Simon Moutaïrou
Réalisateur et scénariste
Février - Mars 2026

- Cinéma
- La Nouvelle-Orléans
« Les fantômes sont les mémoires de la terre. Ils nous survivent. Ils se souviennent. Et parce qu’ils traversent le temps, ils peuvent défaire ce qui a été fait. »
Je suis un auteur-réalisateur franco-béninois. Mon parcours s’est construit à la croisée de deux imaginaires : urgences contemporaines et mémoires africaines. Très tôt, l’art cinématographique s’est imposé à moi comme un moyen d’ouvrir des portes sur des mondes enfouis. Mon premier long-métrage met à l’honneur les « marrons », ces hommes et ces femmes qui, au temps de l’esclavage, se sont enfuis des plantations et ont brisé leurs chaînes. Il y est question de fierté et de résistance. Dans la suite de mon travail, j’entends bien creuser ce sillon en continuant de façonner des statues aux figures oubliées de l’Histoire. Honorer leurs héritages. Passer leur feu aux jeunesses contemporaines.
Mon second long-métrage veut puiser à la source du vaudou. Une spiritualité qui m’est chère, puisqu’elle est née au Bénin, le pays de ma famille paternelle. Je veux la suivre de l’autre côté de l’Atlantique. La Nouvelle-Orléans, avec son âme créole et mystique, était un point de chute évident. Ma résidence d’écriture me permettra de partir à la recherche des esprits et des fantômes de la ville. De recueillir ses secrets ésotériques et de tisser des liens entre les rites béninois et louisianais, pour mieux inventer une narration transatlantique.
Simon Moutaïrou est un scénariste et réalisateur franco-béninois. Il a notamment coécrit les films Goliath et Boîte Noire (nomination 2022 au César du meilleur scénario original). Il a tourné en 2023 Ni Chaînes Ni Maîtres, son premier long-métrage en tant qu’auteur-réalisateur, après avoir obtenu l’avance sur recettes du CNC. Les deux comédiens principaux, Ibrahima Mbaye et Anna Thiandoum, ont été sélectionnés dans la liste des Révélations César 2025.
Mon projet se déroule à La Nouvelle-Orléans, entre passé et présent.
À la fin du XVIIIe siècle, Théodore, un colon français venu faire fortune en Amérique, découvre de l’or dans une rivière au cœur de la forêt. Pour s’en emparer, il commet l’irréparable et devient riche.
De nos jours, Marie, proviseure dans un lycée public, élève seule son fils Joshua, 15 ans, né avec une malformation liée à la pollution. Ils vivent dans une banlieue anciennement occupée par des usines. Depuis des dizaines d’années, la zone est laissée à l’abandon, à l’état de friche. Elle a été souillée par des siècles d’exploitation industrielle.
Marie se surprend à se dire que tous ses efforts, au lycée aussi bien qu’avec l’association de victimes dans laquelle elle est bénévole, ne servent à rien. Que les dés sont pipés. Les décideurs de la ville, comme ceux du pays, se foutent des pauvres. La dépollution de la zone n’a été que partielle car estimée « trop coûteuse ». Le plan de réhabilitation du quartier est sans cesse repoussé.
Lors de l’enterrement d’une capsule temporelle dans les jardins du lycée, des artefacts sont découverts. Marie les observe, fascinée. Elle ignore qu’ils ont été enterrés à l’époque de Théodore. Cette découverte ouvre une faille entre les temps. Le récit alterne alors entre l’Amérique coloniale et contemporaine. Entre Théodore et Marie.
Les fantômes sont les mémoires de la terre. Ils nous survivent. Ils se souviennent. Et parce qu’ils traversent le temps, ils peuvent défaire ce qui a été fait.
Au début de l’année 2025, alors que j’étais au Bénin pour le festival annuel du vaudou, je me suis retrouvé à table avec trois personnes venant de la Nouvelle Orléans : Asali Devan, militante, Elder Reggie Green, prêtre vaudou et Rosine Pema, directrice des affaires internationales de la ville. Ce déjeuner a donné lieu à l’une des conversations les plus passionnantes et exaltantes de ma vie. J’ai reçu cela comme un signe du « FA » (mot vaudou qui désigne le Destin). J’ai donc choisi de poursuivre mon chemin sur cette voie.
A la Nouvelle-Orléans, mon objectif est de susciter le maximum de rencontres possibles dans le monde du vaudou, loin du vernis touristique et folklorique.
-Acteurs et lieux symboliques de la ville.
-Adeptes, prêtres, temples, couvents, lieux de culte, lieux de mémoire.
-Vaudou « africain » + communauté béninoise et nigériane immigrée
-Vaudou « créole » + communauté créole
-Vaudou « haïtien » + communauté haïtienne
-Universitaires, historiens, anthropologues de NOLA qui pourront faire affleurer sous mon regard la part du vaudou dans le passé et le présent de la ville.
En partenariat avec

Chi Fou Mi Productions