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Maboula Soumahoro

Chercheuse universitaire, écrivaine.
Novembre 2021 – Janvier 2022

Patricia Khan

  • Littérature
  • Sciences humaines et sociales
  • Atlanta

« Passer d’une langue à une autre, d’un lieu à un autre, d’un temps à un autre, tout cela dans l’objectif de maintenir un lien, de mettre en relation et d’être ainsi en mesure d’assurer tant la communication et la transmission, telle est ma compréhension

Fille de l’Hexagone et de l’Atlantique, mon ascendance, mes origines, mes trajectoires et ma propre histoire m’inscrivent dans l’immensité culturelle, politique et intellectuelle de l’Atlantique noir, un espace géographique profondément façonné par l’Histoire. L’Atlantique noir a souvent été qualifié d’espace « triangulaire », puisqu’il a mis en relation de manière inédite et pérenne trois continents : l’Europe, l’Afrique et les Amériques. L’Atlantique noir englobe ainsi la Côte d’Ivoire et l’Afrique de mes parents, de même que l’Hexagone, mon lieu de naissance et de résidence actuelle après de nombreuses années passées outre-Atlantique, où je me suis construite intellectuellement.

 

Ce contexte, ces origines, ces racines, cette généalogie ainsi que toutes les trajectoires migratoires qui en ont découlé sont aux cœurs de mes préoccupations existentielles, intellectuelles, artistiques et politiques. Ces dernières, m’ont peu à peu menée – en premier lieu de manière tout à fait inconsciente – vers le champ d’étude que j’ai choisi au cours de mes cursus dans l’enseignement supérieur : la diaspora noire/Africaine du monde Atlantique. En effet, il y a un peu plus de décennies, je me suis lancée à la recherche des travaux et études portant sur l’histoire et les cultures des nombreuses populations d’origine africaine proche ou lointaine disséminées à travers le monde Atlantique depuis l’ère moderne. Ce choix intellectuel m’a amenée à rédiger une thèse de doctorat, obtenir un poste à l’université, accepter un mandat de trois années au sein du Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage (CNMHE, 2013-2016) et cofonder en 2013 l’association Black History Month que je préside également depuis. Black History Month œuvre à la promotion de l’histoire et des cultures issues de la diaspora noire/africaine à travers la tenue annuelle des « Journées Africana ».

 

En dépit des activités professionnelles, intellectuelles et associatives que je mène depuis la fin des années 1990, une question profondément philosophique demeure : au sein de cette diaspora, dans une approche personnelle et intime, qui suis-je ? Maboula Soumahoro est professeure associée au département d’anglais de l’Université de Tours. Spécialiste des études africaines, elle a mené des recherches et enseigné dans plusieurs universités et prisons aux États-Unis et en France. Maboula Soumahoro est l’auteur notamment de Le Triangle et l’Hexagone, réflexions sur une identité noire, Africana the Name, qui a reçu le Prix littéraire Maryse Condé en 2020.

Mon projet a pour pierre angulaire la question de la traduction. Cette dernière est par ailleurs étroitement liée aux questions relatives à la transmission et la communication. En effet, la traduction sous-tend, voire conditionne, tant la transmission que la communication.

 

Passage et relation sont deux notions qui me fascinent, me passionnent et m’interrogent. Ces deux notions se situent au cœur de l’exercice de traduction. Passer d’une langue à une autre, d’un lieu à un autre, d’un temps à un autre, tout cela dans l’objectif de maintenir un lien, de mettre en relation et d’être ainsi en mesure d’assurer tant la communication et la transmission, telle est ma compréhension de la traduction.

 

Toutefois, cette compréhension des enjeux de la traduction ne peut se cantonner à la sphère théorique. La traduction est également une pratique. Ainsi, passer de la théorie à la pratique relève également de la traduction. C’est-à-dire, comment passer de l’abstrait au concret, de l’idéal au pragmatique, de l’élitisme au populaire, de l’universitaire au grand public, du riche au pauvre, du masculin au féminin et/ou au non binaire, de l’écrit à la parole, du silence au bruit, de la musique au discours, de l’image à la parole ? Et vice-versa pour chacun de ces mouvements.

 

Ma résidence a été consacrée à la « traduction » de mon ouvrage Le Triangle et l’Hexagone (La Découverte, 2021). Il ne s’agit nullement d’un projet exclusivement linguistique, cependant. Il s’agit de partir de l’ouvrage pour imaginer et écrire une performance multimédia qui s’empare de la parole et du discours, des langues, de l’image, du son, des arts, des savoirs universitaires et populaires, des questions politiques et politiques, complétées de celles qui sont personnelles et intimes afin de véritablement sonder la dimension tridimensionnelle du Triangle sur lequel j’ai réfléchi, j’ai écrit, mais surtout, dans lequel je m’inscris. Il est question de mettre en scène la complexité et la profondeur des subjectivités noires. Cela signifie retrouver l’humanité pleine et entière des êtres qui en ont été exclus.

Jusqu’à ce qu’une âme fine et bienveillante me le fasse remarquer tout récemment, je n’avais tout simplement jamais perçu l’écho de l’ATLANTIQUE dans le nom de cette ville de Géorgie, Atlanta, que je connais très peu. Sans doute trop attirée, fascinée, occupée, enivrée et submergée que j’ai été si longtemps par New York.

 

Alors que j’avais à la fois connaissance et conscience du profond ancrage africain-américain de la ville d’Atlanta (du même que le reste de l’État de Géorgie et du Sud des États-Unis) je n’avais jusqu’au aujourd’hui jamais envisagé sa potentialité (et peut-être sa réalité ?) afrodiasporique.

 

Il me paraît à présent primordial et extrêmement utile de faire plus ample connaissance avec cette partie des États-Unis qui donne sur l’Atlantique tout en étant connectée avec le reste de ce pays-continent. Cette côte Est des États-Unis ne cesse de m’intriguer. Du Nord au Sud. De New York à la Géorgie. De New York City à Atlanta. Et ce, jusqu’au large des côtes avec les Sea Islands dont les cultures produites par les populations noires qui y résident nous parlent déjà de l’Afrique et de la Caraïbe.

 

Qu’est-ce qui a été traduit, transmis, communiqué, c’est-à-dire préservé, là-bas ? Et de quelles manières ?

En partenariat avec

Théâtre du Nord

Le Théâtre du Nord est un Centre dramatique national (CDN) réparti sur deux sites : Grand’Place à Lille et l’Idéal à Tourcoing. Depuis mars 2021, il est dirigé par le metteur en scène David Bobée, qui y déploie un projet axé sur l’ouverture à tous les publics à travers des spectacles exigeants, accessibles, et populaires, une programmation paritaire et ouverte à la diversité. La programmation met à l’honneur les textes, du grand répertoire ou écrits par des auteur.rice.s vivant.e.s, servis par les outils de la création contemporaine et transdisciplinaire.

 

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