Olukemi Lijadu
Artiste, DJ
Mai - Juin 2024
- Musées
- Musique
- Chicago
« Le parrain de la house music de Chicago s’inspirait-il des rythmes africains ? »
Je suis artiste et DJ. Je travaille sur l’image en mouvement et le son, et je me sers de la puissance évocatrice du cinéma pour faire voyager les auditeurs à travers le temps et les cultures. Je suis diplômée en philosophie de l’Université de Stanford, où ma licence et ma maîtrise traitaient de l’histoire de la philosophie des sciences et des systèmes philosophiques africains. Ce solide parcours académique sous-tend mon approche expérimentale de la musique et de l’image en mouvement, inspirée par le principe philosophique yoruba du dualisme complémentaire, une conception du monde distincte du dualisme binaire aristotélicien occidental. En juxtaposant images et sons, je cherche à complexifier la manière dont nous appréhendons la modernité et le temps. Les bandes originales de mes films sont le fruit de performances, de mon travail de DJ et de la composition en temps réel des paysages sonores dans lesquels vivent les images.
Pour moi, la musique et l’histoire de la musique sont une archive vivante de la mémoire communautaire et des liens perdus, ce qui est d’autant plus important que l’histoire de la diaspora noire dans le monde est plurielle. Du fait de mes origines nigérianes, caribéennes et brésiliennes, ma pratique artistique est à la fois personnelle et politique. Je considère l’artiste comme une personne qui travaille sur la reconnexion et la complexification, et qui cherche à poser des questions sans forcément y répondre mais pour mieux cerner les enjeux. Lors de ma résidence à la Villa Albertine, j’étudierai l’histoire des liens entre la musique ouest-africaine et la house de Chicago.
Le travail de Lijadu a été exposé dans plusieurs institutions et festivals de cinéma, dont le Blackstar Film Festival, à Philadelphie ; Frieze Cork Street, V.O Curations, à Londres ; et la galerie Mariane Ibrahim, à Chicago. Son premier film–installation–performance,Guardian Angel (2022), lui a été commandé par l’Institut d’art contemporain de Londres, dans le cadre de son festival annuel, Image Behaviour.
En tant que résidente de la Villa Albertine 2024, j’étudierai les manières dont les cultures déplacées et réprimées se réinventent sur le plan artistique, parfois de manière subversives, et s’affranchissent des conventions pour réapparaître, métamorphosées, à une autre époque. J’examinerai également la façon dont les modèles musicaux africains s’intègrent dans la riche histoire musicale de Chicago.
En menant une enquête de terrain sur l’héritage musical de la musique africaine dans la musique contemporaine et les genres qui sont nés à Chicago, j’espère renforcer les liens entre les Africains du continent et ceux de la diaspora. Beaucoup de choses ont été perdues, mais la musique est un portail par lequel l’histoire culturelle, la mémoire et l’identité ont été préservées et se manifestent dans les rythmes, les intonations, et les percussions.
En tant que membre de la Villa Albertine, je souhaite me pencher sur les différentes manières dont l’héritage musical de la diaspora africaine a été préservé à Chicago. Ma pratique artistique suit ces liens outre-Atlantique et cherche à réconcilier les incompréhensions et les oublis de mon peuple par-delà les frontières.
Chicago, la ville où j’établirai ma résidence, a une riche tradition d’expérimentation musicale noire. C’est aussi le berceau d’une forme distinctive de blues et de house music. Je souhaite comprendre comment la mémoire de l’identité africaine y a été codée et préservée. Je dialoguerai avec des musicologues, des musiciens, des philosophes et des archivistes pour comprendre comment les polyrythmies et motifs ouest-africains ont été préservés et transformés en genres noirs encore présents aux États-Unis.
La collection Frankie Knuckles, du nom de feu le parrain de la house music, se trouve à Chicago. En exploitant ses archives, je chercherai à comprendre comment la house est liée, de manière aussi évidente que subconsciente, au continent africain.
En partenariat avec
Ford Foundation
The Ford Foundation is an independent organization working to address inequality and build a future grounded in justice. For more than 85 years, it has supported visionaries on the frontlines of social change worldwide, guided by its mission to strengthen democratic values, reduce poverty and injustice, promote international cooperation, and advance human achievement. Today, with an endowment of $16 billion, the foundation has headquarters in New York and 10 regional offices across Africa, Asia, Latin America, and the Middle East.
Gallery Mariane Ibrahim
Seven years after launching her namesake gallery in Seattle, Mariane Ibrahim moved the space to Chicago in 2019. In September 2021, the gallery opened its inaugural European space in Paris and in 2023 it opened a third space in Mexico city.
The gallery has hosted acclaimed exhibitions, with a founding focus on the African diaspora, from leading and emerging artists including Amoako Boafo, Yukimasa Ida, Peter Uka and Zohra Opoku. The gallery has worked with global renowned institutions and have had an international presence at art fairs with acclaimed and prize-winning presentations.
In 2021 Ibrahim was awarded The Ordre des Arts et des Lettres (Order of the Arts and the Letters) on behalf of the Ministry of culture in France. Notable prizes and appointments include the Prize Winner from Presents Section, The Armory Show 2017, current Selection Committee, The Armory Show, current Visionaries Committee, Performa Arts and member of the Art Dealers Association of America.