Raphaël Millet
Réalisateur
Septembre-Novembre 2023
- Cinéma
- Houston
- Los Angeles
- New York
- San Francisco
Mon objectif est de redécouvrir l’histoire oubliée d’American Méliès et de la faire connaître à un large public dans un film hybride mêlant fiction et documentaire, ainsi que dans une installation vidéo multi-écrans et une expérience immersive.
Dès mes premières années de passion cinéphile, je me suis intéressé à l’histoire des débuts du cinéma, y consacrant tout d’abord des articles, puis des livres, et enfin des films. J’ai croisé pour la première fois la route de Gaston Méliès en 2000, lors d’un voyage en Polynésie, où il avait été l’un des premiers à filmer au début du XXe siècle. J’ai ensuite découvert que son passage par la Polynésie n’avait été que la première étape d’un long voyage cinématographique à travers le Pacifique.
Captivé par la figure de ce Méliès oublié, car éclipsé par son jeune frère Georges, j’ai décidé de lui consacrer deux films, l’un sur son étape tahitienne (en 2014), l’autre sur la totalité de son voyage autour du Pacifique (en 2015). Je me suis alors aperçu que Gaston était parti des États-Unis, où il avait passé 10 ans de sa vie et surtout produit près de 185 films, et que sa vie américaine était tout aussi méconnue.
J’ai donc décidé, après une pause de quelques années, de me pencher de nouveau sur ce sujet et de lui consacrer un film.
La résidence itinérante permettra de repartir, de manière quasi exploratoire, sur les traces américaines de Gaston Méliès, me permettant de poursuivre mon travail d’archéologie du cinéma, tout en lui donnant un traitement aussi moderne que possible via un projet de film hybride, alliant documentaire et fiction, ainsi que dans une installation vidéo multi-écrans et une expérience immersive
Né en 1970, Raphaël Millet a travaillé au CNC, à France Télévisions et au ministère des Affaires étrangères avant de co-fonder Nocturnes Productions en 2007. Ses films documentaires ont souvent trait à l’histoire du cinéma, tels que Pierre Schoendoerffer, la sentinelle de la mémoire (2011), Chaplin à Bali (2016, Prix du public à la BALINALE 2017), Le Capitol de Singapour (2020), et sont régulièrement diffusés au cinéma, à la télévision, dans des festivals et des musées (Tate Modern, National Gallery Singapore, Quai Branly, Musée Guimet, etc.).
Au cours de ma résidence, je vais explorer la manière dont Méliès, en allant vers l’Ouest, explore les possibilités de mise en scène et trouve une liberté de création typique de « l’ère de transition » précédant l’essor des studios hollywoodiens.
Je m’intéresserai au rôle de Méliès et de ses acteurs dans l’essor de la cinéphilie et du star system ainsi qu’aux caractéristiques sociales de ses films, et comment les questions raciales et ethniques y sont imbriquées. Les questions de genre y sont elles aussi fondamentales, en particulier la place et la représentation des femmes dans le cinéma pré-hollywoodien. Les héroïnes actives sont un trait marquant des films de Gaston, notamment de ses « comédies western », où elles y ont souvent le dessus. On y voit aussi des suffragettes, son cinéma promouvant peut-être une forme précoce de féminisme.
En fin de compte, mon objectif ici est d’aider à redécouvrir cette histoire oubliée depuis longtemps et à la faire connaître à un public plus large, dans un film hybride mêlant harmonieusement fiction et documentaire, grâce à des plans contemporains, des interviews, des documents d’archives et des reconstitutions. Mon film pourrait finir par inclure des acteurs et des interviewés dans les mêmes scènes, parfois dans le même cadre, et transformerait même les acteurs en interviewés réfléchissant sur les personnages qu’ils jouent. Brouillant délibérément et ludiquement les frontières entre fiction et documentaire, il se ferait dans un esprit d’hybridité assez proche de ce qu’était le cinéma au temps des frères Méliès. Mais pour y parvenir, je dois avant tout me rendre sur place, voir les lieux où Gaston Méliès a vécu et filmé, me plonger dans des fonds archives, rencontrer des historiens du cinéma, des troupes d’acteurs locaux et des représentants de l’industrie (commissions locales du film, producteurs, équipe technique, etc.).
