortune sous un escalier. Ahmed cueille des roses ; Omar, vu de dos, encore mouillé, semble avoir plongé dans le canal pour se rafraîchir. Chacune des situations est prélevée dans une vie dont l’image fait entrevoir toute la complexité. Prises à hauteur de regard, les douze photographies qui composent la série cadrent les personnes au centre de l’image et d’un paysage en friche, quand il n’est pas à l’abandon. Entre projets d’urbanisation grandioses et vies faites de bric et de broc au quotidien, Marion Poussier mesure l’écart qui sépare les corps dans leur environnement et l’abstraction de la planification urbaine, pour remettre les individus au coeur du lieu. – Magali Nachtergael
Lauréate 2021 de la commande photographique nationale Regards du Grand Paris, portée par les Ateliers Médicis en coopération avec le Centre national des arts plastiques (Cnap), avec le soutien du ministère de la Culture.
(n=6-9)
La psittacofulvine, dont la structure générique est désignée par (n = 6 – 9), est un pigment spécifique aux perroquets. Il est dominant chez les perruches à collier, avec leur vert fluo inimitable qui les identifie comme des animaux exotiques dans l’environnement urbain européen. Ces oiseaux originaires d’Afrique subsaharienne et d’Asie sont largement implantés dans les villes européennes depuis plusieurs décennies ; c’est un accident de cargo à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, en 1974, qui en a libéré les premières générations en région parisienne. Rebecca Topakian a conçu autour de ces perruches une installation mêlant des photographies, du texte et un tableau-vitrine. Un cadre intitulé Dortoir de perruches montre la photographie en noir et blanc d’un espace très délimité à Maisons-Alfort, une portion de rue où viennent dormir des centaines de perruches. Deux Études déraisonnées composent une collection d’images saisies au vol à l’Instax et une autre de plumes trouvées, classées par taille et couleur, suivant les codes visuels des muséums d’histoire naturelle. Obligeant le spectateur à lever le nez, cinq tissus de soie imprimés flottent en hauteur. On y voit des perruches en plein vol dans le ciel, passant à côté d’un immeuble des années 1960, entre les feuilles d’un platane, fendant des paysages gris ou nocturnes de leur lumineux plumage, tels un éclair ou une apparition fantastique. Ces captures où les oiseaux surgissent légèrement flous, toujours trop rapides pour être saisis, sont accompagnées de phrases en surimpression qui semblent elles aussi saisies au vol : « Ces espèces sont capables de parler le français », « ce n’est pas leur milieu » ou encore « mais qu’est-ce qu’invasif veut dire ? » À travers l’implantation de cet oiseau lointain sous les latitudes du Grand Paris et son acclimatation manifeste, Rebecca Topakian retourne les terminologies péjoratives liées à la migration des êtres humains et vivants pour les projeter vers les airs, où vivent les oiseaux, sans frontières. – Magali Nachtergael
En partenariat avec
Chicago Cultural Center
Drawn by its beauty and the fabulous free public events, hundreds of thousands of visitors come to the Chicago Cultural Center every year, making it one of the most visited attractions in Chicago.
BUILD (Broader Urban Involvement & Leadership Development) is one of Chicago’s leading gang intervention, violence prevention, and youth development organizations. Our mission is to inspire hope and offer opportunities so youth facing systemic obstacles can achieve positive futures. We focus on hard-to-serve youth in some of Chicago’s most challenging neighborhoods.
Experimental Station is an independent cultural infrastructure established on Chicago’s South Side, fostering a vibrant ecology of innovative educational and cultural programs, small business ventures and community initiatives. It was founded in 2002 by Dan Peterman and Connie Spreen based on over 30 years of socially, artistically, and environmentally significant projects.
Founded in May 2011, 6018|North is an artist-centered, sustainable, nonprofit platform and venue for innovative art and culture. Located at 6018 North Kenmore in Chicago’s Edgewater neighborhood, 6018 North encourages artists to collaborate and reconfigure its intimate space. This intimacy allows artists and audiences to connect in transformative ways. At home and away in other non-traditional spaces, 6018North’s site-specific exhibitions and events include artists performing, creating installations, and directing communal engagement events.
