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François-Xavier Richard

Artiste pluridisciplinaire

Photo by © Offard

  • Design & Métiers d'art
  • New York

« Et si le papier, à travers son universalité, sa virginité, permettait une conciliation, une fusion nouvelle, un langage compris de tous, quels que soient leurs origines et leurs chemins. »

Mon élan vers le théâtre, la mise en scène, la scénographie et la performance fut détourné par la rencontre avec le papier peint à la planche. Ce savoir-faire perdu depuis les années 40 méritait de revivre et d’être défendu, tant par rapport au patrimoine qu’il représente que pour le support qu’il offre à la création de nouveaux espaces. J’ai donc fondé en 1999 l’Atelier d’Offard dans un esprit de conciliation entre une technique traditionnelle et les nouvelles technologies. Au-delà du papier peint, je mène une recherche continue sur le papier et sa puissance « culturogène ». Filtre du tangible, il est aussi le veilleur de notre imaginaire. J’ai transformé, ennobli, imprimé, gaufré, couché, broyé, patiné le papier sans connaitre vraiment sa nature. Cette dégustation à l’aveugle m’a transformé en amateur illuminé et je reconnais en lui jusqu’à un alter ego.

 

Cette quête et cette technique ancestrale d’impression m’ont fait sublimer puis adorer le papier dont j’ai fait mon principal confident. Il ne lui manquait qu’une dimension pour mieux l’appréhender et le comprendre : la voix. J’ai eu la chance de partir quatre mois en résidence à Kyoto, à la villa Kujoyama, pour explorer le son du washi, papier japonais traditionnel. Un orgue de papiers a émergé de la fibre pour retrouver à travers elle la théâtralité du vivant. 

 

Diplômé de l’école des Beaux-Arts d’Angers, François-Xavier Richard se lance dans divers domaines : scénographie, sculpture, dessin, gravure… Ses multiples explorations le conduisent à créer l’Atelier d’Offard en 1999, avec le souhait de faire revivre et de développer la technique traditionnelle d’impression à la planche et l’ennoblissement du papier. Il est lauréat du Prix Bettencourt-Schueller, du prix Sema et du prix du Luxe (talent de l’audace). L’entreprise est labélisée EPV. En  2017, il a fait partie des résidents de la villa Kujoyama. 

L’orgue de papiers est un espace sonore où se croisent de multiples artistes, de sa construction à son activation. Il est conçu comme une scène de théâtre et peut accueillir des musiciens, des comédiens, des danseurs, des vidéastes, des artistes lumière etc. Le papier étant le vecteur principal, il reçoit bien souvent les prémices d’une intention artistique mais est rarement mis en action pour faire entendre sa voix.  Interroger le son du papier à travers la musique bien particulière du claquement, du froissement, de la déchirure, du flottement… me permet de réveiller la voix qui nourrit notre imaginaire. Lorsque le papier ne porte pas le songe jusqu’à nos oreilles, c’est nous qui le couchons sur une feuille. 

 

Combinatoire et ouvert à l’insoupçonné par essence, l’instrument est composé de modules sonores, chacun issu d’une découverte, d’un échange avec un lieu, une culture, une personne. Créé à la Villa Kujoyama, il attendait un prochain élan et une rencontre avec les États-Unis.  Se frotter au papier, telle est l’intention de l’aventure proposée, dans un esprit d’échange et de découverte mutuelle, explorer les métamorphoses du papier… 

 

Le développement de ce projet passera par diverses mains, diverses expertises. Il y aura un temps pour les rencontres, la confrontation avec des artisans/artistes du papier, ainsi qu’avec des musiciens et  des spécialistes du son. J’imagine un temps de construction avec des luthiers, des menuisiers, des concepteurs de génie. Puis un temps d’activation avec des artistes de divers horizons, diverses cultures. Toutes les phases, toutes les échelles seront envisageables, de la création d’un petit module sonore à un espace complet en passant par l’écoute du papier chez les veilleurs de notre monde. 

