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Loo Hui Phang & Joseph d’Anvers

Autrice / Auteur, compositeur, interprète, écrivain
Mai 2022

My-Lan Valletoux

Delphine Ghosarossian

  • Bande dessinée
  • Musique
  • La Nouvelle-Orléans

« Changer de territoire artistique, interroger les limites, imaginer des formes, émanent directement de l’exil qui a fait bifurquer ma vie. »

Loo Hui Phang : J’aime raconter des histoires, sous toutes les formes. À travers la bande dessinée, le théâtre, le cinéma, le roman, les installations et les performances, je poursuis une réflexion sur la narration et le décloisonnement. Multipliant les collaborations (Michel Houellebecq, Rodolphe Burger, Moriarty, Bertrand Belin, Barbara Carlotti, Philippe Dupuy, Frederik Peeters, Hugues Micol…), mon parcours traverse divers champs artistiques. Il est hanté par des obsessions récurrentes : l’identité, le désir, l’étrangeté. Changer de territoire artistique, interroger les limites, imaginer des formes, émanent directement de l’exil qui a fait bifurquer ma vie. Ma pratique artistique traduit mon parcours : l’invention de fictions pour explorer des espaces inédits.

Pour cette résidence, je m’associe à Joseph d’Anvers, auteur, interprète, romancier, dont le parcours singulier est riche d’expériences radicalement différentes : avant la musique, il a été boxeur, puis chef opérateur de cinéma. Explorer d’autres espaces de création est pour lui une évidence. Ainsi, il enchaîne albums, performances musicales, cinéma, roman, scénario de bande dessinée… Notre projet s’inscrit tout naturellement dans ce désir commun d’expérimentation et de laboratoire de formes. Ensemble, nous développerons, à La Nouvelle-Orléans, un projet musical et narratif, dont les dérives effleureront le territoire de la bande dessinée.

Née au Laos en 1974, Loo Hui Phang a suivi des études de Lettres Modernes et de Cinéma en France. Elle aime raconter des histoires, sous toutes les formes. À travers la bande dessinée, le théâtre, le cinéma, le roman, les installations et les performances, elle poursuit une réflexion sur la question de la narration.

Joseph d’Anvers est un chanteur et écrivain français. Il a réalisé cinq albums, mais aussi écrit et composé pour Alain Bashung, Dick Rivers, Sylvie Vartan, Thiéfaine et bien d’autres. Il travaille avec des compagnies de théâtre ou des réalisateurs de films, et a publié deux romans (dont Juste une balle perdue, sorti en janvier 2020 aux éditions Rivages/Actes Sud) et un roman graphique.

Loo Hui Phang : Le point de départ de cette exploration est une envie musicale. Joseph et moi avons travaillé dernièrement sur un spectacle, Jellyfish, dont j’ai écrit le texte et dont il a signé la bande originale. Pour l’un des titres, je lui ai demandé de s’inspirer d’une berceuse. Joseph a créé une chanson imprégnée de l’atmosphère “Southern Gothic”, âpre et mystérieuse, portant en elle cette mythologie américaine qui nous fascine. Il me semblait que cette balade de deux minutes portait en elle un potentiel d’histoires et qu’elle pourrait se déployer sur un album.

Nous souhaitons transporter cette chanson avec nous et ouvrir cette boîte de Pandore à La Nouvelle-Orléans, la frotter à ses univers musicaux, son énergie, ses histoires, et recueillir les résultats de ces réactions chimiques.

Cette résidence est également l’occasion d’imaginer de nouveaux dispositifs narratifs, entre musique, écriture et bande dessinée. Décloisonner la bande dessinée, la sortir de son cadre habituel – la page – pour lui proposer d’autres formes à travers la musique. Joseph et moi ne sommes pas dessinateurs, mais nous sommes des artistes visuels. Avant de se consacrer pleinement à la musique, Joseph a étudié à la Femis. De mon côté, j’ai aussi étudié le cinéma, réalisé des films et je pratique la photographie. Nous sommes donc intimement liés à l’écriture mais aussi à l’image. Comment générer du dessin ou l’idée du dessin par la musique, les mots, la narration et nos pratiques de l’image ? Peut-on, à la manière du vaudou, convoquer nos imaginaires et nos énergies pour créer une nouvelle forme d’incarnation, et ainsi donner vie à l’invisible et à l’impalpable ?

Loo Hui Phang : La Nouvelle-Orléans est un réservoir de mythes où s’entrechoquent des épisodes fondateurs de l’Histoire américaine : celle de l’esclavage et de la conquête de la liberté, de la musique née de ces évènements, des fantômes témoins de ce passé aventureux.

Joseph d’Anvers et moi avons arpenté certaines régions des États-Unis, mais jamais visité La Nouvelle-Orléans. De là où nous la contemplons, elle nous évoque un pan singulier de la mythologie américaine : les visions cinématographiques (Jim Jarmush, Jeff Nichols, Elia Kazan, Joseph L. Mankiewicz, Alan Parker…), l’énergie musicale (jazz, blues, folk, cajun…), les strates de langues et de langages, la littérature (Faulkner, Mark Twain, Truman Capote, Scott Fitzgerald, Tennessee Williams…), l’aura du surnaturel et les légendes du vaudou.

En tant qu’auteurs, nous sommes très sensibles à cette richesse, à l’intensité de ces récits, et à l’énergie particulière qui émane de ce lieu. Mon histoire familiale, nourrie de divers territoires (Chine, Laos, Cambodge, Vietnam, Europe), de déplacements et de confrontations à l’Histoire, trouve des résonances avec celle de La Nouvelle-Orléans. Confronter nos fictions à celles de cette ville inconnue mais qui a nourri nos imaginaires, et laisser les formes artistiques trouver leurs incarnations seront l’objet de notre résidence.

En partenariat avec

Cité internationale de la bande dessinée et de l’image

La Cité internationale de la bande dessinée et de l’image est un établissement public unique consacré au rayonnement du 7ème art en France et à l’international. Situé à Angoulême, il réunit notamment un musée dédié à la bande dessinée, une bibliothèque patrimoniale, une bibliothèque de lecture publique, une librairie de référence, une résidence internationale d’auteurs et un cinéma d’art et essai.

 

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