Louisa Babari
Artiste visuelle
Mai - Juillet 2024
- Arts visuels
- New York
«Récit de fiction et dispositif multimédia, Un risque de confusion est la chronique d’une rencontre à Los Angeles et à New York. Deux villes en clair-obscur qui bouleversent la vie des protagonistes, marquée par la migration, les révolutions et les conflits.»
Née à Moscou, d’origine russe et algérienne, je suis une artiste française qui vit à Paris. Un parcours académique consacré aux Sciences Politiques, à la langue Russe et au Cinéma, j’ai débuté avec la réalisation de films expérimentaux et l’écriture de longs-métrages documentaires de fiction.
Au début des années 2000, je commence à pratiquer le collage, comme un prolongement de ma pratique cinématographique. Je réalise des photographies d’architecture, sous l’angle du portrait (bâtisses, ruines) et songe à exposer des photographies soviétiques de ma famille russe et algérienne. Dans une relation ininterrompue au cinéma, je travaille avec des œuvres sonores, l’usage du texte et de la voix, comme moyen de relecture des productions critiques. J’alimente ces créations par un répertoire d’éléments culturels empruntés librement aux idéologies, à la psychiatrie, aux révolutions architecturales, à la littérature et à la fiction. Ces points de référence me permettent de présenter et de privilégier ma propre expérience, de résister aux assignations.
Mon projet de résidence fera le lien entre mes projets artistiques en cours et une nouvelle production multimédia dédiée à l’écriture d’un récit de fiction, à la création d’une installation sonore, d’une vidéo, de photographies de dessins. Intitulé Un risque de confusion, mon projet relate la rencontre Etats-Unis de Daria, une femme d’origine russe avec Karim, un homme du Daghestan.
Louisa Babari (née à Moscou, vit à Paris) est une artiste qui travaille à l’intersection des arts visuels et sonores, de la théorie critique et de la littérature. Sa pratique explore la politique et la poétique du son, de l’image et du discours en tant que formes d’autodétermination, en relation avec les questions politiques, l’affect, les représentations collectives, les formes d’appartenance et de dissidence. En 2018, Louisa Babari obtient la bourse du Fonds Roberto Cimetta avec un programme de poésie panafricaine. Elle est lauréate de la bourse de recherche et de production Mondes Nouveaux, ministère de la Culture en 2021. En 2023, elle est lauréate du Prix AWARE pour les artistes femmes.
Mon projet prend la forme d’une chronique de terrain, à New York. Cette chronique, contribue à la création d’un récit de fiction et d’un dispositif multimédia. Un risque de confusion, relate la rencontre de Daria, une femme d’origine russe avec Karim, un homme, employé d’une société russe à Los Angeles. Dépositaire du récit à la première personne, j’évoque, dans un dialogue avec Karim, New York des années 80 et 90. L’échange invite deux parcours, deux expériences marquées par la chute de l’URSS et la migration, qui révèlent à leur tour, d’autres chroniques.
L’évocation des deux mégalopoles américaines ponctue un récit inscrit dans les années 2020 et les souvenirs des protagonistes. Le titre Un risque de confusion fait allusion à la confusion d’être dans une mégalopole à la croisée de sa propre histoire, d’une l’identité et d’un territoire. La confusion à laquelle sont soumis les personnages, pointe leur capacité à intégrer des mondes nouveaux, à se fermer aux anciens, à penser dans une autre.
Un risque de confusion narre des expériences, des rencontres et des évènements personnels, des relations sociales, professionnelles et amoureuses. Mon séjour à New York me donne la possibilité de rencontrer gens issus des communautés migratoires d’Europe, du Moyen Orient, de l’Asie, des migrations intérieures (Michigan, Arizona) et sud-américaines (Equateur, Mexique).
Le projet aborde les questions suivantes : quelle est notre façon d’appartenir à une culture ? Comment cohabiter avec la mémoire des conflits ? Comment sommes-nous traversés par la violence sociale ? Comment se déploient nos stratégies de résistance aux dominations ?
Un risque de confusion est un texte – partition qui permet de penser la création littéraire comme une suite de reprises, un enchaînement continu « d’œuvres ou de récits » multimédia où chacune s’inspire de la précédente tout en développant son originalité propre.
L’idée de mon projet est née dans la ville de Los Angeles. Les personnages principaux Daria et Karim, s’y rencontrent. Karim y est installé depuis plusieurs années. Daria est de passage et renoue avec une ville qu’elle a connue en 1990. Un risque de confusion est une chronique contemporaine urbaine qui inspire un scénario, nourri de ma propre expérience, de la rencontre de gens qui ont émigré à New York ou à Los Angeles.
New York est pour certains, une première étape de migration. Los Angeles intervient comme la suite ou la fin d’un voyage, un aboutissement, une installation définitive. C’est bien un Los Angeles et un New York hors-sol qui se dessinent. Mon projet investit deux villes en clair-obscur, deux espaces qui s’agrègent, se composent, s’éloignent. Deux villes – « entre-mondes », selon le terme d’Edward Saïd. Deux espaces en déplacement, des lieux sans retour. Les thèmes du déplacement, de la filiation tiennent une place antagoniste et complexe dans ma pratique. La ville de New York répond à mes attentes narratives, tant sa capacité à identifier l’Amérique et à en brouiller les évidences est grande. L’ambiguïté qui opère avec la distance et la proximité entre New York et Los Angeles, dissémine les chroniques personnelles. Les déplacements des protagonistes dans les quartiers de Downtown, Brighton Beach, Brooklyn ou du Queens, de Silverlake, de West Hollywood ou de Los Feliz, préfigurent un espace urbain idéalisé, propice à la venue d’un danger, d’une catastrophe naturelle, de la fin d’une relation. En ce sens, Un Risque de confusion aborde des questions que les Américains se posent eux-mêmes, dans un contexte de menaces pandémique et nucléaire, de violence sociale et politique, de crise économique.
En partenariat avec
A.I.R. Gallery
La galerie A.I.R. (Artists in Residence, Inc) est une galerie coopérative féministe, à but non lucratif, gérée par des artistes et destinée aux femmes et aux artistes non binaires. Fondée en 1972 par un groupe de vingt femmes artistes, A.I.R. offre un espace alternatif où des artistes qui se trouvent en marge du monde de l’art contemporain et du canon de l’histoire de l’art peuvent prendre des risques.
AWARE
AWARE: Archives of Women Artists, Research and Exhibitions est une association loi 1901 à but non lucratif co-fondée en 2014 par Camille Morineau, conservatrice du patrimoine et historienne de l’art spécialiste des artistes femmes. Devant la sous représentation féminine dans le monde de l’art, AWARE a pour ambition de rééquilibrer la présence des artistes femmes et de leur donner une meilleure visibilité, par la diffusion de ressources en libre accès. Ainsi, son site web bilingue français /anglais propose plus de 900 notices biographiques d’artistes femmes des XIXe et XXe siècles ainsi que des articles et entretiens élaborés par des chercheur·euse·s et commissaires du monde entier.