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Céline Minard

Auteure

  • Littérature
  • Los Angeles

« Mon projet est de chambouler la rivière de Los Angeles, d’en craquer le béton, de remettre dans son lit une charge de vie foisonnante, et de drainer la ville toute entière transformée. »

Je suis une écrivaine de langue française qui aime la fiction. Dans chacun de mes livres, j’essaie d’explorer un territoire fictionnel nouveau, je fais des expériences vitales avec les époques, les lieux, les voix, les corps et les formes littéraires.

Je peux encastrer un film japonais du XXe siècle – les sept samouraïs- dans le moyen-âge du Bassigny (Bastard Battle), écrire un testament amoureux en forme de voyage mémoriel et le peupler de legs et d’êtres fantastiques (So long, Luise), mélanger le western au nature writing (Faillir être flingué), exprimer la colère d’une papesse détrônée (Olimpia), ou éliminer l’espèce humaine de la surface de la Terre et regarder alors ce qui s’y passe au travers de son ultime représentant (Le dernier Monde).

Ce qui m’intéresse à chaque fois, c’est l’aventure, le développement de l’hypothèse de départ, son souffle, son poids et l’espace surnuméraire qu’elle produit, qui me permet de penser et de respirer.

Pour moi, l’imaginaire n’a de limites que celles de la langue, et la langue n’a peut-être pas de limites.

 

Après une maîtrise de philosophie, et sept années de travail en librairie, Céline Minard décide d’écrire à l’âge de 33 ans. Elle publie douze livres en vingt ans, tous de tons et de formes différentes. Elle intègre la villa Médicis en 2007-2008, la villa Kujoyama en 2011, et reçoit le prix Franz Hessel pour So long Luise, le prix Inter pour Faillir être flingué, le prix Wepler pour Bastard Battle, le prix Zadig et Voltaire pour Bacchantes, et le Grand prix de l’imaginaire pour Plasmas – en cours de traduction pour l’éditeur américain Deep Vellum.

Elle est chevalière des arts et des lettres.

Mon projet est de chambouler la rivière de Los Angeles, d’en craquer le béton, de remettre dans son lit une charge de vie foisonnante, et de drainer la ville toute entière transformée.

Je compte mettre en lumière des formes du vivant qui sont déjà présentes, mais furtives, mélanger entre elles les cultures animales, humanoïdes et technologiques, et injecter beaucoup d’imaginaire et d’organique dans ce milieu tellement anthropisé.

Los Angeles est l’expression de l’artificialisation des sols par excellence. Les problèmes liés à l’eau y sont exemplaires. Sa rivière, dont peu d’angelenos connaissent l’existence, a été canalisée sur la plus grande partie de son cours dans un carcan de béton. Elle prend la forme, la plupart du temps, d’un filet d’eau coincé dans un coffrage géant. Elle est une illustration frappante de la volonté de contrôle des humains sur leur environnement. Une volonté démesurée, qui se donne des moyens tout aussi démesurés.

Paradoxalement, Los Angeles est aussi luxuriante, les arbres y sont magnifiques, nombreux, les essences très variées, acclimatées. Les plantes et les chênes natifs sont maintenant minoritaires, mais les espèces importées d’Afrique, d’Asie, d’Europe et d’Australie ont fait souche et pris des proportions impressionnantes.

Mon hypothèse de départ, cette fois, est d’imaginer Los Angeles reprise, via sa rivière, par une organisation collective dans laquelle les humains ne seront plus les acteurs principaux.

Tout ne sera pas défait, mais tout sera renversé et recyclé. Les buildings, les freeways, les voitures, le béton, l’asphalte.

Les personnages seront légions, la bataille sera gagnée, l’utopie sera concrète et mouvementée.

Los Angeles, bien sûr, tout le long de la rivière, de sa source à son embouchure, mais aussi en suivant les aqueducs qui alimentent en eau la mégapole et assèchent Owens Valley, en allant voir ce qu’est un désert californien, ce qu’est une forêt californienne, en allant toucher les séquoias géants qui sont encore debout, et prendre la mesure du Grand Canyon pour exemple de ce qu’un fleuve est capable de faire.

 

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