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Théodora Barat

Artiste plasticienne et cinéaste
Aout-Octobre 2025

  • Arts visuels
  • Chicago

« Avec Superform, j’interrogerai l’héritage nucléaire unique de Chicago. Je confronterai l’apogée de la puissance étasunienne et ses représentations utopiques, en résonance avec l’architecture moderniste de la ville. Il s’agira alors de questionner leurs résurgences dans notre présent. »

 

Mon terrain d’investigations et de créations artistiques mêlent film, sculpture et installation. Je m’intéresse aux environnements en mutation, à ces moments ultimes où le paysage artificiel devient signe de nos modes de vies et de pensées. Ces dernières années, mon travail a pris un tournant documentaire. Je m’intéresse notamment à la naissance de l’idéologie moderniste au fondement de nos sociétés capitalistes. Dans cette optique, le territoire étasunien est devenu un espace de recherche récurrent. 

Je m’attache tout particulièrement de l’envers de ce que j’appelle le « Historytelling » – la construction historique. Pointant les « anecdotes » sombres et négligées, j’adopte une approche systémique des phénomènes afin de révéler les mécanismes idéologiques à l’œuvre. 

Dans le même mouvement, j’investis mes créations d’une pensée prospective. À la manière des augures, j’ausculte les figures, dissèque les chimères afin de présager notre devenir. Cela m’amène à ouvrir mon travail à une pratique plus expérimentale et intuitive, transcendant ainsi l’approche théorique et l’esthétique documentaire.  

Diplômée de l’Esbanm et du Fresnoy, j’achève une thèse en recherche et création au sein du programme doctoral RADIAN sur l’empreinte socio-historique de l’armement nucléaire dans la région des Four Corners aux États-Unis. 

 

Théodora Barat est artiste plasticienne, cinéaste et chercheuse. Elle a été pensionnaire art visuel à la Villa Médicis en 2021-2022. Son travail a été exposé, projeté, discuté à la Villa Médicis, à la Collection Lambert, Centre Pompidou (Cinéma du Réel), au BAL, à Nuit Blanche (CNES et Ateliers Médicis), à la Friche la Belle de Mai, ainsi qu’aux États-Unis ou à Hong Kong. Son travail a intégré les collections du CNC, du Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis et du Frac Occitanie. Ses œuvres vidéo sont diffusées par Light Cone. Théodora Barat a obtenu le prix Audi talents award, et les bourses Étant Donnés, AIC – Drac Île de France, et la bourse de recherche de l’Institut pour la Photographie.  

Décembre 1942, université de Chicago, Enrico Fermi maitrise la première réaction en chaine dans le réacteur nucléaire – Chicago Pile-1, dans les sous-sols de l’Université de Chicago. L’expérience marque l’amorce du Projet Manhattan : concevoir la première bombe atomique. Mais elle marque surtout les débuts de l’énergie nucléaire. La maitrise de cette énergie est un point de bascule dans la modernité. 

Entre photographie, sculpture et film, Superform viendra interroger les différentes incarnations sculpturales et commémoratives de cet évènement. Le projet s’articulera principalement autour de la sculpture d’Henry Moore The Nuclear Energy, commémore cette première réaction en chaîne ; et de l’artefact du film de science-fiction Supernova, dont l’intrigue rejoue la découverte de l’énergie nucléaire et interroge notre rapport à la science et au progrès. Une constellation d’autres formes, le Chicago Pile-1, l’architecture expérimentale du Fermilab, les sculptures scientifiques de Robert Wilson, son premier directeur, nourriront également le projet. 

Dans une analyse comparative, il s’agira d’observer leurs dynamiques communes et leurs influences mutuelles afin de révéler le potentiel politique de ces différentes formes. Manifestation d’un être au monde, elles sont de fait le résultat d’une idéologie.  

Superform poursuit une approche systémique de l’énergie et ses liens avec l’avènement du paradigme techno-capitaliste. Après avoir interrogé la destination militaire du nucléaire – l’armement – avec mon projet Four Corners, je m’attache maintenant à sa destination civile – l’énergie. 

Avec Superform, j’interrogerai l’héritage nucléaire unique de Chicago. Je confronterai l’apogée de la puissance étasunienne et ses représentations utopiques, en résonance avec l’architecture moderniste de la ville. Il s’agira alors de questionner leurs résurgences dans notre présent. Une nécessité, à l’heure où nous sommes confrontés à des questions majeures sur l’avenir de l’humanité et de ses ressources. 

L’héritage nucléaire de Chicago se déploie sur plusieurs sites. 

The Nuclear Energy est située à l’université de Chicago. Cette dernière détient les archives sur l’expérience de Fermi et nombre de ses professeur·es travaillent sur les questions nucléaires. 

Le Fermilab, nommé en l’honneur d’Enrico Fermi, ainsi que le Laboratoire national d’Argonne, seront également des points d’intérêt, en ce qu’ils poursuivent tous deux les recherches de Fermi. Leur architecture est parallèlement révélatrice de cette manière dont les formes sont des statements politiques. 

Des sites d’enfouissement sont par ailleurs présents, comme le Site A à Red Gate Woods, en périphérie de Chicago, où le Chicago Pile-1 fut enterré. 

Enfin, l’architecture même de Chicago sera un point de référence, en ce que son répertoire formel résonne avec les vestiges historiques nucléaires. 

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