Mon projet pour la Villa Albertine est une recherche créative, culminant dans une performance, qui s’attache à la redécouverte de la musique médiévale à travers la figure fascinante d’Yvette Guilbert, chanteuse de café-concerts, actrice et conteuse parisienne, entre la Belle Époque parisienne et le New York de l’après Gilded Age. Sa personnalité transcende les frontières entre l’atmosphère élégante des salons parisiens raffinés et celle, plus populaire, des cafés-concerts du début du XXᵉ siècle, aux côtés de poètes et musiciens inspirés par les mondes médiéval et ancien.
La période de sa vie la plus pertinente pour mon projet se situe entre 1915 et 1922, lorsqu’elle vécut aux États-Unis, principalement à New York : elle y commença comme artiste de music-hall avant de devenir une figure reconnue, engagée dans la renaissance de la musique médiévale française.
En 1919, elle fonda à New York une école de musique et de théâtre pour jeunes femmes. En collaboration avec le musicologue français Jean Beck, elle interpréta des chansons de troubadours et de trouvères médiévaux, accompagnée au piano, au Carnegie Hall et lors de tournées internationales. En 1922, elle emmena ses élèves de New York à Paris, où elles donnèrent à la Salle Gaveau de « remarquables reconstitutions gothiques ».
Mon intention n’est pas de réaliser une reconstitution historique de l’art d’Yvette Guilbert. À travers mon travail à New York, mon objectif est de proposer une nouvelle vision de l’interprétation de la musique médiévale à travers le prisme de l’intersection, au début du XXᵉ siècle, entre musicologie et cabaret, et de m’inspirer de ces artistes de la Belle Époque qui ont osé jouer avec le passé de manière si délicieuse et libératrice. Par ma recherche et ma création, j’aimerais redonner vie à ces récits sacrés, érotiques et pleins d’humour, dans un monde où chanter, parler et jouer sont les facettes indissociables d’une même voix humaine.