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Nacera Belaza

Chorégraphe
2021→ 2022

Romain Tissot

Gregory Lorenzutti

  • Arts de la scène
  • Chicago
  • Los Angeles
  • New York

« Cette expérience s’apparentera à une distorsion extrême de mon fonctionnement habituel, elle aura pour but de m’extraire à moi-même, de n’avoir nul autre objectif que celui de m’ouvrir et de me relier à ce qui viendra à moi. »

Née à Médéa en Algérie, je vis en France depuis l’âge de cinq ans, où j’ai fondé en 1989 ma compagnie de danse. Autodidacte revendiquée, j’ai été mue très tôt par la nécessité vitale d’exprimer et de dénouer la complexité d’une double appartenance culturelle par le biais de la danse et du mouvement. C’est d’un corps contraint et confiné par le choc des cultures qu’a surgi spontanément ce langage, puisant la matière tout d’abord en moi et inspiré par ma formation en lettres modernes. 

 

L’espace, matière et source d’inspiration, vibre du mouvement qui le traverse. Aussi infime soit-il, il régit l’ensemble de nos vies. La combinaison du vide en soi, de l’espace et du mouvement, constitue le terreau dans lequel j’ai puisé tout au long de mon parcours. J’ai toujours su que les grands espaces vides tels que ceux que nous offre la nature – déserts, océans, montagnes – m’étaient vitaux. Ils me permettent d’observer en miroir la nature humaine. Face à ces immensités, il devient possible de regagner sa juste place : celle de l’infime partie d’un tout. 

 

Les distinctions obtenues au fil des ans – Syndicat de la Critique (2008), Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres (2015), Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (2017) -, et l’ample diffusion de ses créations en France et à l’étranger témoignent du succès au long cours de Nacera Belaza auprès d’un large public. En Algérie, elle a créé une coopérative artistique offrant des programmes de formation et de sensibilisation à l’art contemporain et au geste dansé, destinés à un large public. 

Mon projet pour la Villa Albertine s’intitule “La Route” : une résidence nomade, un voyage physique vecteur d’une transmutation. 

 

Il y sera question de rencontres avec ceux qui, par leur histoire, souvent douloureuse, ont mis en relation, par le rituel, le geste dansé, le souffle et la voix, les grands espaces traversés et leur espace intime.

 

Il sera essentiel pour moi de maintenir le corps libre de toute attache, d’abandonner mes repères et d’accueillir l’inconnu. Le figer reviendrait à interrompre le flux naturel qui traverse toute chose. Ainsi, le corps, poreux et libre, est soumis à une transformation constante ; sa vie intérieure tend à se confondre avec ce qu’il traverse et contemple.  

 

Cette traversée, cette route, sera jalonnée de rituels particuliers : captation d’une danse dans les différents lieux de mon parcours en relation avec le milieu naturel dans lequel je me trouverai, enregistrement en continu de mes pensées, sentiments, émotions, ressentis – je suis le fruit d’une culture dans laquelle la pensée se construit avant tout à l’oral. J’inscrirai régulièrement le produit de mon labeur sur le papier.  

 

Cette expérience s’apparentera à une distorsion extrême de mon fonctionnement habituel, de mon organisation personnelle et quotidienne, elle aura pour but de m’extraire à moi-même, de n’avoir nul autre objectif que celui de m’ouvrir et de me relier à ce qui viendra à moi. 

En résidence nomade, j’alternerai les traversées de solitude et les rencontres urbaines, la nature sauvage et la société des hommes. 

 

L’oppression et la nécessité de s’en libérer pour seulement vivre seront une boussole et un motif. Certains peuples qui constituent l’histoire des États-Unis se sont trouvés ou se trouvent encore à présent aux prises avec l’oppression et la violence envers les désirs fondamentaux de la pleine expression de soi. Comment le mouvement, le geste, la danse, le rituel peuvent-ils être libérateurs ? L’espace naturel peut-il encore nous apporter la vibration nécessaire à l’expression des mouvements profonds qui nous animent, alors qu’il souffre lui aussi d’une violence sûre d’elle-même et sourde à sa plainte ? 

 

En partenariat avec

Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis Bobigny (MC93)

Par sa programmation artistique, sa réputation et son évolution, la MC93, héritière des ambitieuses maisons de la culture voulues par l’Etat et portée par les collectivités locales, occupe une place singulière dans le label des Scènes Nationales puisqu’elle est à la fois un lieu de production de spectacle et ouverte sur l’international depuis son origine. Inscrite dans un territoire populaire en pleine mutation, la MC93 s’est aussi dotée d’une « Fabrique d’expériences » qui regroupe des ateliers de pratique, des résidences de création impliquant des habitants du territoire, des endroits de rencontres et de réflexions qui concourent à renouveler le rapport de l’institution qu’elle est, avec ses usagers. Depuis 2015, elle est dirigée par Hortense Archambault pour y mener un projet qui vise à faire du théâtre le lieu des possibles, un lieu public qui réinterroge sans cesse la question des communs en tenant compte des évolutions de notre société. Du commun en effet s’y fabrique dans notre capacité à partager avec les autres une expérience esthétique, d’éprouver nos divergences et de les affronter. Depuis 2020, elle est Pôle Européen de Production.

 

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