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Léonard Martin

Artiste plasticien
February-March 2025

  • Arts visuels
  • La Nouvelle-Orléans

« J’espère petit à petit esquisser un récit qui emprunte au personnage d’Arlequin la métaphore de son errance. Notre monde a l’aspect de son costume lacunaire et composite, nous ne pouvons que rapiécer ce qui a été détruit et trouver la force de s’unir malgré les crimes du passé et ceux en cours. »

À travers une pratique artistique multidisciplinaire, je m’attache à construire des ponts entre une culture supposée savante et des formes d’expression populaire. J’emprunte mes thèmes dans un répertoire historique, littéraire ou cinématographique, à la recherche d’un rapprochement ou d’un déplacement possible, d’une époque et d’un langage à l’autre. Ainsi ce désir m’a poussé à déchiffrer l’écriture de James Joyce sous la forme d’une sculpture mécanique de fête foraine, à reconnaître dans les cavaliers du peintre Paolo Uccello des figures de carnaval inspirées des Géants du Nord, à imaginer en peinture une scène manquante d’un film de Michelangelo Antonioni. 

C’est avec les moyens du bricoleur (celui qui récupère ce qu’il trouve) et le regard de l’enfant (celui qui ne parle pas encore) que je tente d’approcher notre monde fragilisé et l’irréparable aventure humaine. 

Léonard Martin a rejoint la galerie TEMPLON en janvier 2024 avec une exposition personnelle d’œuvres inédites, le fruit d’un dialogue entre peinture et cinéma engagé lors de sa résidence à la Villa Médicis en 2019. Après un parcours qui l’a mené des Beaux-Arts de Paris au Fresnoy – Studio national, Léonard Martin poursuit une œuvre engagée dans plusieurs disciplines. En 2021, il a conçu « K minuscule » en binôme avec l’artiste et amie Elvire Caillon, une performance inspirée par l’écriture de Franz Kafka pour la scène de Nanterre – Amandiers et du Théâtre de la Cité Internationale. En 2019, ses sculptures mobiles ont défilé dans les rues de Florence et à Paris pour la Nuit Blanche. Il a exposé notamment à l’abbaye de Fontevraud, au Palais de Tokyo, à la Villa Emerige et participé à la biennale de Gwangju (Corée) et à la biennale de Lyon. Son travail a été récompensé par de nombreux prix (Audi talents, Dauphine, ADAGP) et acquis par plusieurs collections (Fond d’art contemporain de la Ville de Paris, Société Générale, etc). En 2025, il exposera au Muba à Tourcoing et à la galerie TEMPLON à Paris.

« Erased Harlequin » est né d’un désir d’assister aux festivités du Carnaval et du Mardi Gras à la Nouvelle-Orléans. 

Je souhaite réunir un fonds documentaire composé d’archives, de récits, de témoignages vivants, qui reflète l’histoire du Carnaval et anticipe l’époque à venir dans ses enjeux sociaux et environnementaux. J’aimerais profiter de ce séjour pour réaliser des croquis d’observations, des rencontres, des notes de voyages, des photographies, qui formeront la matière première d’une exposition de retour. 

J’espère petit à petit esquisser un récit qui emprunte au personnage d’Arlequin la métaphore de son errance. Notre monde a l’aspect de son costume lacunaire et composite, nous ne pouvons que rapiécer ce qui a été détruit et trouver la force de s’unir malgré les crimes du passé et ceux en cours. 

Qu’est-ce que le Carnaval révèle ou occulte de nos liens historiques ? Quel futur commun et désirable le Carnaval peut-il imaginer ?

La Nouvelle-Orléans, par la richesse de son métissage culturel, son histoire, et sa situation géographique, porte en elle à la fois la blessure du passé et la promesse du temps qui vient. Le Carnaval de la ville (un des plus grands et des plus célèbres) trouve encore la force de se dérouler après l’ouragan Katrina, après le Covid, après des décennies de ségrégations raciales. 

L’extraction du pétrole a suivi l’exploitation humaine des plantations. Cet âge industriel ne masque plus son coût écologique et humain : les perles qui servaient autrefois de monnaie de change dans la société esclavagiste, et qui sont aujourd’hui distribuées pendant le Carnaval, ont été produites à l’autre bout de la planète et laissent dans les eaux de la ville des traces de métaux lourds. L’industrie pétrochimique est à l’origine du surnom de la région « Cancer Alley ». 

Les destins des différentes communautés sont liés douloureusement face à l’histoire passée et à venir. Le Carnaval semble être un temps suspendu entre injustices du passé et menaces annoncées. 

Fidèle à l’esprit carnavalesque, j’aimerais évoquer l’envers, la partie cachée ou occultée de la fête, sans perdre cette joie subversive et ce cri de résistance populaire qui en est le cœur vibrant. Je voudrais assister aux festivités de Mardi Gras, rencontrer des membres de différentes communautés (krewes, marching band, Black Indians), visiter des lieux consacrés à la culture populaire et à l’histoire du Carnaval (The Presbytère, The Historic New Orleans Collection), échanger avec des chercheur.e.s de Tulane University, et visiter la Louisiane à la découverte de ses multiples cultures (créoles, cajuns, caribéennes, américaines).

En partenariat avec

TEMPLON

Pionnière de l’art contemporain à Paris, la galerie TEMPLON a joué un rôle fondamental dans l’ouverture de la scène française à la création internationale. Avec plus de cinq cents expositions et près de trois cents artistes, son histoire se confond avec un demi-siècle d’art contemporain.
Présente à Paris et à Bruxelles, la galerie TEMPLON a inauguré en 2022 son nouvel espace new yorkais.

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