Why Houston?

Houton Downtown  inspired mural

Nadia Talanker

Houston, Unshplash, oeuvre d'art
Basée à Houston, la Villa Albertine accueille des résidents sur l’ensemble du Texas et notamment à Marfa dans le cadre de la première saison. Houston et Marfa représentent à elles deux les contrastes du Texas : Houston est la « Bayou City » - ville tentaculaire, multiculturelle, centre des industries aérospatiale et pétrolière, quand Marfa est une petite ville rurale en plein désert aux portes du Mexique, devenue un lieu mythique de l’art contemporain.

« Houston is Inspired ». Cette fresque, repère pour les habitants, invite à changer de perspective sur une ville connue pour son industrie mais moins pour la richesse de sa diversité culturelle et de sa scène artistique. En dépit de conditions météorologiques parfois extrêmes, Houston attire une population cosmopolite : les logements et taxes sont un peu moins élevés que sur la côte Ouest, son économie est robuste, tirée par le marché du pétrole mais aussi de l’aéronautique et de la santé. Ce sont, en partie, des raisons qui expliquent l’implantation progressive d’une population jeune et créative à Houston et, plus largement, au Texas (présence de la Rice University et de l’UT Texas, dynamisme des entreprises du jeu vidéo, etc.).

Houston cherche à devenir une ville artistique de référence avec une concentration importante d’institutions. Le Houston Theater District se targue d’être le deuxième quartier des spectacles des États-Unis en nombre de places derrière Broadway. Plus au Sud, le Quartier des musées est lui aussi l’un des plus grands en Amérique du Nord. Les philanthropes français Jean et Dominique de Menil, héritiers du groupe Schlumberger, ont transformé Houston en un haut lieu de l’art en créant la Menil Collection, la chapelle Rothko, la galerie Cy Twombly, etc. Ces institutions cohabitent avec des initiatives plus locales et sociales, comme le Project Row Houses qui rassemble logements sociaux, incubateurs, résidences d'artistes afro-américains dans un quartier de maisons rénovées, typiques du Sud des Etats-Unis. Houston inspire, assurément, ceux qui veulent explorer des scènes artistiques moins établies que celles des côtes, quitte à s’aventurer plus loin, à Austin lors du festival international South by South West, ou bien dans le désert pour rejoindre Marfa.

A neuf heures de route de Houston, proche de la frontière avec le Mexique, Marfa est une petite ville de moins de 2000 habitants, devenue une oasis artistique dans le désert et un avant-poste mondial de l’art contemporain. En 1979, l’artiste minimaliste Donald Judd décide de quitter les rues grouillantes de Manhattan pour la solitude de Marfa. Il y rachète à l’armée américaine une base désaffectée pour créer sa fondation, et de grandes installations artistiques : ses œuvres, ainsi que celle de ses amis John Chamberlain, Dan Flavin, Roni Horn, Ilya Kabakov et autres grands noms de l’art, y sont présentées. Entre ruralité et excentricité, Marfa est ainsi devenu l’un des grands centres de l’art contemporain, où une nouvelle génération d’artistes a pris la suite de Donald Judd.

Alors que le Texas, et plus particulièrement Houston, accueillent la majorité de l’industrie et des organisations spatiales américaines, Marfa offre un cadre idéal pour observer l’espace depuis le désert. Un demi-siècle après la mission Apollo 11, qui avait vu le premier être humain marcher sur la Lune, l’imaginaire de l’exploration spatiale se renouvelle avec les ambitions folles de SpaceX qui prévoit d’établir une colonie sur Mars, Blue Horizon qui entend établir une vie durable dans l’espace.

En s’installant à Houston, et en emmenant ses premiers résidents à Marfa, la Villa Albertine veut ainsi rappeler que les artistes et les penseurs ont toujours été partie prenante de l’exploration des nouvelles frontières, et qu’ils doivent l’être aujourd’hui plus que jamais.

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