Wandrille Marchais & David Dottelonde
Architectes
Automne 2025
- Architecture
- Chicago
« Notre démarche vise à réenchanter l’espace scolaire en redéfinissant l’architecture comme vecteur du bien-être de l’enfant, dans une approche où l’espace et la pédagogie se rejoignent. »
Co-fondé 2014 par David Dottelonde et Wandrille Marchais, L’Atelier Senzu est lauréat des AJAP 2020. Notre agence s’appelle Senzu, en référence à ce haricot magique aux propriétés régénératrices hors du commun, qui soigne, répare, apaise et rassasie. Clin d’œil d’une génération, la nôtre, qui pense être celle de la regénération, de la réhabilitation en architecture. La réhabilitation nous semble être une opportunité plutôt qu’une contrainte, polysémique – c’est-à-dire applicable à des sujets très différents, un enjeu autant théorique que pratique, une évolution nécessaire et passionnante à laquelle nous avons envie de continuer à nous consacrer pleinement.
L’Atelier Senzu, fondé en 2014 par David et Wandrille, est né de leur rencontre en école d’architecture à Paris en 2007. Leur parcours se distingue par des projets marquants, comme le Pavillon Le Vau (2018), la transformation de la Chambre des Notaires de Paris (2019) et le projet Faire2020, lauréat de l’appel du Pavillon de l’Arsenal. En 2021, ils reçoivent le prix AJAP (Albums des jeunes architectes et paysagistes) du Ministère de la Culture, suivis en 2022 par leur participation au concours du Grand Palais. En 2023, ils lancent un projet innovant d’école en forêt à Paris. Leur travail a été reconnu par plusieurs distinctions : prix d’encouragement de l’Académie des Beaux-Arts, sélection « Europe new generation » par Architecture d’Aujourd’hui et l’appel Future Architecture Platform de l’UE. Une exposition dédiée à leur vision de l’école se tiendra au Pavillon de l’Arsenal en 2025.
Depuis cinq ans, nous explorons, à travers trois expérimentations, les interconnexions entre architecture et pédagogie, cherchant à définir comment l’espace scolaire peut contribuer à des pratiques éducatives renouvelées.
Notre premier projet, un pavillon en terre conçu pour accueillir une salle de classe circulaire, se distingue par sa géométrie en rupture avec la salle de classe rectangulaire traditionnelle. En choisissant une forme circulaire, nous proposons un espace égalitaire qui dissout la hiérarchie des rangs, ouvrant à des interactions plus horizontales et inclusives entre élèves et enseignant. En 2020, durant le confinement, notre regard s’est tourné vers l’extérieur comme support pédagogique. Cette investigation, menée avec le Pavillon de l’Arsenal à Paris, interroge l’intégration de l’ »outdoor learning » dans l’environnement scolaire. Inspirés par les exemples d’écoles en plein air et en forêt, nous avons cherché à comprendre comment cette immersion en extérieur pouvait devenir un élément central dans l’apprentissage.
Les écoles en forêt, notamment, incarnent une transformation radicale de la salle de classe, déplaçant l’enseignement vers un cadre naturel où les enfants jouent, expérimentent, socialisent et apprennent au contact direct de l’environnement. Ces espaces favorisent des pédagogies actives et soutiennent le développement cognitif des enfants de manière immersive et sensible.
Aujourd’hui, en tant que commissaires d’une exposition commandée par le Pavillon de l’Arsenal et les Magasins Généraux, nous cherchons à replacer l’architecture au centre de la réflexion sur l’École. Cette exposition, qui aura lieu en juin 2025 à Pantin, vise à remettre en question la standardisation des espaces scolaires, héritée de Jules Ferry en 1881. Nous croyons que l’architecture peut contribuer à une école déstandardisée, pensée pour le bien-être de l’enfant, futur adulte.
Nous serons bientôt à Chicago pour étudier les liens entre architecture et pédagogie dans divers types d’établissements, des écoles en forêt aux universités. Ce séjour sera l’occasion de rencontrer associations et initiatives locales, afin de cerner les nouvelles dynamiques spatiales qui pourraient inspirer l’école de demain.
L’histoire de l’école occidentale trouve une résonance profonde dans celle de Chicago, ville matrice où s’affirme, au début du XXe siècle, un mouvement philosophique visant à réinterroger les fondements mêmes de l’éducation. Ce tournant est marqué par les travaux de John Dewey et de sa femme, dont l’influence, avant même Montessori, Decroly et Freinet, introduit une pensée éducative en rupture avec les conventions de l’époque.
L’édification en 1909 de la Mary Crane Nursery dans le centre de Chicago constitue un premier jalon dans l’intégration de l’environnement à l’espace éducatif. Cette école en plein air propose un usage inédit de l’espace : les toits sont aménagés pour des leçons baignées de lumière naturelle et pour des activités de plein air, renforçant ainsi le lien entre architecture et pédagogie.
L’ouverture en 1928 de la LOANA Forest School vient inscrire dans le territoire une éducation en pleine nature, visant à préserver des hectares de forêt menacés. Ces lieux, espace naturels, cultivent l’idée d’une symbiose entre milieu éducatif et environnement. Aujourd’hui, l’Academy for Global Citizenship Charter School, au sud de Chicago, incarne ce paradigme : serres et enseignement de l’agriculture enrichissent un projet holistique, répondant aux nécessités contemporaines.
Ces lieux témoignent de la dimension durable de l’évolution scolaire à Chicago. En les visitant, en rencontrant les acteurs pédagogiques et architecturaux de ces projets, et en prêtant attention aux voix des enfants, il est possible d’accéder à une compréhension plus fine des dispositifs spatiaux qui soutiennent ces nouvelles pratiques éducatives et de saisir pleinement comment l’architecture scolaire peut se réinventer dans un dialogue continu avec les enjeux de notre époque.
En partenariat avec
Le Pavillon de l’Arsenal