Gaston Méliès était un voyageur. Suivre ses traces à travers les États-Unis n’est pas une tâche facile. Pour cela, j’ai identifié trois territoires clés.
1) NEW YORK ET SA RÉGION
C’est là que Gaston est resté le plus longtemps, près de 7 ans. Pourtant, c’est la partie la moins documentée de sa vie aux États-Unis. Parmi les lieux à rechercher figurent l’endroit où il avait son bureau, son premier studio de cinéma américain, etc.
2) SAN ANTONIO ET SES ENVIRONS
Gaston a construit là-bas un véritable « studio de ranch de cinéma », pleinement consacré à la réalisation de westerns. Aux alentours de San Antonio, il existe de nombreux endroits où il a filmé, en particulier les missions Alamo, Espada et San Jose. Quant au Star Ranch lui-même, il était situé dans ce qui est devenu Padre Park, dans le centre-sud de San Antonio.
3) LOS ANGELES ET SA RÉGION
Située à seulement une heure au nord d’Hollywood, c’est à Santa Paula que Gaston Méliès a passé sa dernière année et demie aux États-Unis et où, avec sa femme Hortense, il a même acheté une villa. La maison a disparu, mais le site, maintenant appelé Ebell Park, est le site où se trouve le Santa Paula Theatre Center. Gaston a également beaucoup filmé autour de Santa Paula : les monts Sulphur, la côte du Pacifique à Ventura, l’île de Santa Catalina (au large de L.A.).
4) SAN FRANCISCO
C’est là qu’en juillet 1912 Gaston Méliès quitte les Etats-Unis pour embarquer sur un paquebot et commencer un voyage cinématographique autour du Pacifique.
Dans tous ces endroits je souhaite rechercher diverses archives, non seulement dans les musées d’Hollywood et de New York, mais aussi dans les archives locales, telles que les archives municipales de San Antonio et Santa Paula. Je rencontrerai des historiens locaux et des universitaires du cinéma, ainsi que des acteurs et actrices locaux, et identifier ceux qui pourraient éventuellement jouer un rôle dans les futures scènes de reconstitution et établir des contacts avec l’industrie cinématographique locale.
Merci à Maverick Carter House pour leur soutien dans le cadre de la résidence de Raphaël Millet à San Antonio.
En partenariat avec
Cinémathèque Méliès
La Cinémathèque Méliès est une organisation française à but non lucratif créée en 1961 initialement pour localiser, rassembler, conserver et promouvoir les œuvres de Georges Méliès longtemps considérées comme perdues. Depuis le milieu des années 1980, elle favorise également les recherches sur Gaston Méliès. Les films redécouverts sont valorisés à travers des conférences, des ciné-concerts, des expositions, des publications, des documentaires. Environ 200 films ont été collectés, dont 145 ont été donnés à la Cinémathèque française.
Ciné+
Ciné+ est un ensemble de chaînes de télévision thématiques françaises dédiées au cinéma, chaque chaîne étant thématisée par catégories de films ou de programmes. Elles sont toutes disponibles par abonnement et ne diffusent pas de publicité commerciale. Au sein de cette offre, Ciné+ Classic est la chaîne dédiée aux films classiques, avec un fort focus sur le cinéma américain et le cinéma français.
University of Texas à Austin
L’Université du Texas à Austin, fondée en 1883, incluse dans l’Association des universités américaines en 1929, compte plus de 50 000 étudiants et 24 000 professeurs et membres du personnel. C’est un centre majeur de recherche universitaire, avec 7 musées et 17 bibliothèques, 13 lauréats du prix Nobel, 4 lauréats du prix Pulitzer, 2 lauréats du prix Turing, 2 médaillés Fields et 3 lauréats des Primetime Emmy Awards.