Louise Cognard
Journaliste, documentariste, matelote
November 2025

©Felix Cognard
- Audiovisuel
- Sciences humaines et sociales
« Je voudrai raconter – les moteurs qui tournent, une cigarette qu’on allume, l’alarme du radar, les conversations à la radio – une transatlantique sur le porte-conteneur Marius comme un deuxième chapitre en écho à ma première traversée en goélette. »
Je navigue et j’écris. Je suis journaliste. Je photographie et je filme des marins au travail sur l’océan Atlantique et en mer Méditerranée. Je les interviewe pour des documentaires radio et j’y mêle le souffle des vagues et le grincement des poulies.
J’ai grandi en Sarthe, loin du rivage. J’ai commencé à travailler comme journaliste reporter
d’images en Bretagne un peu par hasard au gré des missions pour la chaîne de télévision
France 3. A 27 ans, j’embarque pour la première fois à bord d’une goélette. Destination
l’Amérique centrale. L’appel du large ne m’a plus quitté. A mon retour, j’ai suivi une formation de matelot-pont au lycée maritime de Paimpol tout en continuant à travailler comme journaliste.
Quand je suis à terre, je retrace la vie des navires sur lesquels j’ai embarqué pour la revue
maritime Le Chasse-Marée. J’ai écrit sur un trois-mâts en construction dans la mangrove du
Costa Rica, sur un ancien Kriegsfischkutter reconverti en voilier de plaisance dans les
calanques de Marseille ou encore sur la goélette scientifique Tara. Entre deux bateaux, je m’intéresse aussi à la mécanique, aux parcours intimes, au futur et à la philosophie. Je collabore avec le média Usbek&Rica et Radio France. Je travaille à l’écriture d’un premier roman : une histoire d’amour et d’aventures sur un navire centenaire qui transporte des marchandises à la seule force du vent.
Louise Cognard, née en 1993, est journaliste, documentariste et matelote. Elle a écrit plusieurs long-formats pour les revues Le Chasse-Marée et FUTU&R. Elle a aussi réalisé plusieurs documentaires sonores pour la RTS. En 2024, elle a navigué comme correspondante de bord pour la Fondation Tara Océan.
Il y a cinq ans, j’ai navigué sur un deux-mâts qui transportait des marchandises à la voile. Ce navire – appelons-le G. – a été construit en 1916. Il se rendait aux Antilles et en Amérique centrale pour charger l’équivalent de deux conteneurs de café, des épices et quelques fûts d’alcool. A titre de comparaison, Marius, le porte-conteneur de la résidence, peut transporter jusqu’à 2 500 conteneurs.
Durant neuf mois, j’ai traîné mon micro dans tous les recoins du voilier, de la cuisine à la salle des machines. Les marins du bord m’ont raconté leurs motivations, leurs idéaux mais aussi leurs difficultés à travailler de jour comme de nuit au rythme si particulier des quarts. Nous avons parlé de la culture hiérarchique mais aussi très solidaire, qui règne sur les bateaux de travail. Nous avons même parlé des rêves qu’on fait en mer : ils sont bien plus intenses qu’à terre. Ces enregistrements ont donné naissance à un documentaire radiophonique pour la RTS. Qu’en est-il sur un porte-conteneur ?
Voyager à bord de Marius c’est me retrouver sur le bateau d’en face, le navire qu’on observait avec nos jumelles depuis G. Je veux faire se répondre les paroles des marins comme les deux faces d’une même médaille : le commerce maritime. Je voudrai raconter – les moteurs qui tournent, une cigarette qu’on allume, l’alarme du radar, les conversations à la radio – la transatlantique sur le porte-conteneur Marius, comme un deuxième chapitre en écho à ma première traversée en goélette.
Cette résidence maritime offre aussi une « cabine à soi », un cadre idéal d’écriture selon Virginia Woolf. En 2020, lorsque j’ai embarqué sur le voilier centenaire G. je voulais envoyer valser l’absurdité du monde moderne. Mais j’avais aussi l’impression de « jouer » à un monde aujourd’hui révolu. D’ailleurs le voilier n’existe plus. Sa fin est tragique. Le bateau a coulé en mai dernier. J’ai commencé à écrire son histoire pour que ce bateau d’aventuriers ne sombre pas dans l’oubli.
J’embarque sur le porte-conteneur Marius à l’automne 2025 en France pour un voyage de six semaines jusqu’en Nouvelle-Calédonie.
Marius a été construit en 2018 : plus de cent ans après la mise à l’eau de G. Un siècle qui voit le développement fulgurant du commerce maritime. Peut-on retrouver des traces de G. dans les coursives et les dédales de Marius ? Y a-t-il dans l’architecture et les objets qui composent le porte-conteneur des vestiges du passé ? Il n’y a plus de voile mais peut-être y a-t-il encore des manilles ? des sabords de décharge ? des amarres ? Qu’est-ce qui a changé entre les bateaux du siècle dernier et nos navires modernes ? Qu’est-ce qui a disparu complètement ?
Cette résidence maritime sera un terrain d’exploration pour le deuxième chapitre de mon documentaire sonore sur le monde maritime mais aussi un cadre idéal d’écriture pour mon premier roman. Je serai à bord d’un « frère de commerce » de G. sur la même route, la même traversée de l’Atlantique puis plus loin encore dans le Pacifique. Je vais pouvoir prendre de la distance avec la beatnik que j’étais sur le voilier. Panser mes plaies ou les réveiller : l’amour déçu d’un marin et le naufrage d’un navire. Raconter ce voilier anachronique depuis un cargo ultra-moderne provoquera sans nul doute des remous et mettra du sel dans l’écriture.
En partenariat avec

MARFRET
MARFRET : AU COEUR DU COMMERCE MONDIAL
Fondée en 1951, la compagnie maritime MARFRET est spécialisée dans le transport international de marchandises. Déployant neuf lignes maritimes régulières sur l’axe nord/sud, elle dessert cinq grandes zones géographiques : Méditerranée, Atlantique Nord, Caraïbe, Amazonie et Pacifique Sud, avec une présence significative dans les territoires français d’Outre-mer.
MARFRET possède également des filiales dans les domaines du transport fluvial, de la manutention et de l’entreposage, offrant ainsi un service intégré et multimodal de porte à porte.
MARFRET a établi une longue tradition d’accueil d’artistes en résidence, à la fois à bord de ses navires et dans ses agences à terre. La compagnie, propriétaire de sept navires, aime se définir comme un « Ar(t)mateur ».

Musée national de la Marine
Le musée national de la Marine possède l’une des plus belles et des plus anciennes collections au monde retraçant plus de 250 ans d’aventures maritimes et navales. Établissement public administratif placé sous la tutelle du Ministère des Armées, il est implanté dans cinq villes du territoire national : à Paris au Palais de Chaillot-Trocadéro et dans les ports de Brest (au Château), Port-Louis (dans la Citadelle), Rochefort et Toulon. Il dispose également d’un centre de conservation et de ressources. Son implantation en réseau lui permet d’entretenir des liens forts avec les cultures maritimes locales et de promouvoir une politique active d’expositions et d’événements faisant de cette institution le lieu vivant de sensibilisation aux enjeux de la mer d’aujourd’hui et de demain.
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