Lasseindra Ninja
Danseuse et chorégraphe
Avril-mai 2025
- Arts de la scène
- Atlanta
- New York
« Je souhaite interroger le rôle du Ballroom en tant qu’espace d’émancipation et de spiritualité, particulièrement pour les femmes transgenres noires exclues par leur famille et la société. »
Formée dans des écoles de danse de renom, j’ai débuté sur la scène Ballroom sous le nom de Lasseindra. Mon parcours international m’a permis d’introduire et de développer la culture Ballroom à Paris, faisant de moi une pionnière de ce mouvement en Europe. Mon travail artistique, mon engagement auprès des communautés Ballroom en France et aux États-Unis, ainsi que ma vision théorique m’ont valu des collaborations avec des institutions prestigieuses telles que le Golden Stage (La Villette), l’Opéra Garnier, le Ballet National de Marseille et le Théâtre National de Chaillot. Parallèlement, mes recherches sur la culture queer et l’identité noire ont été enrichies par des résidences à la Cité Internationale des Arts en 2021 et à la Villa Médicis en 2023.
Je remarque qu’en Europe, peu de personnes noires s’identifient à des modèles dans leur pays, mais qu’elles se tournent plutôt vers des références américaines. Pourtant, bon nombre de ces icônes culturelles africaines-américaines descendent elles-mêmes d’échanges transatlantiques, douloureux mais historiques. L’objectif de ma recherche est d’explorer la généalogie historique de la culture noire à travers une sélection d’icônes et de figures publiques, dont les parcours mettent en lumière l’histoire du racisme anti-noir, et remontent aux racines du colonialisme et de l’esclavage, en passant par le colorisme contemporain et la violence institutionnelle.
La culture Ballroom explore souvent des sujets en marge de la légalité, comme l’identité de genre, le travail du sexe, les prises de risque sexuelles et de santé, par exemple autour du chemsex et du VIH, et les questions cruciales de consentement et d’abus. Par mon projet de résidence, je souhaite interroger la notion de « fair-play » et de justice au sein de la scène Ballroom. En collectant des récits et expériences personnelles, j’approfondirai ma compréhension de la culture Ballroom, dans ses manières de surmonter les défis individuels et de les transformer en enjeux collectifs à travers ses rituels et performances.
Je souhaite interroger son rôle d’espace d’émancipation et de spiritualité, particulièrement pour les femmes transgenres noires exclues par leur famille et la société. Le projet chorégraphique qui résultera de ma résidence revisitera ainsi les racines spirituelles et africaines-américaines de cette culture, qui intègre le voguing et le gospel.
Les spécificités des Ballrooms de chaque pays reflètent les politiques gouvernementales à l’œuvre. Chacune révèle, à travers son traitement des questions de genre et d’orientation sexuelle, la violence à laquelle ces communautés font face. Dans cette optique, je souhaite étudier comment la scène Ballroom américaine contemporaine répond aux débats actuels sur le genre et la sexualité.
Je mènerai ma résidence à New York et à Atlanta.
New York est le berceau de la culture Ballroom, une scène que j’ai découverte à l’adolescence en m’intégrant dans la culture des clubs gays et transféminins. Cette ville est pour moi un point de référence essentiel, car c’est là que j’ai appris mes premiers mouvements de voguing. Durant ma résidence, je souhaite rencontrer des pionniers comme Sinia Braxton et Luna Luiz Ortiz, ainsi qu’étudier l’héritage de figures emblématiques comme Hector Xtravaganza et Vjuan Allure.
Atlanta, quant à elle, représente un nouveau foyer de la culture Ballroom, qui prend une ampleur croissante. C’est là que cette scène s’est renouvelée après un déclin à New York, et je veux mieux comprendre les raisons de cette émergence. En collaboration avec des figures locales comme Andre Mizrahi, je veux explorer les dynamiques spécifiques qui ont permis à la scène d’Atlanta de s’épanouir.
En partenariat avec
CCN National de Marseille