Julian Babou & Sonny Troupé
Musiciens
Février- Mars 2024
- Musique
- La Nouvelle-Orléans
- Miami
« Dans l’imaginaire collectif du musicien européen, les États-Unis représentent le lieu de tous les possibles, de l’expérimentation aux rencontres, de la convergence à l’éclatement total artistique ! »
Nous sommes deux artistes créoles qui avons à cœur de perpétuer et développer les musiques issues des territoires auxquels nous appartenons. Respectivement guadeloupéen et réunionnais, l’histoire de nos musiques puise son essence dans la colonisation et l’esclavage.
Nous avons néanmoins développé une vision artistique bien au-delà de la seule spécificité locale, au travers du funk, du hip-hop, du jazz et autres musiques improvisées, en y insufflant notre sensibilité, notre vocabulaire, notre singularité.
Depuis quelques décennies, nous partageons la scène avec de nombreux artistes et sillonnons les routes comme les studios. Dans la plupart des cas, lorsque l’on fait appel à nous, on le fait pour justement apporter une note caractéristique dans la création.
Nous sommes aussi très impliqués dans la pédagogie et la médiation culturelle, pour lesquels nous intervenons dans divers cadres et auprès de publics variés (enfants, public carcéral, public en situation de handicap, entre autres…)
Nous avons très tôt pris conscience de l’importance de placer au premier rang les musiques de nos régions, dont les couleurs et les rythmes, à la fois issus des musiques de danse européenne et des tambours d’Afrique, possèdent des particularités, tant dans le fond que la forme, qu’il nous apparaît essentiel de véhiculer.
En effet, les musiques urbaines et électroniques actuelles puisent leur source dans les musiques traditionnelles et les musiques improvisées. Nous sommes férus de ces différents genres musicaux, et les intégrons à nos créations, lorsque nous ne créons pas de répertoires hybrides. Nous souhaitons aussi diffuser l’idée que nos musiques se nourrissent, dès leur écriture, de la rencontre et du voyage.
Sonny Troupé est diplômé de l’école de batterie Dante Agostini. Il a quatre albums à son actif et compte de nombreuses participations à des tournées et enregistrements (Christian Laviso, Jacques Schwartz-Bart, Lisa Simone, Kenny Garrett, Yosuke Onuma…) Il enseigne et anime de nombreuses masterclasses.
Julian Babou enseigne à l’Ecole Music-Halle à Toulouse. Il a créé à Tournefeuille un orchestre de musique réunionnaise avec de jeunes handicapés et participe également à un opéra créole. Il est musicien pour RFO (Tv) et enregistre avec Françoise Guimbert, Magyd Cherfi ou encore Francis Lassus.
Dans le cadre d’une résidence à la Villa Albertine, nous souhaitons vivre au contact d’artistes et de populations issus de l’émigration, ou ayant vécu et développé leur art, leur mode de vie suite à un déplacement géographique, afin d’en comprendre les enjeux, les mécanismes et les apports. Comment la musique a-t-elle changé ? Comment fait-on traverser sa manière de vivre au-delà des mers ?
Il y a une quinzaine d’années, nous avions un trio de musique instrumentale « afro-jazz-funk », La Face Cachée des Sous-Bois, dans lequel nous distillions nos influences et nos idées, en les mélangeant, les interprétant et les réadaptant. Il nous est apparu que les musiques imaginées au départ dans nos esprits, au contact de nos collègues, prenaient parfois un chemin inattendu. Ce modus operandi, nourrissant des voies nouvelles, s’est affirmé comme la colonne vertébrale de nos différents projets.
Nous souhaitons également aborder et comprendre quels sont les enjeux actuels des populations issues de la créolité, dans l’essor des mouvements culturels actuels. Pour ce faire, nous souhaitons rencontrer, écouter des artistes, producteurs, visiter les lieux de diffusion, échanger quelques notes…en somme, nous imprégner d’autres manières de faire.
Le sujet est de tâcher d’apporter des éléments de réponse à la question : comment développe-t-on sa culture en dehors de son territoire, et quel futur pour les musiques créoles ?
Dans l’imaginaire collectif du musicien européen, les États-Unis, représentent le lieu de tous les possibles, de l’expérimentation aux rencontres, de la convergence à l’éclatement total artistique ! Berceau du jazz (des jazz ?) et du hip-hop, ils sont aussi un incroyable vivier d’artistes dont les noms résonnent partout sur la planète.
Nul doute que tout au long de notre parcours, de nombreuses sonorités venues d’outre-Atlantique ont émaillé nos parcours ! L’idée est de venir jouer nos musiques et de les confronter. Très souvent, il a fallu attendre que celles-ci daignent traverser la mer afin de les rencontrer, or, Miami est aujourd’hui le carrefour incontournable des musiques du monde. Jazz, reggaeton, musiques latines, hip-hop ou électronique, la convergence des populations venant de l’Amérique du Sud ou de la Caraïbe crée une dynamique inégalée dans la représentation et la fusion des genres. En ce sens, venir à Miami est pour nous une évidence, puisqu’il s’agit de l’axe vers lequel nous souhaitons faire évoluer nos musiques !
Dans ce cadre riche et foisonnant culturellement, l’immersion dans le milieu artistique et plus particulièrement musical semble propice aux rencontres et aux recherches, au travers des innombrables clubs de musique, de concerts, voire de studios d’enregistrement, où il serait possible d’assister à une ou des séances, être ainsi au cœur de l’écosystème des musiciens de Miami. Il pourrait être enrichissant également de participer à une répétition, afin de comprendre les liens qui unissent les artistes sur la création de projets.
En partenariat avec
Convivencia
L’association Convivencia défend un projet culturel de territoire dont le tempo est donné par les musiques du monde et l’itinérance fluviale. Son leitmotiv est de favoriser la rencontre, la découverte avec l’Autre et de lutter contre les préjugés par la musique et la fête. En prenant racine dans des traditions souvent populaires et en se nourrissant des rythmes, styles et répertoires actuels, ells favorise le lien social interculturel et intergénérationnel. Convivencia navigue à contre-courant des logiques événementielles grand public qui font la plupart du temps, la part belle aux artistes « mainstream » ; elle s’attache à défendre des projets peu médiatisés qui résistent au formatage et à l’uniformisation du secteur musical.