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Diane Cescutti

Artiste plasticienne
Avril-Mai 2023

Plantation - Ayomide Tejuoso

Diane Cescutti

  • Arts visuels
  • Houston

« L’histoire se déroule comme suit : deux protagonistes se rendent dans cet endroit étrange pour passer de l’autre côté. Leur voyage commence à Marfa, ils glissent lentement de la réalité matérielle au monde virtuel dans une quête de transsubstantiation »

Ma pratique artistique prend comme point de départ le métier à tisser comme origine de l’informatique : en remontant l’histoire du code informatique, je me retrouve emmêlée dans celle du tissage ; en suivant le croisement des fibres, j’aboutis à sa forme éthérée : son algorithme. Par une approche spéculative et narrative, j’explore les généalogies partagées de ces deux technologies pour imaginer leurs potentiels augmentés.

 

Je tire les fils de la trame de mon écran d’ordinateur et j’en remonte le cours jusqu’à mon métier à tisser. Je cherche le code-source, la re-source. Je développe une production qui mêle tissage, sculpture, installations, vidéos, 3D pour questionner nos rapports aux technologies, aux textiles, aux ordinateurs. Je m’inscris dans la tradition des savoirs situés et je m’intéresse à la manière dont les objets se déploient comme outils de transmission de savoirs, de stockage de données et des vecteurs de spiritualité. Depuis ma rencontre avec les recherches sur les algorithmes vernaculaires et les fractales popularisées par l’ethnomathématicien américain Ron Eglash, je suis très attentive à l’histoire des savoirs techniques et mathématiques incarnées dans des objets, notamment sur le continent africain. Récemment, au Sénégal, à Dakar, j’ai tissé avec des tisserands de Guinée-Bissau, intégrant les savoirs contenus dans le pagne tissé manjak à mes réflexions sur les outils numériques. A Houston, j’explorerai la contribution des savoirs textiles et tisserands à la conquête spatiale. 

 

Diane Cescutti, née en 1998 à Chenôve, est une artiste transmédia française. 

Diplômée de l’École supérieure des Beaux-Arts de Nantes en 2021, elle a aussi effectué une partie de ses études dans la section textile de L’Université des Arts de Tokyo (GEIDAI), au Japon et dans la section ”Pratiques interdisciplinaires et formes émergentes” du département Art de L’Université de Houston aux États-Unis. En 2021, elle fait partie de la Class of 2021 de Circa X Dazed et intègre le Post Diplôme Art de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Lyon. Son travail sera présenté lors du programme Résonance, off de la Biennale de Lyon (2022). 

Le projet Worlding Marfa débute lors ma découverte d’Active Worlds, un des plus anciens métavers, et se cristallise lors d’un voyage de recherche entre Houston et Marfa, juste avant le premier confinement. 

 

Active Worlds, désert virtuel, ruine d’une esthétique singulière. 

Marfa, petite ville du désert texan, hub d’art contemporain.  

 

J’entremêle ces deux lieux par la fiction. Il y a un endroit, près de la petite ville de Marfa où une partie du désert de Chihuahua se déverse dans le désert virtuel d’Active Worlds. Dans ce même endroit, le virtuel se matérialise dans l’espace réel. L’histoire se déroule comme suit : deux protagonistes se rendent dans cet endroit étrange pour passer de l’autre côté. Leur voyage commence à Marfa, ils glissent lentement de la réalité matérielle au monde virtuel dans une quête de transsubstantiation. 

 

Ce projet explore les questions du voyage entre matériel et virtuel, la navigation, celles de la sauvegarde digitale de nos mémoires, la texture dans les espaces virtuels avec ce que cela signifie pour nos corps tactiles. 

 

Il introduit la question textile de la manière suivante : dans cette fiction, les tissages permettent de naviguer entre espace virtuel et espace matériel grâce à leur corps double, l’un matériel, dense, épais fait de fibres et de fils, et l’autre virtuel, fait de nombres et de données, algorithmique. 

 

L’esthétique du film suivra cette dualité en mélangeant 3D, prises de vue réelle et images d’Active World. 

Ce projet se situe entre trois espaces : Houston, Marfa et Active Worlds. 

 

Au cours de ma résidence, je travaillerai en recherche aux différentes couches de ce projet : au repérage vidéo à Marfa, à l’écriture du scénario, aux textiles. 

 

À Houston, j’explorerai les liens entre textiles et technologies. En effet, Houston est la scène d’une histoire singulière : en juillet 1969, lorsque Neil Armstrong et Buzz Aldrin posent le pied sur la lune, ils portent la combinaison spatiale A7L composée de 21 couches de tissu complexes. Cette combinaison représente la victoire de l’expertise souple sur l’ingénierie dure. J’irai à la rencontre de cette histoire textile aérospatiale pour nourrir mon film et créer différents échantillons de tissage.  

Différentes dynamiques de la ville viendront aussi infuser l’écriture du scénario et l’ambiance du film à venir, de la culture cowboy à la pratique du quilting. 

 

Non loin de Marfa apparaît dans le désert un phénomène luminescent étrange, les Marfa lights. Dans la fiction que j’imagine, ces lumières constituent une brèche entre l’espace virtuel et l’espace matériel. Je tenterai d’observer ce phénomène durant mon voyage. 

J’irai à la rencontre des locaux pour tramer mon histoire et j’explorerai le désert comme espace d’expérimentation cinématographique. 

 

Active Worlds est l’un des plus vieux métavers d’internet encore actif. Il est en activité depuis 1995. 

Ses architectures abandonnées conçues initialement pour être traversées par des centaines de joueurs, prennent des allures de ruines virtuelles, de villes fantômes. Il survit sur ce territoire un petit groupe d’hardcore players (la plupart américains) qui n’ont jamais quitté les lieux. 

Ils sont les doyens et gardiens de ces espaces, empêchant sa destruction totale. 

J’explorerai dans l’écriture du scénario les similitudes entre Marfa et Active Worlds. 

 

En partenariat avec

Espace multimédia Gantner

Créé en 1998, l’Espace multimédia Gantner, situé à Bourogne, est un lieu de découverte, d’expérimentation et de recherche pour l’art historique ou émergent dans son lien avec les nouvelles technologies. Il s’articule autour de plusieurs activités et s’adresse à tous les publics. Les expositions de l’EMG interrogent, troublent notre relation aux technologies. Soucieuse des liens et des influences historiques, la mission de l’EMG, si elle laisse la part belle aux artistes et pratiques artistiques émergentes opérant une rupture porte également sur les bouleversements apportés par les artistes pionniers. L’EMG est un service du Département du Territoire de Belfort, soutenu par le Ministère de la Culture, la Drac Franche-Comté, la Région Franche-Comté et la commune de Bourogne.

 

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École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon – Post-diplôme Art

Faisant partie des dispositifs d’accompagnement des artistes portés par l’Ensba Lyon depuis de nombreuses années, le Post-diplôme art consiste en une année de formation de haut niveau pour cinq artistes, de toute nationalité, aux parcours singuliers dans le domaine des arts visuels. Depuis sa création en 1999, le Post-diplôme art de l’Ensba Lyon soutient les artistes dans le champ professionnel de l’art contemporain. D’abord piloté par Jean-Pierre Rehm (délégué général du FID Marseille) et Marie José Burki (artiste), puis par François Piron (commissaire d’exposition au Palais de Tokyo à Paris, critique d’art et éditeur), c’est désormais à Oulimata Gueye, commissaire d’exposition et critique d’art, qu’Estelle Pagès, directrice de l’Ensba Lyon, a souhaité en confier la direction.

 

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