Laurel Parker

Je suis née à la Nouvelle-Orléans. Comme tous les enfants qui ont grandi dans cette belle ville, le Carnaval était un événement annuel très important dans mon enfance : le spectacle, les lumières, les costumes, la musique, et les « throws ». Dans les années 1960, des coûteux colliers de perles de verre ont été remplacés par des perles en plastique de résine synthétique, beaucoup moins chères, produites en Asie, ouvrant les vannes à une surabondance de cadeaux en plastique jetés par millions aux foules. Cela est devenu une catastrophe environnementale bien documentée, produisant 1 500 tonnes de déchets plastiques chaque année et coûtant à la ville plus d’un million de dollars en frais de nettoyage par an. Les colliers de plastique ne sont pas biodégradables, ne peuvent être réparées ou recyclées. De plus, la pollution créée par la production, l’expédition et la destruction de ces billes de plastique n’est pas durable.

Le papier a également une riche tradition dans la culture de la Nouvelle-Orléans en tant que matériau utilisé pour créer des chars et des cadeaux pour les festivals. Les chars du Carnaval sont fabriqués localement à la main depuis le XIXe siècle selon la technique du papier mâché. Les fleurs en papier sont offertes lors de deux fêtes ethniques et religieuses annuelles en mars : le défilé de la Saint-Patrick/jour irlandais et les autels et défilés de Saint-Joseph/jour italien. Lors des deux festivals, des fleurs en papier confectionnées par les manifestants et leurs familles sont offertes aux enfants et aux adultes le long du parcours du défilé. Ces fleurs sont réalisées en papier de soie selon les techniques de l’origami.

Dans le but de contribuer à réduire les déchets plastiques générés par le Carnaval de La Nouvelle-Orléans, je souhaite collaborer avec des groupes de jeunes locaux pour trouver de nouvelles solutions de design intégrant l’histoire locale, les artisans locaux et privilégiant les matériaux recyclés. En créant de nouvelles traditions de cadeaux inspirées de l’histoire locale, j’espère encourager cette jeune génération à envisager différemment le design, la fabrication et la gestion des déchets durables.

Le carnaval est un moment de célébration collective, avec un spectacle public de musique, de danse, de costumes et de cadeaux. Il paraît étrange que cette tradition, née de rituels religieux, représente aujourd’hui un désastre écologique et implique des ateliers de misère. Qu’est-ce que cela signifie pour le monde de la ville ? Qu’est-ce que cela signifie pour les enfants d’une ville avec une si lourde histoire de travail forcé et de pauvreté ? Avant que Mardi Gras ne soit commercialisé comme une destination touristique, c’était une fête par et pour la population locale. Comment les habitants de La Nouvelle-Orléans souhaitent-ils célébrer aujourd’hui, et avec quelles conséquences ? Je m’inspirerai des traditions anciennes et nouvelles en fouillant dans les archives locales, comme la Historic New Orleans Collection (HNOC), et en visitant les krewes du carnaval local, anciennes et nouvelles. Qu’achètent ou fabriquent-elles ? Souhaitent-elles collaborer avec des écoles ou des artisans locaux ? Des programmes comme le 1 % artistique (pourcentage pour l’art en France) pourraient-ils nous inspirer pour trouver des solutions progressives à ces problèmes écologiques et socio-économiques ?