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Lek & Sowat

Artistes
Printemps 2026

  • Arts visuels
  • New York

« Peut-on préserver comme patrimoine quelque chose qui s’efface ? »

Artistes autodidactes, nous avons découvert le graffiti et sa culture pendant notre adolescence, comme si nous ouvrions la porte d’un monde parallèle.

Du jour au lendemain, cette peinture sous pression est devenue un prétexte à l’aventure, une raison d’arpenter la ville de jour comme de nuit, d’en explorer les passages cachés et les recoins obscurs.
Très vite, nous avons quitté l’espace public pour investir les lieux abandonnés. Enfants de la désindustrialisation, ces friches et ruines nous entouraient, à Paris comme à Marseille. Terrains de jeu idéaux pour l’expérimentation, elles sont devenues le creuset de notre pratique : un art né du silence des murs désertés, nourri par l’errance, les rencontres fortuites, les textures et l’improvisation.

Nos parcours respectifs — l’un en architecture, l’autre en sciences politiques et en écriture scénaristique — nous ont ouvert à de nouveaux langages. Peu à peu, nous avons élargi notre champ d’expression : typographie déconstruite, photographie et vidéo expérimentales, installations éphémères, créations numériques… Autant de médiums à travers lesquels nous cherchons à habiter autrement l’espace et le temps.

Aujourd’hui, nos projets in situ se déploient dans des territoires et des sites où l’histoire et l’architecture imposent leur présence : la Villa Médicis, le Mémorial de Verdun, l’Opéra de Lyon, les volumes conçus par Zaha Hadid ou les constructions modernistes de Robert Mallet-Stevens. Nous cherchons à faire dialoguer passé et présent, traces et inscriptions, collaborant souvent avec d’autres artistes en chemin — compagnons et complices d’une expérimentation collective.

 

Travaillant en duo depuis 2010, Lek (né en 1971, France) et Sowat (né en 1978, France/États-Unis) partagent une passion pour l’exploration urbaine — l’art de découvrir les ruines modernes disséminées dans la ville. Repoussant les limites du graffiti traditionnel, leurs projets in situ mêlent fresques abstraites, installations architecturales et films en time-lapse.

En 2012, leur projet Mausolée, une résidence artistique clandestine installée dans un supermarché abandonné au nord de Paris, marque le début de leurs aventures collaboratives. Ce parcours les mènera du Palais de Tokyo à la Villa Médicis, à travers l’Europe, l’Inde, le Moyen-Orient et l’Asie. En 2024, le Centre Pompidou a acquis un ensemble hybride de leurs œuvres, articulé autour de leur film Hope.

Enfants des années 1980, le graffiti a laissé une empreinte indélébile sur notre jeunesse.

Né dans les rues de New York comme une réaction aux illusions du rêve américain, cet art indompté a nourri nos rêves d’adolescents et continue d’inspirer notre pratique actuelle.

À seize ans, nos maîtres ne se trouvaient pas sur les murs des musées français. C’étaient des peintres autodidactes utilisant le réseau du MTA comme toile. Des garçons et des filles dont les noms résonnent encore dans nos cœurs comme des madeleines de Proust : Rammellzee, Dondi, Kase2, Lady Pink…

Bien que nous ayons construit notre vision artistique en ayant la Grosse Pomme pour étoile polaire, les hasards de la vie ne nous ont jamais offert l’occasion d’y voyager ou d’y travailler. Grâce au soutien de la Villa Albertine, nous allons enfin pouvoir entreprendre un véritable pèlerinage vers notre « ville sainte » et, espérons-le, y créer quelque chose de significatif.

Nos récentes conversations avec des pionniers et légendes du mouvement, comme Mare139, nous ont appris que l’inspiration avait parfois circulé dans les deux sens : si notre génération admirait les graffeurs new-yorkais originels, l’inverse était aussi vrai dans certains cas. À l’époque, plusieurs de ces artistes étaient tout autant influencés par les avant-gardes européennes de l’après-guerre.

Ce constat ouvre une perspective fascinante. Le graffiti moderne new-yorkais doit-il quelque chose au futurisme ? S’est-il inspiré du cubisme, du surréalisme ou du Bauhaus ? À notre connaissance, les liens entre les graffitis américains, européens et français, replacés dans l’histoire de l’art, ont rarement été étudiés.

C’est l’un des nombreux sujets que nous souhaitons explorer au cours de cette résidence.

Bien que nous n’ayons jamais mis les pieds à New York, la ville habite nos esprits depuis des décennies, sans jamais payer de loyer. D’une certaine manière, nous sommes le pur produit de sa culture.

Nés respectivement sous les présidences de Georges Pompidou et de Valéry Giscard d’Estaing, le graffiti et sa bande-son originelle, le hip-hop, ont explosé dans nos yeux et nos oreilles durant nos années les plus formatrices, lorsqu’ils ont atteint la France dans les années 1980 et 1990.

À cette époque pré-internet, nos bibles étaient ces trésors rares venus de la côte Est : des fanzines de graffiti comme IGTimes, des livres comme Subway Art, ou encore des documentaires tels que Style Wars. Inlassablement, nous rembobinions nos magnétoscopes pour revoir Dondi peindre à la bombe dans le clip de Buffalo Gals ou Grandmaster Flash découper des beats dans sa cuisine pour Wild Style.

S’il est impossible de prévoir ce qu’un nouvel environnement nous inspirera, nous espérons que notre résidence new-yorkaise avec la Villa Albertine nous permettra de :

  • Voyager à travers les quartiers emblématiques de la ville. Explorer chaque rue, avenue, hall of fame et terrain vague afin de documenter le plus grand nombre possible de graffitis et de fresques murales, qu’ils datent des années 1980 ou d’aujourd’hui.
  • Avec l’aide de légendes locales comme Carlos Mare et Alan Ket (du Museum of Graffiti de Miami), rencontrer et filmer les graffeurs originels encore installés dans la Grosse Pomme. Recueillir leurs récits et plonger dans leurs archives pour explorer l’hypothèse d’influences des avant-gardes européennes sur leurs œuvres fondatrices.
  • De retour en France, et grâce aux conseils de Susana Gállego Cuesta (Musée des Beaux-Arts de Nancy), transformer ces recherches en films expérimentaux, essais photographiques et installations, afin de partager cette expérience unique dans les années à venir avec un public élargi, des deux côtés de l’Atlantique.

En partenariat avec

Musée des Beaux-arts de Nancy

https://musee-des-beaux-arts.nancy.fr/accueil

Museum of Graffiti

https://museumofgraffiti.com/?srsltid=AfmBOopCoYH4XQ5ijDL4MwZQe4V3jXF4a5a4Z2mZoOPU4HMK442IsFNE

Carlos Mare

https://www.instagram.com/mare139/?hl=fr

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