Why Washington DC?

Woubishet Taffese

Choisie par George Washington pour devenir la capitale fédérale, Washington se structure en larges boulevards portant le nom des Etats américains, selon des plans dessinés par l’architecte français Pierre Charles L’Enfant. Avec plus de 360 000 employés fédéraux et 12 000 lobbyistes, elle est le cœur décisionnel de la nation.
Entre les deux principaux lieux du pouvoir politique, le Capitole et la Maison Blanche, s’étend le National Mall, ses musées nationaux et ses mémoriaux, emblèmes culturels de la ville et du pays. Marqué également par les grandes manifestations sociales, dont la célèbre marche pour les droits civiques lorsque Martin Luther King prononça le discours « I have a dream » (1963), le National Mall entremêle politique et culture. Selon Lonnie Bunch, Secrétaire de la Smithsonian Institution (le plus grand complexe muséal au monde avec environ 30 musées, galeries et centres de recherche), les musées sont « une réserve de ressources permettant à l’Amérique de comprendre ce qu’elle est, de comprendre son environnement ».
Lonnie Bunch est également le fondateur du Musée national de l’histoire et de la culture afro-américaines, ouvert en 2016, symbole de la reconnaissance des Noirs américains dans l’histoire des Etats-Unis. Deux nouveaux musées consacrés aux latino-américains et aux femmes devraient voir le jour dans les prochaines années afin de compléter cette vision à la fois kaléidoscopique et commune de la nation américaine.
La géographie et la démographie de la ville se font l’écho de tensions sociales qui perceptibles. Célébrée dans les années 70 par le chanteur George Clinton comme « Chocolate City and its vanilla suburbs », DC change progressivement de visage. A l’Ouest, de grandes demeures aux jardins flamboyants où les pancartes « Black Lives Matter » fleurissent, là où les Africains-Américains sont quasiment absents. Ils représentent plus de la moitié de la population de la ville et se concentrent dans la partie Est de la ville, sur l’autre rive du Potomac. Leurs luttes contre la gentrification progressive de leurs anciens quartiers comme U street sont portées par la go-go music, issue de la musique funk dans les années 70 et devenue la musique officielle de la ville en 2020.
C’est au cœur de cette ville où politique et culture se font écho que la Villa Albertine s’installe, pour inviter des créateurs, penseurs et professionnels de la culture à dialoguer et mener des expérimentations autour du futur des institutions culturelles, à l’heure de bouleversements sans précédent.