Clémence Gbonon
Author and filmmakers
Saptember-November 2026

- Arts visuels
- Chicago
« Comment se connaître dans son identité politique et raciale, mais aussi en dehors de celle-ci. Comment se connaître face à l’Histoire et face à un héritage traumatique. Comment se connaître au-delà des présupposés raciaux et des limitations de l’ordre néocolonial. Et dans cette quête, comment affirmer ce qui demeure : the soul. »
Je m’appelle Clémence Gbonon, je suis née en 1994 et je vis et travaille à Paris. Je suis diplômée des Beaux-Arts de Paris depuis septembre 2024. Avant d’intégrer mes études d’art, j’ai suivi des études de droit international public et de sciences politiques jusqu’en Master à Clermont-Ferrand.
J’ai vécu aux Etats-Unis, notamment à Washington D.C. pendant un an et New York où j’ai effectué un semestre à la Cooper Union. Ces moments passés aux Etats-Unis ont très fortement renforcé les liens que j’entretiens avec les traditions américaines de la peinture, notamment avec les peintres issu·es d’un expressionisme figuratif, comme Bob Thompson, Philip Guston, Sylvia Snowden, de Kooning, Susan Rothenberg ou Gandy Brodie. Je suis nourrie de leurs réflexions sur le medium et de leur façon d’aborder la peinture en général.
La vitalité et la puissance des peintres américain·es ont beaucoup marqué mes réflexions sur la libération par la couleur, la physicalité et la performativité.
Je suis aussi beaucoup influencée par des pratiques dites ‘outsiders’ qui me fascinent tout autant, comme Frank Walter, Bill Traylor, Clementine Hunter, Purvis Young ou Thornton Dial. Ces différentes sources résonnent avec ma propre quête d’authenticité, une quête of the soul.
Mon propre travail de peinture offre un espace psychique qui est marqué par la conflictualité, la transformation et l’auto-détermination. Je propose des visions oniriques d’une psyché en quête d’elle-même, dans un vocabulaire du foyer et du feu. Mon projet de résidence dans le cadre de la Villa Albertine vise à enrichir de nouveau ma peinture d’une approche américaine, en m’imprégnant cette fois-ci de la scène de Chicago.
Clémence Gbonon (née 1994, France) vit et travaille à Paris. Elle a étudié aux Beaux-Arts de Paris et à la Cooper Union, New York. Elle est diplômée depuis 2024. Son travail a été montré à la galerie Mennour à Paris, aux Félicités 2024 des Beaux-Arts de Paris, à la Parfümerie (Francfort), à FF Projects (Lagos), à la Cooper Union et Canada Gallery (New York). Clémence Gbonon est lauréate du Prix Sarr et du Prix Maurice Colin-Lefranc. Elle est résidente à POUSH en 2025. Elle participe en 2026 à une exposition collective au MOCO et au 69e Salon de Montrouge.
Pour ma résidence d’un mois à Chicago dans le cadre du Prix Sarr et de la Villa Albertine, je souhaite mener des recherches autour de la radicalité et de la créativité des communautés afro-américaines à Chicago. Il me semble qu’il y a un lien avec le potentiel que contient la peinture et les stratégies que développent les collectivités noires-américaines pour s’affirmer dans toute leur complexité, dans toute leur densité et dans toute leur multiplicité. Il m’intéresse d’explorer la question d’une introspection authentique. Comment se connaître intimement, dans sa part socialement acceptable comme dans son étrangeté et son obscurité. Comment se connaître dans son identité politique et raciale, mais aussi en dehors de celle-ci. Comment se connaître face à l’Histoire et face à un héritage traumatique. Comment se connaître au-delà des présupposés raciaux et des limitations de l’ordre néocolonial. Et dans cette quête, comment affirmer ce qui demeure : the soul.
Il me semble que ces questions, en particulier la dernière, trouvent résonnance au sein de la scène artistique, culturelle et historique de Chicago. Je souhaite explorer non seulement les pratiques des peintres, des artistes visuel·les qui s’attachent à ce sujet, mais aussi investir les terrains de la musique ou de l’activisme particulièrement développés à Chicago. Il m’intéresse d’approfondir la façon dont la création semble être là-bas investie d’un rôle social particulier, comme source d’enlightenment et de radicalité. Dans ce cadre, je veux identifier des pratiques parallèles, sous-jacentes et alternatives qui permettent de développer une pensée de soi contre-hégémonique.
Ce projet sera donc marqué par les rencontres et les visites de lieux emblématiques de la créativité afro-américaine de Chicago, avec comme objectif l’idée d’imprégner ma peinture à mon retour de ces réflexions autour de la vitalité, de la connaissance et de l’authenticité.
Pour entretenir déjà un lien fort avec la culture américaine, la résidence de la Villa Albertine est l’occasion pour moi de découvrir une nouvelle ville des Etats-Unis : Chicago. Son histoire et l’établissement ancien de communautés noires depuis la Great Migration offre un cadre culturel intéressant pour ma réflexion. Des églises locales, aux associations communautaires, en passant par la culture musicale du blues, du jazz, de la house music, ou encore le mouvement des Black Arts héritier de la Black Renaissance, ou même la littérature de Chicago, imprégnée des principes marxistes et d’une conscience de classe aigüe, … tout cet héritage me semble être un terrain particulièrement fertile pour mon exploration. Je veux être au contact de cette énergie, à la fois pour réfléchir à l’importance de l’expression du self dans les stratégies de libération personnelle et collective, mais aussi pour envisager des parallèles avec le contexte de la France dans la place qu’occupent les populations noires culturellement et intellectuellement. Il me semble intéressant d’exposer les limites du cadre républicain et de l’universalisme français, qui s’effondrent face à la richesse du multiculturalisme et de la différence. Enfin, et c’est pour moi le plus important, je souhaite m’imprégner de cet environnement pour redéployer cette énergie dans ma peinture. Je suis certaine que la résidence à Chicago me fera envisager ma propre pratique de façon approfondie, élargie, et peut-être différente. Par ce contexte, je pourrai surtout aborder mon travail à l’aune d’une vitalité renouvelée, pour toujours plus investiguer the self.
En partenariat avec

Beaux-Arts de Paris
Fondée en 1817, les Beaux-Arts de Paris sont à la fois un lieu de formation et d’expérimentations artistiques, d’expositions, de conservation de collections historiques et contemporaines et une maison d’édition. Les Beaux-Arts de Paris forment des artistes de haut niveau et occupent une place essentielle sur la scène artistique contemporaine internationale.

SARR Collection
Catherine et Mamadou-Abou Sarr collectionnent et soutiennent avec passion des initiatives artistiques et des institutions aux États-Unis, en France et en Afrique de l’Ouest. La Collection Sarr se structure principalement autour de la photographie contemporaine et s’étend sur plus de soixante-dix ans de production, traversant les médiums de la peinture et de la sculpture avec des œuvres d’artistes emblématiques mais aussi d’artistes émergents. En 2021, ils ont créé le Prix Sarr en partenariat avec les Beaux-Arts de Paris pour soutenir les artistes au début de leur pratique.