The City of Chicago Department of Cultural Affairs and Special Events (DCASE) supports artists and cultural organizations, invests in the creative economy, and expands access and participation in the arts throughout Chicago’s 77 neighborhoods. As a collaborative cultural presenter, arts funder, and advocate for creative workers, our programs and events serve Chicagoans and visitors of all ages and backgrounds, downtown and in diverse communities across our city — to strengthen and celebrate Chicago.
Picto was created in Paris in 1950 by Pierre Gassmann, a true pioneer of photography. Since then, Picto has become a leading partner of the world’s most famous photographers as well as the most prestigious brands in the world of fashion, luxury and beauty.
As part of its international expansion, Picto New York was open in 2015. Picto New York services professional photographers’ needs from scanning, retouching, printing and framing images as well as global luxury brands’ needs for image production, prepress and traffic.
The France Chicago Center (FCC) is a University of Chicago-based interdisciplinary organization with a two-fold mission of: (1) facilitating, promoting, and fostering stronger ties between University of Chicago students and researchers and their colleagues in France, and (2) increasing awareness within the University of Chicago community of French culture, art, and thought. To this end, FCC sponsors a range of programs including conferences, workshops, public lectures, visiting professors, fellowships, travel grants & fellowships, exchange programs and various cultural, scientific, and outreach activities.
The Centre national des arts plastiques (Cnap) is a public institution under the French Ministry of Culture. It manages over 105,000 works from France’s national contemporary art collection, the Fonds national d’art contemporain. It aims to support and promote artistic creation in France, and assists artists and art professionals with their projects.
Located in Clichy-sous-Bois and Montfermeil, in the Seine-Saint-Denis department, the Ateliers Médicis endeavors to promote new and diverse artistic voices. Its artistic residencies, open to artists working in any artistic field, support the creation of works conceived in collaboration with French territories and fosters encounters between artists and inhabitants.
The Alliance Française de Chicago is over 120 years old and is part of an international network of over 1,100 Alliances and affiliated cultural centers worldwide. It is the second oldest Alliance Française in the US and second largest after the Alliance Française in New York City. Classes are offered for all ages and levels of French, leading to certifications in French for professional purposes or simply for experiencing another language and its various cultures. It also hosts an impressive array of events, bringing notable lecturers to Chicago: authors, filmmakers and directors, winemakers, chefs, designers, historians, actors and performing artists.
For more than 125 years, the University of Chicago, one of the world’s leading research universities, inspires scholars to pursue field-defining research, while educating students in the sciences, medicine, economics, law, business, history, culture, the arts, and humanities focused on careful reading, analytical writing, and critical thinking. The University of Chicago Center in Paris is an intellectual destination for faculty, students, and alumni worldwide, and important convening point for the University’s collaboration with universities and research institutions across Europe, the Middle East, and Africa. As the University’s first facility for study abroad programs, the Center in Paris serves as a model for scholarly engagement worldwide.
The Institut français is responsible for France’s international cultural program. Supervised by both the Ministry for Europe and Foreign Affairs and by the Ministry of Culture, it promotes French culture abroad through cultural exchange initiatives. Operating in a space where the arts, intellectual exchange, cultural and social innovation, and linguistic partnerships interact and intersect, it is also responsible for promoting the French language and the sharing of works, artists, and ideas all over the world. The Institut français is one of Villa Albertine’s main French partners.
In partnership with organizations and individuals locally and globally, the Terra Foundation fosters intercultural dialogues and encourages transformative practices to expand narratives of American art. Art Design Chicago is an initiative of the Terra Foundation for American Art in partnership with artists and organizations across the city that highlight the city’s artistic heritage and creative communities.
Previously known as FACE Foundation, Albertine Foundation is an American nonprofit organization dedicated to supporting French-American relations through innovative cultural and educational projects. In close partnership with the Cultural Services of the French Embassy in the United States and its arts institution Villa Albertine, Albertine Foundation promotes artistic, literary, and educational exchange and collaboration between creative professionals from both countries thanks to corporate, foundation, and individual support.