Théo Ould

Lorsque j’avais 13 ans, j’ai participé à une production musicale de In C de Terry Riley, découvrant des compositeurs comme Steve Reich et John Adams qui m’ont fasciné. Mon intérêt pour les musiciens américains et le jazz, tels que Gershwin et Bill Evans, n’a cessé de croître.

Aujourd’hui, en tant qu’accordéoniste classique, je bénéficie des libertés créatives de mon instrument, tout en faisant face à des défis, notamment la perception de l’accordéon, souvent associé à la musette en France. Bien que la vision professionnelle de l’instrument se soit améliorée au cours des quarante dernières années, il reste encore du travail à faire pour le grand public. Pour remédier à cela, je m’efforce de constituer un véritable répertoire, en combinant des transcriptions d’œuvres d’autres instruments avec des créations originales de compositeurs contemporains. De nombreux créateurs ont écrit pour l’instrument ces dernières années ; cependant, l’accordéon classique est encore peu représenté aux États-Unis, où il n’est ni enseigné dans les écoles ni dans les universités.

Mon projet vise à combler ce vide en collaborant avec des compositeurs américains pour créer de nouvelles œuvres. À travers des résidences, je souhaite travailler en étroite collaboration avec ces artistes afin d’explorer les capacités de l’accordéon en temps réel. Tous ces artistes sont également enseignants. En parallèle, j’interagirai avec leurs étudiants en composition pour sensibiliser ces derniers à l’accordéon et les encourager à composer pour cet instrument sous toutes ses formes.

Ce projet génère un véritable échange culturel. J’apporterai un instrument peu connu aux États-Unis, tout en m’immergeant dans une culture qui me fascine depuis mon enfance, enrichissant ainsi le répertoire de l’accordéon classique. J’espère également présenter ces nouvelles œuvres lors de mes tournées en Europe, partageant ainsi le fruit de ces collaborations.

J’ai toujours été très attiré par la diversité des États-Unis : sa vitalité sociologique, sa dimension multiculturelle et ses interfaces avec la communauté internationale. Les différentes courants musicaux portés par une histoire récente et multiethnique, sa liberté et sa modernité sont des vecteurs d’enthousiasme et induisent une dynamique passionnante.

J’ai choisi d’ancrer mon projet à Houston en raison de la grande dynamique de ses universités. Au cours de mes recherches, j’ai réalisé que c’était une ville absolument abondante. J’ai hâte de rencontrer et de travailler avec des enseignants comme Panayiotis Kokoras à l’UNT, ou Januibe Tejera à l’école Butler.

Pour préparer ma candidature, j’ai sollicité d’autres compositeurs et lieux qui m’ont alors donné des réponses favorables à New York et à San Francisco. Ainsi, bien que ma résidence soit principalement basée au Texas, je devrai voyager ponctuellement pour élargir un peu plus l’envergure de mon projet.

New York est bien sûr une ville très inspirante sur le plan artistique. C’est un véritable carrefour mondial où tant de génies se sont croisés et où ceux d’aujourd’hui continuent de se rencontrer.

San Francisco est une métropole qui symbolise la contre-culture américaine et les mouvements de protestation. Cette ville a su se réinventer et innover musicalement.

Ces villes, chacune avec ses spécificités et son identité forte, offrent de nombreuses possibilités en matière de création musicale et s’inscrivent donc pleinement dans mon projet d’introduire un instrument peu connu, l’accordéon, pour créer un nouveau répertoire et de nouvelles pratiques autour de la rencontre entre mon univers et les mouvements musicaux américains.