Yassine Ben Abdallah
designer et artiste
Avril 2026

- Design & Métiers d'art
- Los Angeles
- New York
« Mon intention est de mettre en dialogue l’errance et le design, interrogeant la manière dont les objets diasporiques portent un héritage historique tout en devenant les supports de nouveaux récits. »
Depuis La Réunion, je développe une pratique artistique et de design qui s’interroge sur les notions d’héritage, d’identité culturelle et d’appartenance dans une perspective postcolonial. Ayant grandi sur l’île avec des parents tunisiens exilés, le foyer se nichait autant dans le tapis arabe étendu au salon, que dans le vanne, plateau tressé créole posé dans la cuisine, ou encore dans le paravent indien finement ciselé, issu de la communauté indo-musulmane locale. La notion de foyer était contenue dans divers objets rappelant diverses géographies.
Ma pratique du design s’est façonnée à la rencontre de ces objets polyphoniques qui reflètent la manière dont les mouvements, certains forcés et d’autres volontaires, des communautés de La Réunion ont donné naissance à une identité rhizomique. La culture créole se déploie comme un espace impur ou cohabitent, se confrontent et s’hybrident de multiples identités. Mon travail prend la forme d’objets témoins où la créolité s’exprime dans la superposition des récits et l’hybridation des formes.
Yassine Ben Abdallah est un artiste-designer basé entre La Réunion et la Bretagne. Diplômé de Sciences Po Paris et de la Design Academy Eindhoven, il développe une pratique de recherche croisant design et sciences sociales afin d’interroger les héritages culturels, politiques et écologiques inscrits dans les objets.
À travers ses pièces et installations, il explore les récits personnels et collectifs obfusqués, marginalisés des sociétés postcoloniales. Son travail réexamine les récits dominants en proposant des contre-récits matériels qui abordent les questions d’identité, d’insularité et les traces persistantes du colonialisme. Depuis la zone indo-océanique, il explore le design comme un outil de mémoire et de résistance.
Au cours de cette résidence, je souhaite pister des objets qui ont été modifiés, réappropriés et transformés par le déplacement. Inspiré par le poète Édouard Glissant, ce projet approche l’errance comme une force fertile qui dépasse le trope de l’identité racinaire, fondée sur l’origine. Mon intention est de mettre en dialogue l’errance et le design, interrogeant la manière dont les objets diasporiques portent un héritage historique tout en devenant les supports de nouveaux récits. Comment ces objets errants, dont la fonction et le sens se déplacent d’un lieu à l’autre, participent-ils à redéfinir les identités diasporiques ?
Pour explorer cette question, je souhaite rencontrer des designereuses qui, par leur pratique, façonnent la culture matérielle de leurs communautés et lui donnent voix. Tout en reconnaissant que le déplacement et l’exil sont traversés par les thèmes de l’abandon et de la perte, je souhaite porter attention à ce qui germe, se réinvente et se transforme formant une matrice pour de nouvelles expressions culturelles.
Sur la piste de ces récits, je souhaite privilégier la rencontre et la collaboration. J’envisage mon studio comme un espace lui-même « en errance ». Après avoir ancré mes recherches précédentes dans des territoires spécifiques, je souhaite esquisser une recherche en mouvement qui s’active selon les contextes et se matérialise au travers des circulations, des rencontres et des imaginaires.
En tant que pays façonné par des vagues successives de migrations, les États-Unis offrent un terrain privilégié pour étudier la complexité des phénomènes diasporiques et l’émergence d’identités hybrides. Mon projet se déploiera entre New York et Los Angeles, chacune servant de base pour explorer les dynamiques propres aux deux côtes.
New York, carrefour historique des diasporas, sera une première porte d’entrée pour interroger la transformation des identités issues des Caraïbes et des communautés afro-descendantes. Dans un second temps, Los Angeles ouvre sur d’autres horizons, en particulier ceux des diasporas asiatiques et des communautés latinx. Mettre en regard ces deux contextes permettra de mieux saisir la diversité des manières dont les communautés déplacées s’ancrent, se racontent, se créolisent et s’expriment matériellement sur un territoire.
En partenariat avec

FRAC Réunion
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