La page est toujours d’abord blanche. J’aime cet état transitionnel de la création, le vertige de cet espace non encore occupé. Le papier est, bien souvent, l’état premier d’une idée, d’un désir artistique. Tout peut s’écrire sur cet espace primal et la rencontre avec les cultures devient un émerveillement (l’itinérance), et l’émerveillement mutuel est la seule intention de cette aventure. Il n’y a donc pas de préméditation dans l’exploration artistique, au Japon, aux USA, en Europe ou sur tout autre continent. La route de la soie devrait à mon sens s’appeler la route du papier. 

 

J’aimerais rencontrer ceux qui aiment le papier comme épiderme de leur art ou comme premier geste : musicien, luthier, poète, danseur, comédien etc. et laisser le reste aux gratte-papiers. J’aimerais partager, apprendre, fabriquer, bricoler, à travers et avec du papier, avec ceux qui mettent un peu de papier dans leur vie. J’aimerais arpenter des lieux de papier, des réserves de papier. Alors pourquoi les Etats Unis ? Terre de melting pot, creuset de tous les exils et de toutes les rencontres culturelles et linguistiques, de tous  les métissages, les Etats-Unis symbolisent la terre promise et le rêve de gémination. Et pourtant, cette Amérique onirique ne s’érige-t-elle pas parfois en ce XXIe siècle comme une tour de Babel ? Et si le papier, à travers son universalité, sa virginité, permettait une conciliation, une fusion nouvelle, un langage compris de tous, quels que soient leurs origines et leurs chemins. Papier peaux, dermes à colorer, papiers nus,  papiers mues, sur lesquels les plus silencieux, ceux  que le verbe effraie ou inquiète, auraient envie de couvrir, de nourrir, de déchirer et de reconstruire  …   

  

En partenariat avec

Fondation Bettencourt Schueller

La Fondation Bettencourt Schueller s’applique à incarner la volonté d’une famille, animée par l’esprit d’entreprendre et la conscience de son rôle social, de révéler les talents et de les aider à aller plus loin, dans trois domaines qui contribuent concrètement au bien commun : les sciences de la vie, les arts et la solidarité. À la fois fondation familiale et reconnue d’utilité publique depuis sa création, en 1987, la Fondation Bettencourt Schueller entend « donner des ailes aux talents » pour contribuer à la réussite et à l’influence de la France. Pour cela, elle recherche, choisit, soutient, accompagne et valorise des femmes et des hommes qui imaginent aujourd’hui le monde de demain, dans trois domaines qui contribuent concrètement au bien commun : les sciences de la vie, les arts et la solidarité. 

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Villa Kujoyama

Nichée sur les hauteurs de Kyoto, la Villa Kujoyama est une résidence artistique pluridisciplinaire, accueillant depuis 1992 des créateurs confirmés et émergents souhaitant développer un projet en lien avec le Japon. Plus de 400 artistes et créateurs de toutes disciplines y ont séjourné depuis son inauguration et ont participé à la reconnaissance de son expertise en tant que lieu prescripteur de coopération interculturelle et de création franco-japonaise. Elle célèbre cette année ses 30 ans à travers différents événements et publications, en France ainsi qu’au Japon.

 

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Fondation Bettencourt Schueller

La Fondation Bettencourt Schueller s’applique à incarner la volonté d’une famille, animée par l’esprit d’entreprendre et la conscience de son rôle social, de révéler les talents et de les aider à aller plus loin, dans trois domaines qui contribuent concrètement au bien commun : les sciences de la vie, les arts et la solidarité. À la fois fondation familiale et reconnue d’utilité publique depuis sa création, en 1987, la Fondation Bettencourt Schueller entend « donner des ailes aux talents » pour contribuer à la réussite et à l’influence de la France. Pour cela, elle recherche, choisit, soutient, accompagne et valorise des femmes et des hommes qui imaginent aujourd’hui le monde de demain, dans trois domaines qui contribuent concrètement au bien commun : les sciences de la vie, les arts et la solidarité. 

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